Cushman & Wakefield France vient de dévoiler son étude exhaustive sur le marché des commerces pour l'année 2023, proposant un aperçu nuancé de la santé économique des centres-villes français. Malgré une légère amélioration de l'indice moyen du climat des affaires du commerce de détail : + 2,6 points entre 2022 et 2023, le secteur reste confronté à d'importants défis, avec une décélération des ventes de 4,3 % en volume sur les 12 derniers mois à fin 2023. Cette situation découle en grande partie d'une inflation persistante et d'un contexte géopolitique incertain. En effet, face à la hausse des prix, les consommateurs ont réagi en réduisant leurs dépenses, entraînant une baisse significative des ventes dans des secteurs clés tels que l'alimentation : - 8 % et l'équipement de la maison : meubles - 8,6 %, électroménager - 9,1 %. A l'inverse, le secteur de la beauté/santé a connu une croissance positive, affichant une augmentation de l'indice des ventes supérieure à 3 % en 2023.
En parallèle, tous les formats de distribution ont enregistré une évolution négative sur 12 mois, avec une performance relativement meilleure pour le petit commerce : - 2,4 % en comparaison de la Grande Distribution : - 3,3 % et surtout les Grands Magasins : - 5 %, qui peinent à retrouver leurs flux d'avant la pandémie malgré le retour d'une partie de la clientèle touristique.

310 000 m² de nouveaux espaces commerciaux

En dépit de ces défis, le secteur du commerce en centre-ville présente des signes encourageants. En 2023, 310 000 m² de nouveaux espaces commerciaux ont été inaugurés, marquant une augmentation de 1,9 % par rapport à l'année précédente. Cette dynamique positive est renforcée par une fréquentation croissante des centres commerciaux, avec une augmentation moyenne sur 12 mois de 11 %, témoignant d'un retour significatif des flux piétons.
Reste que le rapport d'ALTARES révèle une augmentation de 35,8 % des défaillances d'entreprises en 2023, principalement due à la détérioration de la conjoncture économique. Toutefois, toutes les enseignes n'ont pas disparu, et certaines, telles que Kookaï, MOA ou Kaporal, ont été reprises en tout ou partie. Les arrivées de nouveaux concepts sur le marché français sont plus nombreuses que le nombre d'enseignes en difficulté, ce qui constitue un signe positif.
Les centres-villes ont également connu une reprise notable en termes de fréquentation, avec une croissance moyenne sur 12 mois de 11 %, comparée à 6,8 % en 2022. Cette reprise s'explique par le retour des salariés sur leur lieu de travail et la reprise du tourisme. Les projets de développement en centres-villes se poursuivent, avec des ouvertures attendues à Saint-Ouen sur Seine, Bagneux, Bessan, et Dieppe d'ici 2025. Ainsi, à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis, ce sont 24 000 m² de commerces qui vont s'ouvrir avec le programme Dock Saint-Ouen. A Bagneux, 20 000 m² de commerces sont prévus dans l'écoquartier Victor-Hugo. Même les villes moyennes sont concernées avec l'ouverture de 18 500 m² à Bessan dans l'Hérault et 17 000 m² à Dieppe en Seine-et-Maritime. 

Comment se porte le commerce dans Paris ?

A Paris, le marché locatif en 2023 a été influencé par le luxe et l'effet des Jeux Olympiques sur les artères principales, ainsi que par la correction post-Covid sur les valeurs locatives. Les transactions en pop-up store ont été nombreuses, offrant une souplesse aux enseignes pour tester de nouveaux marchés. La demande est particulièrement dynamique pour le format boutique de moins de 600 m², tandis que les moyennes et grandes surfaces, au-delà des 600 m² restent présentes à l'offre mais font face à des défis logistiques. Cette année, Paris a concentré plus de la moitié des transactions locatives recensées, avec une activité particulièrement dense dans le Marais en food & beverage et prêt-à-porter, ainsi que sur les artères de luxe du Triangle d'Or parisien, notamment en équipement de la personne : vêtements, bijoux et maroquinerie.
A noter également dans le paysage du commerce tricolore que le secteur du Food & Beverage a été particulièrement actif en 2023, représentant le deuxième secteur le plus actif en termes de transactions locatives en Europe. En France, il a totalisé un tiers des transactions en centres-villes, avec des enseignes de restauration ethnique et des concepts de café et boulangerie/pâtisserie parmi les plus dynamiques.
Ainsi, malgré les défis économiques, le commerce en centre-ville montre des signes de résilience et de reprise. Les projets de développement et les ouvertures prévues laissent entrevoir un avenir prometteur pour ces espaces commerciaux au coeur des villes françaises. L'année 2024 s'annonce comme une période cruciale, avec des ouvertures planifiées comme à Saint-Ouen sur Seine, qui accueillera une partie du Village des Athlètes des JO de Paris 2024, témoignant de la vitalité du marché et de la confiance des investisseurs dans le potentiel des centres-villes.