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Crédit immobilier et crise politique : quels risques pour la capacité d'emprunt des ménages ?

Les baisses de taux en 2024 ont augmenté la capacité d’emprunt des ménages, mais l’instabilité politique plane sur cette reprise fragile. © Shutterstock

Tags : Crédit immobilier, prêt immobilier, taux d'intérêt, Vousfinancer, censure


En cette année 2024, la baisse des taux a boosté la capacité d’emprunt des ménages. Mais l’instabilité politique et gouvernementale persistante menace un fragile équilibre et pourrait freiner la reprise du marché, selon les experts du crédit immobilier. Quelles conséquences pour les emprunteurs ?



Alors que l’année 2024 s’achève pourtant sur une note prometteuse pour les emprunteurs, avec une nouvelle baisse significative des taux de crédit immobilier, le spectre d’une instabilité politique menace de perturber cette dynamique. Selon le courtier Vousfinancer, les conditions d’accès au crédit se sont nettement améliorées au cours des douze derniers mois, mais les incertitudes liées à une éventuelle chute du gouvernement pourraient faire basculer ce délicat équilibre.

 

Une baisse historique des taux d’intérêt en 2024

 

Après une année 2023 marquée par des taux élevés, culminant à 4,30 % en décembre, 2024 a vu ces derniers reculer de près d’un point, pour s’établir à 3,35 % en décembre. Cette baisse a mécaniquement amélioré la capacité d’emprunt des ménages. Pour une mensualité de 1 500 € sur 20 ans, un emprunteur peut désormais obtenir 262 109 €, soit 20 914 € de plus qu’un an plus tôt.
Même si on est encore loin des taux historiquement et anormalement bas de 2021, cette amélioration se traduit également par une diminution de la mensualité pour un crédit de 300 000 €, passant de 1 866 € en 2023 à 1 717 € en 2024, et un abaissement du salaire nécessaire pour obtenir ce montant, de 5 654 € à 5 203 €, selon les calculs du courtier. De quoi élargir ainsi mécaniquement le socle d’emprunteurs potentiels !
Ces évolutions permettent à davantage de ménages, notamment des primo-accédants, d’accéder à la propriété. Une tendance renforcée par des baisses de prix immobiliers, atteignant jusqu’à 10 % dans certaines zones, et des augmentations de salaires observées cette année. Lire aussi - Pouvoir d'achat des Français dans l'immobilier neuf : une très belle amélioration en 2024 !

 

Un contexte politique ébranlé : vers un coup d’arrêt ?

 

Cette embellie pourrait toutefois bien être compromise par l’instabilité politique. Le 2 décembre, l’usage de l’article 49.3 pour le vote du budget de la sécurité sociale a relancé les tensions, avec le dépôt de motions de censure contre le gouvernement. Si ces motions sont adoptées, une crise politique pourrait s’ensuivre, entraînant une hausse des taux d’emprunt d’État (OAT), qui influencent directement les taux de crédit immobilier.
Vousfinancer rappelle toutefois que l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier n’avait pas eu d’impact durable sur les taux de crédit. Malgré une hausse temporaire des OAT à 3,30 % à l’époque, les taux immobiliers avaient continué leur décrue. Cette résilience s’explique par une conjonction de facteurs : une volonté affirmée des banques de prêter, une baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne et des stratégies ciblées sur les meilleurs profils d’emprunteurs.
Malgré ces éléments encourageants, les professionnels du secteur demeurent prudents. « Si les baisses des taux et des prix ont permis de redynamiser le marché en 2024, le manque de visibilité politique freine les décisions des acheteurs et investisseurs », note Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer. En effet, des mesures gouvernementales annoncées pour 2025 comme le retour du prêt à taux zéro dans la construction sur tout le territoire et tous les produits, tels que la réintroduction des maisons neuves sont très attendues pour renforcer cette reprise et relancer le logement neuf.
La situation actuelle, décrite comme « un pas en avant, deux pas en arrière » par Julie Bachet, reflète un climat d’incertitude qui pourrait également décourager les projets immobiliers. Une instabilité prolongée pourrait entamer la confiance des ménages et entraîner une nouvelle contraction de l’activité sur le marché, freinant les avancées réalisées cette année.

 

Perspectives 2025 : vers une reprise ou un recul des prêts immobiliers ?

 

Alors que les banques continuent d’afficher des taux attractifs, notamment pour les meilleurs profils, l’évolution des conditions de financement dépendra largement de la stabilité politique et des réactions des marchés. Une hausse durable des OAT pourrait compromettre les efforts des établissements bancaires pour maintenir des taux bas. Toutefois, l’atténuation rapide des tensions politiques, couplée à une politique monétaire favorable, pourrait prolonger la tendance à la baisse des taux en 2025.
En clair, l’année 2024 a amélioré l’accessibilité des ménages au crédit immobilier, mais la crise politique pourrait malheureusement fragiliser ces acquis. Pour les emprunteurs, vigilance et anticipation seront donc les maîtres mots de ces prochaines semaines.