David Miet, Villes Vivantes : « Un potentiel de 200 000 maisons neuves par an en densification douce »
David Miet, fondateur et CEO de Villes Vivantes, pionnier de la densification douce en France, présente une approche innovante de l’urbanisme. Il dévoile comment sa société aide les collectivités et les particuliers à optimiser leurs espaces de vie mais aussi à créer des logements adaptés aux besoins croissants, tout en préservant l’intégrité des espaces urbains.
- Qu’est-ce que c'est que l’entreprise Villes Vivantes que vous avez fondée ?
« Villes Vivantes, c’est le premier opérateur de densification douce en France. Nous travaillons avec les collectivités pour les aider à adopter la densification douce comme stratégie de développement. Cela permet de produire de nouveaux logements sans étalement urbain, ce qui est très attractif pour elles. La densification douce est plus acceptable, car elle optimise l’utilisation des voiries, des réseaux... Cela présente un véritable intérêt pour les collectivités.
Nous travaillons également avec des particuliers, propriétaires d’une maison ou d’un terrain, qui peuvent avoir des droits à bâtir supplémentaires. Ils peuvent reconfigurer leur logement, faire une extension ou une surélévation, ou encore se faire construire un logement de plain-pied dans leur jardin tout en vendant ou louant la maison d’origine. Ils peuvent aussi accueillir un parent dans un logement de plain-pied ou vendre une parcelle pour financer d’autres projets. Nous accompagnons des milliers de particuliers dans ces micro-projets.
Nous assurons une assistance à maîtrise d’ouvrage, de la conception à la programmation, en passant par l’étude des modèles économiques et de financement, jusqu’à l’obtention des autorisations d’urbanisme, un processus devenu très complexe à cause de réglementations restrictives, surtout dans les zones où la demande est forte et où les prix sont élevés.
Nous avons ainsi développé une expertise technique pour maximiser l’utilisation des mètres carrés disponibles et obtenir les autorisations nécessaires. »
- Quel constat tirez-vous de ces milliers de clients que vous avez eus ces dernières années ?
« Le premier constat est que, parmi les propriétaires de maisons individuelles, beaucoup sont heureux dans leur logement, mais pourraient l’être encore plus avec des améliorations comme une véranda, un étage supplémentaire ou une meilleure isolation. Parfois, leur maison devient trop grande avec le temps. Ces transformations ne sont pas toujours évidentes à envisager, car elles peuvent sembler complexes, mais une fois que nous leur présentons des solutions concrètes, la majorité des propriétaires sont prêts à améliorer leur cadre de vie.
Ce qui est intéressant, c’est que tout en aidant ces personnes à mieux vivre, nous pouvons également libérer des mètres carrés supplémentaires pour de nouveaux habitants. Cela répond à une demande pressante de logements en France.
Il y a un potentiel énorme, mais ces projets sont souvent multidimensionnels : ils impliquent la gestion de patrimoine, la valorisation immobilière, des aspects juridiques et réglementaires complexes, en plus de la conception architecturale. Le défi est de réunir toutes ces compétences en un service complet, car traditionnellement, chaque professionnel opère en silo, chacun de son côté (architecte, géomètre, agent immobilier...), et cela freine la réalisation de ces projets.
Nous développons cette nouvelle compétence qui croise ces différents domaines pour débloquer ces projets. Les Français sont prêts à passer à l’action, il suffit de leur offrir ce service intégré. »
- Vous estimez qu'il faudrait et qu'il est possible de construire 200 000 maisons neuves par an. Cela a dû surprendre jusque dans les ministères, car beaucoup pensent qu'on ne peut plus se permettre de construire des maisons individuelles.
« Oui, il y a cette idée reçue qui associe l’étalement urbain aux lotissements et aux maisons individuelles. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Quand on regarde les formes urbaines denses qui plaisent aux gens, ce sont souvent des maisons, comme dans les villages. Ces maisons se sont construites au fil du temps, par réaménagement successif, ce qui est une forme de densification douce.
Le modèle de maison individuelle qu’on a construit en masse ces dernières décennies a peut-être un avenir plus limité, mais il y a toujours une forte demande pour des petites maisons de plain-pied bien situées, proches des transports et des centres-villes. Il manque 200 000 logements de ce type par an.
Cela s'explique en partie par des évolutions sociologiques : les gens vivent plus longtemps et il y a de plus en plus de ménages monoparentaux ou de personnes vivant seules. Mais il y a aussi un phénomène de métropolisation et de littoralisation. Les gens se déplacent vers les grands bassins d’emploi et les zones littorales où ils trouvent des opportunités professionnelles, mais aussi un cadre de vie agréable avec des loisirs et des services. »
- Comment construire ces 200 000 maisons là où il y en a vraiment besoin, quand on sait que des villes comme Bordeaux limitent elles-mêmes les constructions neuves ?
« Le principal obstacle est l’évolution des règlements d’urbanisme. Aujourd’hui, il y a une sorte de panique générale autour de la construction, liée à la peur du réchauffement climatique et de l’îlot de chaleur urbain. Il y a beaucoup de confusion.
Si on regarde les villes anciennes, elles sont denses, avec des rues étroites qui créent de l’ombre et canalisent les vents, ce qui aide à gérer la chaleur. La densité n’est donc pas incompatible avec la gestion des problèmes climatiques ou avec la présence de la nature en ville. Mais les règlements actuels, les PLU, Plans Locaux d’Urbanisme, rendent la construction difficile, surtout dans les premières couronnes des grandes métropoles.
Il faut remettre à jour ces documents d'urbanisme pour qu’ils soient compatibles avec les réalités sociales et environnementales. Ensuite, il faut soutenir les petits propriétaires qui vivent dans ces zones bien situées, en leur proposant un accompagnement global pour repenser leur habitat et faire évoluer leurs biens. Nous devons massifier cet accompagnement pour que chacun puisse s’engager dans ce processus de transformation. »
À propos de Villes Vivantes
Villes Vivantes est une entreprise pionnière en densification douce, révolutionnant l’urbanisme grâce à quatre innovations deep tech. Sa mission : répondre à la crise du logement sans étalement urbain, en intégrant harmonieusement de nouveaux logements au sein des environnements existants et en mobilisant les habitants dans ce processus.1. BIMBY ici pour « Beauty In My Back Yard » : Villes Vivantes estime pouvoir permettre chaque année la construction de 200 000 maisons dans les jardins des particuliers, créant un urbanisme à échelle humaine et « villageois », tout en renforçant les infrastructures locales et l’implication des collectivités.
2. BUNTI : avec un ratio d’effet de levier de 10€ d’investissement privé pour 1€ public, Villes Vivantes pense pouvoir reconfigurer 300 000 logements par an. Grâce à une modélisation intelligente, elle dynamise le patrimoine existant, avec créativité, bienveillance et pragmatisme.
3. BAMBA : Villes Vivantes propose une solution viable pour construire chaque année 100 000 maisons abordables et élégantes au cœur des agglomérations. Inspirés par les maisons traditionnelles d’antan, les projets sont compacts, personnalisables.
4. BRAMBLE : chaque année, Villes Vivantes prévoit de densifier les espaces urbains avec 100 000 logements collectifs, en s’appuyant sur des procédés agiles et itératifs. Ces projets emblématiques transforment les axes stratégiques des agglomérations tout en mobilisant et enthousiasmant les habitants.
Villes Vivantes réinvente l’urbanisme en faisant du renouvellement urbain une démarche participative, durable et ancrée dans les besoins locaux.