Rebond des maisons individuelles grâce au PTZ : simple sursaut ou vraie reprise ?

Bonne nouvelle dans le marasme du marché immobilier neuf tricolore : la construction de maisons individuelles connaît une reprise significative, portée par le retour du prêt à taux zéro, PTZ. Un signal positif, même si la promotion immobilière collective reste, elle, enlisée.

 

 

À l’occasion de sa Convention nationale, le Pôle Habitat de la FFB a en effet dressé un constat sans appel : les ventes de logements neufs aux particuliers restent dramatiquement en retrait. Sur douze mois à fin juin 2025, elles affichent une chute de 45 % par rapport à la moyenne de long terme, et même - 66 % pour les ventes destinées aux investisseurs particuliers. Conséquence : les mises en chantier demeurent à des niveaux trop bas pour résorber le déficit structurel de logements.

Dans ce contexte morose, la maison individuelle fait figure d’exception. Selon les données du CGI Bâtiment Caron Marketing Markemétron reprises par le Pôle Habitat, 61 800 maisons ont été vendues sur douze mois glissants à fin juillet 2025, soit une hausse de 27,2 %. La dynamique est encore plus forte sur des périodes plus courtes : + 43,7 % sur trois mois et + 39,4 % sur six mois, c’est-à-dire depuis l’élargissement du PTZ aux maisons depuis le 1er avril 2025.

« La réouverture du prêt à taux zéro à la maison individuelle, vouée aux gémonies par d'anciens ministres contre les désirs des ménages français, et son extension à tout le territoire auront permis le réveil de ce marché », a salué Grégory Monod, président du Pôle Habitat-FFB.

 

 

La reprise reste toutefois à relativiser. Comparé à la moyenne annuelle de long terme (2006-2024), le marché des maisons individuelles reste divisé par deux : - 48,4 %. Et on est encore très loin des près de 140 000 ventes enregistrées en 2021. En 2023, seules 58 500 maisons avaient été construites et l’année dernière a marqué un creux historique avec 50 800 unités.

La progression actuelle traduit donc davantage un « rebond technique » qu’un véritable rattrapage. Les dynamiques régionales confirment cependant un mouvement solide : presque + 65 % dans les Hauts-de-France, + 48 % en Occitanie, + 47,5 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, + 38 % en Bretagne, ou encore + 32 % en Île-de-France.

 

 

Pour transformer cette embellie en reprise durable, la profession appelle à des mesures fortes. Le Pôle Habitat FFB insiste sur trois priorités qui conditionneraient cette reprise :

• Accession à la propriété : sécuriser le PTZ au-delà de 2027 et garantir son efficacité sur tout le territoire.

• Investissement locatif : instaurer un statut de bailleur privé pérenne, comme proposé par la mission Cosson-Daubresse, afin de relancer l’offre de logements à loyers abordables.

• Simplification : alléger normes et procédures, accélérer l’instruction des permis de construire et stabiliser le cadre fiscal et réglementaire.

« La loi de finances 2025 a permis des avancées mais le chantier de la relance du secteur reste immense : sans statut du bailleur privé, sans simplification massive, sans stabilité et visibilité fiscale et réglementaire, il n’y aura pas de reprise. Nous attendons du Gouvernement, du Parlement et des élus locaux qu’ils donnent les bons signaux, et nous répondrons présents ! », a prévenu Grégory Monod.

 

 

Le Pôle Habitat rappelle également l’urgence de concilier sobriété foncière et besoins en logements. L’adoption de la proposition de loi TRACE apparaît comme indispensable pour rendre l’objectif du Zéro Artificialisation Nette, ZAN compatible avec les réalités locales. Autre nécessité :  une réorientation de la fiscalité foncière est jugée nécessaire pour libérer du foncier constructible.

Il faut noter que le marché des maisons individuelles offre donc un premier signal de reprise, preuve que les ménages restent demandeurs de logement neuf dès lors qu’un soutien public est présent.