Logement neuf à Grenoble : un marché toujours sous haute tension

Grenoble fait face à une crise sans précédent du logement neuf. Réservations en chute libre, investisseurs en retrait, des mises en vente divisées par cinq en deux ans, délais de commercialisation doublés : le marché est sous forte tension. Pourquoi un tel effondrement ? Analyse d’un marché dans un état critique.
Au cœur du sillon alpin, la métropole de Grenoble, qui regroupe 49 communes et 450 000 habitants, traverse une crise majeure dans le secteur de l’immobilier neuf, avec moins de 500 logements neufs vendus l’an dernier.
Les chiffres publiés par la Fédération des Promoteurs Immobiliers, FPI Alpes sont alarmants : en seulement deux ans, les réservations ont chuté de 54 %, les mises en vente se sont effondrées de 83 % et les investisseurs se sont largement retirés du marché. Focus sur un marché du logement neuf à Grenoble sous forte pression.
L’activité commerciale des logements neufs dans le bassin grenoblois connaît en effet une véritable descente aux enfers. En 2022, environ 1 000 logements étaient commercialisés dans la métropole grenobloise ; aujourd’hui, ils sont moins de 200. Cette chute vertigineuse des mises en vente : - 83 % en deux ans, traduit un désengagement des promoteurs face à un marché en manque de demande.
Grenoble Alpes Métropole : moins de 500 appartements neufs vendus en 2024
Les réservations, quant à elles, sont en baisse constante : avec 499 transactions enregistrées en 2024, dont seulement 68 à Grenoble intra-muros, le marché repose désormais presque exclusivement sur l’achat de résidences principales. La vente aux investisseurs s’effondre : ils ne représentent plus que 17 % des acheteurs particuliers, soit une diminution de 56 % par rapport à il y a deux ans.
Malgré ces difficultés, le prix moyen du neuf à Grenoble et sa région reste relativement stable, autour de 4 310 €/m² hors stationnement et en TVA normale. Ce tarif positionne Grenoble comme le marché le plus abordable des grandes villes d’Auvergne-Rhône-Alpes. Cependant, cette accessibilité relative ne suffit pas à redynamiser le secteur.
Autre indicateur inquiétant : les délais de commercialisation ont doublé en deux ans, passant de 13,4 mois à 25,4 mois. Cette inertie s’explique par l’accumulation des logements invendus, qui atteint un niveau préoccupant. En effet, 18 % des logements disponibles sur le marché sont déjà livrés, mais restent sans acquéreur, contre seulement 2 % en 2022 et 7 % en 2023. Par ailleurs, 56 % des logements encore disponibles sont en cours de chantier, ce qui laisse présager une aggravation de la situation dans les mois à venir.
« Nous sommes dans la configuration d’un marché asphyxié », Vincent Davy
Pour Vincent Davy, président de la FPI Alpes, la situation est critique : « Nous sommes dans la configuration d’un marché asphyxié. Les prix supportent la hausse des taux, des coûts de construction, des normes RE2020, RE2025, des chartes et le poids du logement social. La fin du Pinel a confirmé le retrait des investisseurs et cela impacte aussi les délais de commercialisation. Cet empilement de difficultés amène les opérateurs à devoir « porter » leurs stocks. 18 % de logements livrés restant à vendre est la preuve que le marché grenoblois traverse une crise profonde. » Cette analyse met en lumière un problème structurel : le logement neuf est confronté à une combinaison de facteurs défavorables qui freinent son développement.
Quel avenir pour l'immobilier neuf à Grenoble ?
Dans ce contexte, l’avenir du marché immobilier neuf grenoblois reste plus qu’incertain. La rareté des mises en vente pourrait, à terme, créer une tension sur l’offre et soutenir les prix, mais la demande actuelle, freinée par des conditions de financement défavorables, peine à suivre. Sans intervention des pouvoirs publics tant au niveau local que national ou mise en place de nouvelles incitations pour les investisseurs, le secteur risque de rester en crise encore plusieurs années, préviennent les promoteurs.
Pour les ménages cherchant à acquérir un logement neuf, l’offre disponible pourrait paradoxalement représenter une opportunité, à condition de bénéficier de conditions de financement adaptées. Sans relance du marché, Grenoble pourrait voir son dynamisme immobilier durablement affecté, avec des conséquences sur l’ensemble du secteur de la construction et de l’aménagement urbain.