Pascal Boulanger, FPI : « Faire accepter l'acte de construire par les Français »

Lors de son tour de France des délégations régionales de la Fédération des Promoteurs Immobiliers, pendant sa campagne, Pascal Boulanger, désormais président élu, a revu ses priorités pour son mandat : faire admettre l’acte de la construire aux élus mais surtout à la population. Première rencontre avec le nouveau président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers, Pascal Boulanger.
- Quel constat avez-vous tiré de votre tour de France des promoteurs tricolores avant votre élection ?
« Avec Christian Terrassoux, président délégué de la FPI, nous sommes partis faire le tour des délégations régionales avec une dizaine de questions/sujets qui nous semblaient importants pour les promoteurs immobiliers : les normes, les fouilles archéologiques, les délais d’instruction des permis de construire, les recours, les relations avec les ABF, est-ce que les bailleurs sociaux nous paient assez chers quand on construit pour eux… et dans toutes les régions, tous ces sujets ou presque ont été balayés par un seul sujet : le fait que l’on ne construit plus, que l’on ne nous donne plus l’occasion de construire. On nous refuse tout, on nous accuse de porter des projets « de pur folie », de « saboter les villes » par certains élus, alors que nous suivons scrupuleusement ce qui est imposé par les PLU. C’est comme la règle des 130 sur l’autoroute que vous n’avez pas le droit de dépasser, les élus ne nous autorisent à rouler que jusqu’à 80 km/h, alors qu’ils ont eux-mêmes rédigé la règle via leurs documents d’urbanisme. Pourquoi font-ils cela ? Car ils sont contraints par la population. Les maires savent bien qu’ils ont besoin de construire du logement, qu’ils ont besoin des équipements publics que nous produisons en parallèle, ils ont des listes d’habitants qui veulent un logement social… mais l’adage « maire bâtisseur, maire battu » n’a jamais été aussi fort. L’exemple des maires battus à Lyon, Bordeaux, Strasbourg… des villes qui s’étaient bien développées, a fait tache d’huile ailleurs en France. Donc les maires ont tout bloqué depuis. »
- Comment changer la vision que la population a des promoteurs ?
« Est-ce que l’on doit changer la vision que les Français ont des promoteurs ou est-ce que l’on doit changer la vision de la population de l’acte de construire ? C’est cela mon vrai sujet. Les promoteurs n’ont peut-être pas une image formidable ; mais le vrai sujet est pourquoi nous sommes devenus égoïstes, pourquoi une fois que nous avons acheté notre propre logement, pourquoi on n’en veut plus d’autres autour ? Nous avons des enfants, des petits-enfants, nous sommes là pour les générations futures. Pourquoi leur refuser ce que l’on s’est accordé à nous ? Nous sommes loin de l’intérêt général. Les gens n’admettent plus la notion de ville. Ils veulent habiter en ville pour avoir tous les conforts de la ville : les écoles, les commerces, les soins, les transports… mais c’est de la schizophrénie. Ils veulent être proche de l’hôpital, mais ils ne veulent pas entendre les ambulances. Ils veulent être proche de la gare, mais ils ne veulent pas entendre les trains. Il faut parvenir à faire admettre que cette position est ambiguë.
- Comment fait-on pour faire accepter l’acte de construire à la population ?
« D’abord un vrai think tank d’experts qui n’ont pas forcément de rapport avec la promotion immobilière mais qui seront là pour nous aider à réfléchir et savoir pourquoi on en est arrivé là et comment s’en sortir. Ensuite, montrer l’exemplarité de nos projets via un livre par exemple. Nous sommes en train de recenser des avant/après issus de nos promoteurs immobiliers pour montrer comment certains terrains étaient avant et comment s’est ensuite quand nous avons reconstruit sur certaines friches par exemple. « La preuve par l’exemple » pour casser l’image du promoteur qui bétonne alors qu’il reconstruit la ville sur des friches et autres terrains délaissés. Nous allons aussi augmenter le niveau de notre concours des Pyramides d’Or pour montrer davantage l’excellence de nos opérations. Autre piste, pourquoi pas proposer des locaux sur chaque site pour l’intérêt collectif des riverains et de la population. »
- L’ancien cartonne, la maison neuve rebondit fortement et le collectif reste à la peine, est-ce que le logement neuf répond encore aux aspirations des Français post-confinement ? Est-ce seulement un problème d’offre ?
« Tout ce que nous avons en production, nous le vendons rapidement, il n’y a pas de stock achevé, cela doit donc bien répondre aux attentes des acquéreurs. Nous n’avons pas assez d’offre, c’est la réalité. Moins nous produisons, plus les prix vont monter. J’attire d’ailleurs l’attention des pouvoirs publics sur cette problématique. Quand d’habitude, un promoteur vend un millier de logements par an et qu’il ne parvient actuellement à n’en produire que 500, il est obligé d’upgrader ses prix car vous n’avez pas assez de matière pour équilibrer ses charges fixes. Nous voulons seulement pouvoir faire notre métier. Les PLU sont de plus en plus restrictifs avec les nouveaux PLUi en règle générale et en plus, les maires s’autorisent encore à baisser les densités, voire à refuser complètement nos projets, tout en nous imposant le verdissement, les normes, les équipements publics, les chartes… Avant le frein sur la construction, c’était avant les élections municipales ; maintenant, c’est même après. »
- Qu’attendez-vous de la commission Rebsamen ?
« Je suis déjà satisfait que l’Etat ait compris le problème et réagisse avec cette commission Rebsamen. Ce qui en sortira, nous n’en savons encore rien ; mais nous sommes mobilisés par l'intermédiaire de Christian Terrassoux qui y représente la FPI. J’ai déjà rencontré la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon partage notre ressenti ; mais dans le même temps, les pouvoirs publics nous imposent la ZAN, Zéro Artificialisation Nette, alors que personne ne veut accepter la ville intense. Oui au ZAN mais non à la densité, comment faire alors que les besoins en logement sont croissants ? D’où notre mobilisation à la FPI avec un nouveau bureau renforcé qui va travailler sur un seul sujet : pouvoir construire et faire accepter le logement neuf. Preuve de l’urgence, de grands promoteurs comme Nexity et Kaufman & Broad reviennent au sein de la FPI. »

Un nouveau bureau renforcé à la tête de la FPI
Pascal Boulanger, Président - (Président de Sigla Neuf - Groupe Pascal Boulanger)
Christian Terrassoux, Président délégué - (Président d’Altana Investissements)
Caroline Fortier, Vice-présidente trésorière - (Directrice générale de Sogeprom)
Bruno Béni, Vice-président - (Président de Topaze Promotion)
Caroline Delgado-Rodoz, Vice-présidente - (Directrice générale de REI Habitat)
Emmanuel Desmaizières, Vice-président - (Directeur général d’Icade Promotion)
Maurice Sissoko, Vice-président - (Directeur général de Citallios)
Marc Villand, Vice-président, Président de la FPI Ile-de-France - (PDG du Groupe Interconstruction)
Louis Ziz, Vice-président - (Directeur général d’Oxalys Immo)