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Julien Pemezec, Woodeum : « L'immobilier bas carbone a du sens car le calendrier climatique ne peut pas attendre »

Pour Julien Pemezec, l'agenda normatif mais surtout l'agenda climatique expliquent l'intérêt pour l'immobilier bas carbone.

Tags : Immobilier neuf, écohabitat, bas carbone, Sibca, Woodeum, Altarea


Directeur général de Woodeum, marque du groupe Altarea, Julien Pemezec nous dévoile, en marge du Salon Sibca, sa vision de l'immobilier bas carbone et l'impact croissant de la conscience environnementale sur le secteur. Pionnier depuis 10 ans dans cette démarche, il évoque également les défis et opportunités que représentent les nouvelles normes écologiques et le projet de fusion avec Pitch Immo, au sein du groupe Altarea.



- En tant que directeur général de Woodeum, une entreprise qui se démarque dans l'immobilier bas carbone. Comment se sent-on dans cette industrie en pleine ébullition au cœur de ce salon Sibca  ?

 

« Quand on est spécialisé dans le domaine de l'immobilier bas carbone, on se sent en effet un peu comme un poisson dans l'eau à l’occasion de cette deuxième édition du Sibca, salon qui a beaucoup de succès et enregistre une affluence record, ce qui démontre l'essor considérable du bas carbone au sein de ce secteur. Je n’en suis pas étonné car en une année, il y a eu une prise de conscience accrue de l'urgence climatique et de la nécessité de réduire l'empreinte carbone dans l'immobilier. Les événements climatiques extrêmes de cet été ont encore renforcé cette urgence, et, chez Woodeum, nous nous sentons pleinement engagés dans cette démarche. Nous sommes sur cette voie depuis maintenant 10 ans, ce qui fait de nous des pionniers dans le domaine.

 

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Notre projet de fusion avec Pitch Immo, au sein du groupe Altarea, vise à étendre encore davantage notre empreinte et à enrichir notre expertise, notre savoir-faire, à l'échelle nationale. La prise de conscience est partagée par tous les acteurs et surtout il y a un agenda normatif qui s’impose à tous avec une réglementation environnementale de plus en plus contraignante au fil des seuils déjà fixés : 2025, 2028, 2031. Cette RE 2020 va jouer sur trois critères : isolation thermique, confort d'été, réduction de l'empreinte carbone et ces trois critères vont devenir de plus en plus exigeants par palier de trois années. Ce qui est une excellente nouvelle pour nous, c’est que nous avons déjà pris de l'avance, avec plus de 6 000 logements livrés ou engagés dans cette approche bas carbone, tous labellisés bâtiment bas carbone, BBCA. Cela signifie que nous sommes en phase avec les nouvelles normes. La RE 2020 va d'ailleurs dans le sens de nos convictions et nous envisageons même de viser les critères de 2028 voire 2031 pour nos futures opérations. Nous en avons déjà livré et nous allons pouvoir nous appuyer sur ces expériences d’opérations réussies pour les déployer dans la France entière. Cela confirme que nous sommes dans la bonne direction. »

 

- Face à la crise traversée par le logement neuf, est-ce qu’il ne serait pas facile de freiner le déploiement de cette offre très bas carbone, puisque vous produisez déjà en RE 2020, RE 2025 ?

 

« Notre conviction, c’est que cela répond également à une demande. Nous le faisons, parce que c’est nécessaire. Cela a du sens et le calendrier climatique ne peut pas attendre. D’autant plus que les avantages de notre immobilier bas carbone en bois sont multiples : des bâtiments et des logements de grande qualité, dans lesquels les occupants se sentiront bien, au contact du bois, des économies d'énergie significatives, avec des factures énergétiques divisées par 5, et une valorisation immobilière certaine. 
En effet, un logement bas carbone aujourd’hui, c’est un logement pour lequel on peut garantir une étiquette énergétique, un DPE, A ou B. Cela a une valeur en comparaison de l’immobilier ancien et de la problématique des passoires énergétiques. Acheter maintenant un logement neuf, c’est entrer dans un logement qui sera en avance sur les normes et dans lequel l’acquéreur n’aura pas de contrainte de réinvestissement pour le mettre à niveau. De plus, l'accès au crédit va devenir de plus en plus discriminant pour les projets qui ne respectent pas des normes énergétiques ambitieuses. C'est un cercle vertueux et c’est ce qui nous fait dire qu’on est sur le bon chemin. »

 

- En cette période de crise de la demande, proposer de l'immobilier bas carbone fait gagner des points, malgré le surcoût à l’achat ?

 

Rénover, surélever grâce au bois..., voilà quelques-uns des nouveaux principes de l'immobilier durable. © Nymphéa / Pantin / Woodeum
« Il y a une première étape, c’est déjà la capacité à réaliser une opération, c’est-à-dire une décision qui est dans les mains des élus et les aménageurs de manière plus large. Aujourd'hui, il est difficile pour une ville de construire et les villes ont donc besoin de nouveaux arguments pour accompagner des projets. La portée écologique est un argument très fort. Deuxième argument, la réduction des nuisances de chantier. Dans cette approche bas carbone, nous proposons des matériaux qui permettent de réduire l'impact des chantiers afin qu’il n’y ait pas d'opposition des riverains, qui ne veulent pas subir des nuisances pendant 24 mois. 
Pour les occupants, il y a ce raisonnement d'économie globale à terme : je vais peut-être payer un petit peu plus cher mon logement, mais je ferai des économies de charges et cela va s'équilibrer sur le long terme. Quoi qu’il en soit, nos prix n’ont jamais été décorrélés du marché. Nous sommes convaincus que cette tendance va se renforcer et contribuer à notre succès mais aussi à une transition plus écologique de notre secteur. »

 

- Pour conclure, peut-on citer les opérations symboliques de votre savoir-faire bas carbone en commercialisation actuellement ? 

 

« Il y a le programme neuf Nymphéa à Pantin que j’apprécie beaucoup car c’est la reconversion d'une ancienne zone tertiaire, qui était à l'abandon et que nous convertissons en une opération de logements neufs signés par l’architecte François Leclercq, le long du canal de l’Ourcq. C’est très bien placé avec de beaux logements posés en surélévation d'une zone tertiaire qui a été pour partie conservée et restructurée.

Autre opération emblématique à Cergy, un des récents projets remportés. Nous allons travailler sur la patinoire de Cergy-Pontoise, dont nous allons garder la coque existante pour faire un grand tiers-lieu dédié à l'artisanat bas carbone, sur lequel nous allons poser une centaine de logements en structure bois, en surélévation de cet équipement restructuré, tout en rénovant un immeuble de bureau. L’intérêt de cette opération est qu'il y a quelques années, on aurait tout démoli pour repartir d’un terrain nu, alors que, désormais, nous ne travaillons plus ainsi, on observe l'existant, on regarde ce qu'on peut garder, on s'appuie sur l'histoire de ce qu'il y avait avant pour créer une nouvelle histoire en combinant la rénovation et la construction neuve bas carbone et cela en fait des projets absolument passionnants. »