Covid : la maison neuve tire-t-elle son épingle du jeu ?

Avec le confinement, les envies de maisons se seraient décuplées ; mais qu’en est-il vraiment pour le marché de la maison neuve en diffus comme en lotissement ? Eléments de réponses avec le bilan chiffré du Pôle Habitat FFB.
Peut-on dire que la maison neuve résiste ? Alors que les ventes d’appartements neufs aux particuliers reculent de 24,2 %, on pourrait croire que la maison neuve en diffus résiste mieux avec un revers de « seulement » 8,5 % en 2020. De plus, l’attrait pour la maison se serait envolé avec les confinements ; mais l’avenir reste incertain pour la construction de maisons.
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Moins de 115 000 maisons neuves en 2020
D’après les chiffres du Pôle Habitat FFB, « la maison neuve en secteur diffus dévisse » en 2020. Après s’est redressé de 5,1 % en 2019 grâce aux excellentes conditions du crédit immobilier, qui avaient permis de solvabiliser un grand nombre de ménages modestes, le marché de la maison neuve en secteur diffus a donc de nouveau dévissé de 8,5 % en 2020.
L’année dernière a bien sûr été marquée par la crise de la Covid-19, deux confinements et leurs conséquences sur les ménages : incertitudes sur l’avenir et baisse du moral des ménages, mais aussi par un durcissement des conditions d’octroi des prêts immobiliers induit notamment par les recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière, HCSF. Recommandations qui ont imposé un taux d’effort maximum de 33 % et sur une durée de 25 ans maximum, mettant à mal la solvabilisation des ménages les plus modestes, clientèle cible de la maison individuelle en diffus.
Un contexte compliqué donc pour la maison neuve qui affiche pour 2020 seulement 114 900 ventes, niveau bien en-deçà de la moyenne annuelle de long terme à 125 050 unités. Il s’agit du coup du quatrième plus mauvais exercice de ces quinze dernières années, même si, selon Pôle Habitat FFB, « la demande ne faiblit pas avec un appétit toujours confirmé des Français pour cette forme d’habitat ».
La maison neuve a su rebondir en 2020
Durant le premier confinement, là encore, la demande a lourdement dévissé : - 43,2 % par rapport au niveau de 2019, puis le rebond s’est produit : + 68,2 % en mai, puis de 50,3 % en juin, grâce notamment à la réalisation de nombreux projets mis en sommeil.
Un rattrapage qui s’est prolongé au troisième trimestre : + 8 % avec notamment un mois d’aout 2020 « exceptionnel ». Même le dernier trimestre 2020 affiche de bons résultats : + 2,2 % en comparaison de fin 2019. « En dépit de l’épuisement du phénomène de rattrapage constaté au troisième trimestre 2020, de l’instauration d’un second confinement et d’un nouveau resserrement du crédit, l’activité semble avoir profité d’un effet d’anticipation des ménages pour la concrétisation de leurs projets de construction », analyse Pôle Habitat FFB.
Des régions, moteur pour la maison neuve
Si la contraction des ventes annuelles à l’échelle nationale s’est concrétisée sur la quasi-totalité des régions, deux régions parviennent à être en croissance sur l’exercice 2020 : le traditionnel marché de la maison neuve en Bretagne : + 0,8 % et la Normandie : + 2,5 %.
Ailleurs, la moitié des régions affichent un recul des ventes supérieur à 10 % comme en PACA-Corse : - 15,6 %, en Auvergne-Rhône-Alpes : - 13,4 %, Centre-Val de Loire - 11,6 %, Nouvelle Aquitaine : - 11 %, Hauts-de-France : - 10,9 % et Pays de la Loire : - 10,5 %. Quatre régions résistent mieux : Occitanie : - 8,6 %, Grand Est : - 6,6 %, Bourgogne-Franche-Comté : - 5,4 % et Île-de-France : - 3,7 %.
La part de marché des constructeurs de maisons progresse

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Deux-tiers des maisons neuves réalisées par un constructeur
La part de marché des constructeurs de maisons individuelles dans le secteur diffus continue de progresser à 65 %, contre 64 % en 2018 et 59 % en 2010. Au moment où la profession vient de célébrer les 30 ans de la loi de 1990 sur le CCMI, « cette évolution positive témoigne de l’attractivité que constitue pour les ménages le cadre très sécurisé et très protecteur qu’est celui du Contrat de Construction de Maison Individuelle ».
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Reste maintenant à savoir quelle sera la tendance en 2021 ? Alors que la zéro artificialisation nette met toujours à mal le foncier disponible pour aménager des lotissements et des terrains à bâtir, alors qu'une nouvelle Réglementation Environnementale, RE 2020, se prépare pour le 1er janvier 2022. Une nouvelle norme thermique qui engendrera un nouveau surcoût financier pour les ménages.
A noter qu’en 2020, le ministère chargé du logement annonce que 165 000 maisons neuves, individuelles ou groupées, ont obtenu une autorisation à construire, chiffre en recul d’environ 10 %.

Recul sévère pour la maison neuve en lotissement
La maison neuve en lotissement, dit maison en secteur groupé, a, elle, été touchée plus durement par les effets de la crise du Covid-19. Après des baisses de 9,7 % en 2018 et de 6,8 % en 2019, provoquées par la remise en cause des aides au logement intervenue début 2018, baisse des aides liées au PTZ en zone B2 notamment, le segment de l’individuel groupé a considérablement souffert en 2020. Les deux principales raisons, selon Pôle Habitat FFB : l’impact de la crise du Covid-19 et les effets du durcissement des conditions d’octroi des prêts immobiliers.
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Une baisse logique pour la maison en lotissement après le recul des mises en vente de Plus de 21 % en 2019. C’est ainsi que les ventes en individuel groupé, qui représentent environ 7 % des ventes de la promotion immobilière, ont chuté en 2020 de 22 % pour atterrir à 6 852 unités, contre une moyenne de long terme d’environ 11 500 ventes sur 25 ans. Une situation qui ne s’améliorera pas en 2021, puisque les mises en vente se sont de nouveau écroulées de 28,6 % à plus que 5 700 unités. Face au manque d’offre, les prix poursuivent même leur progression : + 4,6 %, après + 4,8 % en 2019. L’an dernier, il fallait compter un peu moins de 291 000 € une maison neuve en lotissement, foncier compris.