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Immobilier neuf en Ile-de-France : le dilemme des franciliens avec la construction de logements

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L’Ile-de-France manque cruellement de logements, mais la construction est freinée par les coûts élevés et la réticence locale.

Tags : Immobilier neuf Ile-de-France, Procivis, Polylogis


L’Ile-de-France fait face à un paradoxe immobilier : si 67 % des non-propriétaires rêvent d’acheter, la pénurie de logements et la réticence à construire freinent le marché. Un dilemme qui semble insoluble. Alors peut-on encore bâtir sans opposition ?



En Ile-de-France, le désir de devenir propriétaire est une aspiration forte pour de nombreux habitants. Selon une étude menée par Procivis et Harris Interactive, deux-tiers des Franciliens non-propriétaires déclarent que l'accession à la propriété est un objectif prioritaire ou important, soit 7 points de plus que la moyenne nationale. Pourtant, ce rêve se heurte à une réalité plus complexe, entre hausse des prix, incertitudes économiques et réticence à la construction de nouveaux logements.

 

Un marché tendu entre envie d’acheter et difficultés d’accès

 

Si 46 % des Franciliens souhaitent déménager, ils sont confrontés à plusieurs obstacles. Le coût moyen d’un logement en Ile-de-France atteint 847 euros par mois, soit 27 % de plus que la moyenne nationale. Par ailleurs, 44 % des habitants jugent que ce n’est pas le bon moment pour acheter, freinés par la conjoncture économique incertaine et des conditions de financement plus strictes.
L’étude révèle également que 65 % des Franciliens ont consulté des annonces immobilières récemment, 10 points de plus que la moyenne nationale. 40 % d’entre eux ont d’ailleurs pris contact avec des agences ou des vendeurs et 37 % ont même visité un bien. Pourtant, malgré cette forte activité de recherche, l’accession à la propriété reste difficile. La pénurie de logements et la difficulté d’accès au crédit limitent la mobilité. 

 

Une volonté de construire plus… mais pas chez soi

 

Face à cette tension sur le marché immobilier, 45 % des Franciliens estiment qu’il faut construire davantage de logements, espérant ainsi une régulation des prix et une meilleure accessibilité au logement. Pourtant, cette volonté se heurte à un paradoxe bien connu : le NIMBY, Not In My Back Yard, soit pas dans mon jardin. Ainsi, seulement 30 % des habitants souhaitent plus de constructions dans leur propre ville et 31 % estiment même qu’il faudrait arrêter de construire dans leur commune.
Selon Karine Julien-Elkaïm, présidente du directoire de LogiRep, cette réticence locale complique la mise en œuvre de nouveaux projets immobiliers. « Le secteur du logement en Ile-de-France est en difficulté. L'offre locative se raréfie en raison d'un effort de construction insuffisant dans les zones tendues. Les tensions sur le marché du logement en Ile-de-France ont un impact aussi sur la mobilité des locataires qui est faible. Les locataires sont souvent contraints de rester dans leur logement actuel en raison des difficultés à trouver un nouveau logement qui correspond à leurs besoins et à leur budget », précise-t-elle.
Mais au-delà de la réticence des habitants, les élus locaux jouent aussi un rôle clé dans ce blocage. « Les élus adhèrent souvent à cette opinion, craignant que la construction de nouveaux logements ne nuise à leur popularité, surtout à l'approche des élections municipales. Cette tendance réduit encore davantage le développement de nouveaux projets de logement », souligne Karine Julien-Elkaïm, également présidente du Comité exécutif du Groupe Polylogis. En d'autres termes, même lorsque des terrains constructibles existent et que des promoteurs sont prêts à investir, les réticences politiques et électorales freinent le lancement des projets.
D’autant que la hausse des coûts de construction complique encore la situation. Aujourd’hui, le coût de construction représente entre 40 et 55 % du prix d’un logement, un chiffre qui ne cesse d’augmenter à cause de l’inflation, des crises successives (sanitaire et énergétique) et des normes environnementales de plus en plus strictes. Dans ces conditions, les promoteurs peinent à rentabiliser leurs opérations et certains projets sont tout simplement abandonnés.
Ainsi, alors que l'Ile-de-France souffre d’un manque chronique de logements, les solutions tardent à émerger. Construire plus apparaît comme une nécessité, mais l’acceptation locale de ces projets reste un défi de taille.

 

Entre régulation des prix et exigences de qualité pour le logement neuf

 

C’est ainsi que 47 % des Franciliens sont favorables à un encadrement des loyers, mais ils ne sont plus que 37 % à souhaiter son application dans leur propre commune. De même, bien que trois-quarts des habitants se disent prêts à payer plus cher un logement plus économe en énergie, 61 % refusent une augmentation de plus de 5 %.
Enfin, si l’accession à la propriété est perçue comme une opportunité, les dispositifs d’aide restent méconnus : un Francilien sur deux identifie clairement le prêt à taux zéro, PTZ.
L’Ile-de-France fait donc face à un dilemme majeur : comment construire plus de logements pour répondre à la demande, tout en respectant les contraintes économiques, environnementales et sociales ? L’augmentation du nombre de permis de construire et une meilleure acceptation des projets locaux seront essentielles pour fluidifier un marché actuellement sous tension, conclut l’enquête de Procivis. Un équilibre à trouver entre offre suffisante, maîtrise des coûts et adhésion des habitants aux projets de construction.