Vers une panne sèche pour l'immobilier neuf en France ?

Rien ne semble vouloir arrêter le recul du marché du neuf en France. Les chiffres présentés par la Fédération des Promoteurs Immobiliers sont du jamais vu depuis 10 ans et la création de son observatoire de l’immobilier neuf.
Des mises en vente divisées par deux depuis 2018, des ventes en recul de 20 % en un an, une offre de logements disponibles qui ne représente plus que 7,7 mois de stock… les chiffres publiés par la FPI, principale instance représentant les promoteurs immobiliers, sont plus qu’inquiétants au terme de ce premier trimestre 2022.
Pour Pascal Boulanger, président de la FPI France : « Deux ans après les élections municipales, les logements collectifs n’obtiennent toujours pas de permis de construire en nombre suffisant pour répondre aux besoins des ménages. De ce fait, la faiblesse, toujours plus criante de l’offre commerciale conduit toute une filière vers une crise majeure. C’est d’autant plus regrettable qu’aucun responsable politique ne peut mettre en doute l’aggiornamento écologique effectué par la profession, qui se traduit dans nos réalisations ».
Nouvelle chute pour l’immobilier neuf en France
Alors que les chiffres de la fondation Abbé Pierre montre chaque année les difficultés des Français à se loger, que l’accès au logement tant en termes de prix que d’offre est de plus en plus contraint, c’est un nouveau cri d’alarme que lancent les promoteurs immobiliers face aux plus mauvais chiffres enregistrés par leur observatoire créé en 2012.
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Nouveau recul des ventes de logements neufs
Dans le détail, la FPI rapporte qu’au premier trimestre 2022, les ventes totales de logements neufs, comparées à celles de la même période en 2021, chutent de 20,2 %. Avec 29 628 logement neufs réservés en trois mois, c’est même moins qu’au premier trimestre 2020, marqué par le premier confinement.
Sans exception, tous les types de ventes baissent ce trimestre : - 15,1 % des ventes aux particuliers, - 31,4 % des ventes en bloc. Le décrochage par rapport aux années antérieures se concrétise, la FPI considérant 2021 comme un rattrapage artificiel dû à l’effet covid.
Hors 2021, il faut remonter au troisième trimestre 2015, pour trouver un niveau plus bas de ventes aux particuliers. Les ventes aux propriétaires occupants se montrent un peu plus « résilientes » dans ce contexte de baisse globale. Elles reculent de 8,3 % et représentent désormais presque 3 achats sur 5, quand les ventes aux investisseurs diminuent de 23,6 %. Moins de 10 000 logements ont été vendus pour de l’investissement locatif ce trimestre. « Le soudain assombrissement du contexte géo-économique renforce les incertitudes de l’ensemble des investisseurs », analyse la FPI.
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Nouvelle plongée des mises en vente
Dans le même temps, conséquence des refus de permis de construire toujours plus nombreux et de la hausse des coûts de construction qui impacte l’équilibre financier des opérations, le nombre de logements neufs mis en vente chute de 30,5 % par rapport au premier trimestre 2021.
Résultat : l’offre commerciale poursuit sa baisse dramatique entamée fin 2018. Le stock de logements neufs à la vente a diminué d’un tiers depuis 2018 et ne représente plus que 7,7 mois de commercialisation, loin de l’idéal de 12 mois. C’est le niveau le plus bas depuis la création de l’Observatoire en 2012. Cela se traduit dans des stocks au plus bas dans certaines grandes agglomérations : 5,4 mois de stock à Brest, 6,2 mois à Orléans, 6,4 mois à La Rochelle, 7,2 mois à Aix-Marseille…
Cela se traduit par une pression haussière sur les prix de vente des logements neufs, notamment en régions : + 5,8 % à 4 524 €/m², contre + 3,4 % en Ile-de-France à 5 573 €/m².
A fin mars, sur un appartement neuf de trois-pièces, d’environ 65 m², la hausse pour un ménage dépasse les 220 €/m². Une augmentation des prix qui se cumule avec les difficultés d’accès au crédit immobilier de plus en plus fortes, notamment pour les accédants à la propriété, quand les investisseurs particuliers sont dans l’attente et les institutionnels en retrait. La profession ne parle donc plus de trou d’air mais d’un sérieux et réel décrochage que l’absence d’un ministre du Logement de plein exercice ne risque pas de rassurer.

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