Pascal Boulanger, FPI : « Les prochaines politiques du logement ne peuvent pas être pires »
Président tout juste réélu de la FPI France, Fédération des Promoteurs Immobiliers, Pascal Boulanger recevait dans sa région des Hauts de France le 52e Congrès National, sous l’intitulé Urgence Logement. Une urgence qui nécessite une prise de conscience générale selon lui.
- Quel est votre état d’esprit alors que vous venez d’être réélu à la tête des promoteurs français ? Pourquoi vous relancez dans ce mandat alors que le contexte est si complexe ?
« Je continue le combat pour deux raisons. Une raison altruiste déjà car tous les adhérents me l’ont demandé : ils m’ont dit : ne nous laisse pas tomber. Une raison égoïste : mon premier mandat n’a été fait que de difficultés, de peu de succès et j’aimerais bien sur ce second mandat, avoir davantage de succès. »
- Comment imaginer le succès alors que les chiffres sont pires de trimestre en trimestre ? Au-delà même du résultat des élections législatives ?
« Cela va se jouer sur une prise de conscience. Ce n’est pas possible de laisser le pays dans cet état-là sur le front du logement. Tout le monde est conscient : les politiques, les parlementaires…, de cet état d’effondrement du monde du logement. Cela ne peut pas rester sans réaction. »
- Quel est le moral des troupes alors que 400 congressistes étaient présents pour cette édition 2024 à Marcq-en-Baroeul ?
« Le moral ne peut qu’être très mauvais. Nous faisons un début d’année catastrophique avec un recul d’environ 25 % des réservations, après 2023 où nous avions déjà fait 50% d’une année normale. »
- Aucun parti en campagne n’évoque pourtant un dispositif de défiscalisation type Pinel pour soutenir les investisseurs privés qui font défaut sur le marché du neuf ?
« Ce sont en effet les investisseurs privés qui font le plus défaut. Mais après le mea-culpa du président de la République, de son ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, dernier en date : le député macroniste Baronne a dit qu’ils s’étaient trompés et qu’ils étaient prêts à remettre en route un dispositif fiscal car ils se rendent compte que le logement neuf va mal. J’espère que nous sommes enfin au fond du gouffre et que les prochaines mesures seront les bonnes. Toutes les mesures que nous proposons depuis trois ans ne coutent rien au budget de l’Etat. Elles sont sur le bureau du ministre du Logement, elles sont sur le bureau du ministre de l’Economie. Y’a plus qu’à. »
- Votre président délégué à la FPI France, Christian Terrassoux, dit que pour suivre la stratégie bas carbone de la France, il ne faudrait d’après les experts au plus haut sommet de l’Etat ne construire que 150000 logements neufs par an. Est-ce que vous y croyez ?
« Ce sont des chiffres mathématiques. Quand l’Etat compte comme cela, il compte tous les logements vacants dans les endroits où plus personne ne veut aller, des logements sur le marché depuis plus de 10 ans dont plus personne ne veut, même quand ils ne coûtent que 1000 euros du mètre carré. Ces logements existent arithmétiquement parlant mais factuellement, c’est faux. »
- Est-ce qu’une possible cohabitation pourrait changer la donner, alors que votre profession semble scléroser par les normes de l’administration ?
« Il faut procéder par étapes. Tout n’est pas noir car il y a enfin une prise de conscience. Le logement était le grand oublié des précédentes campagnes électorales présidentielles et législatives. Là, le sujet revient sur le devant de la scène. Il n’y a pas une journée où l’on ne parle du logement dans la presse. La vérité va enfin apparaître. Je ne crois pas à cet obscurantisme permanent sur le logement. Les prochaines politiques ne peuvent pas être pires alors que les blocages ne viendraient que d’une seule personne. C’est ce qu’on nous dit dans les auditions parlementaires. C’est ce que l’on ressent quand on rencontre les pouvoirs publics. Ça bloque seulement à l’Elysée. »
- Ça bloque aussi chez certains maires qui ne délivrent plus de permis de construite ?
« C’est un autre sujet car pour le moment, notre préoccupation, c’est la demande. Les maires, c’est un problème de l’offre car ils n’ont plus intérêt à agir et à construire. Notre sujet, il n’y a plus de demande. Alors pourquoi l’Etat ne soutient pas la demande ? Quand il n’y aura plus que le problème de l’offre à soutenir, on pourra le régler. Mais sans demande, le choc de l’offre ne sert à rien. »