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Logement neuf : les aspirations des Français diffèrent des choix politiques

Une nouvelle enquête Procivis montre le décalage entre le rêve des Français en matière de logement et les politiques menées par le pouvoir public. © Shutterstock

Tags : Logement neuf, baromètre Procivis


Dans l'univers mouvant de l'immobilier neuf en France, les aspirations des Français se heurtent aux politiques publiques et autres choix gouvernementaux. Décryptage du Baromètre Procivis, révélateur de l'éternel rêve de propriété.



Le baromètre Procivis – Fondation Jean Jaurès-Harris Interactive, devenu une référence incontournable depuis son lancement en 2020, offre un éclairage unique sur les attentes des Français en matière de logement. Cette année, l'accent est mis sur l'accession à la propriété, révélant un écart saisissant entre les aspirations du public et les orientations des politiques publiques.

 

Devenir propriétaire : un rêve qui résiste

 

Après la suppression de l’APL Accession en 2018, malgré le recentrage du Prêt à Taux Zéro, PTZ en 2024, excluant une grande partie des ménages et territoires éligibles jusqu’ici, l'attachement des Français à la propriété demeure fort. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 61 % des non-propriétaires considèrent l'accession à la propriété comme un objectif important, atteignant même 80 % chez les 18-34 ans. Lire aussi - Qu'en sera-t-il du PTZ en 2024 ?

Les jeunes, particulièrement ouverts à des alternatives, révèlent une tendance pragmatique, surtout en Ile-de-France où le marché tendu suscite une plus grande ouverture. D’ailleurs, d’après les 10 000 personnes sondées et le sous-maillage performant mis en place, on voit que plus le marché est central et donc cher, plus l’appétence pour l’alter-propriété est forte, rapporte cette enquête. « Je suis curieux de suivre l'évolution des Français au sujet des modes alternatifs d'accès à la propriété. C'est peut-être un bout de la solution », souligne Yannick Borde, président du réseau Procivis.

 

Maison individuelle : un idéal qui persévère

 

Malgré les orientations gouvernementales contre le développement des maisons individuelles, trois-quarts des Français les considèrent toujours comme le logement idéal. Le Projet de Loi de Finances 2024 exclurait même les aspirants à la maison individuelle du PTZ. Un décalage évident entre les préférences du public et les décisions politiques.

 

L’investissement locatif dans le neuf apprécié

 

Alors que l'Etat délaisse l’immobilier neuf, notamment en matière d’investissement locatif, la demande des Français pour des logements neufs demeure forte. Près de la moitié des sondés exprime le désir d'acquérir un logement neuf, bien que cela ne représente actuellement que moins de 1 % du parc existant chaque année.
Même tendance à propos du désir de logement. Malgré une demande en logements en baisse, les Français n'ont pas renoncé à leurs projets de déménagement. 55 % consultent les annonces immobilières et près d’un tiers a engagé des démarches actives au cours des derniers mois : visite de bien immobilier, simulation de crédit immobilier...

 

Rénovation énergétique : entre conscience et défis

 

Si la conscience des propriétaires bailleurs concernant la nécessité de travaux d'amélioration progresse pour 59 % des personnes interrogées : + 4 % en un an, l'inquiétude de retirer le logement de la location augmente également : 45 %, atteignant même 52 % en Ile-de-France : + 7 %. Malgré cette prise de conscience nouvelle et la disposition des locataires à accepter des augmentations de loyer en échange, les travaux de rénovation énergétique n'accélèrent pas. D’autant que la méconnaissance de la performance énergétique du logement et les réserves sur la fiabilité des diagnostics compliquent la situation. Les aides publiques inciteraient deux tiers des propriétaires à entreprendre des travaux, mais près de la moitié des non-initiés estiment que ces aides pourraient les convaincre.
En bref, le baromètre Procivis révèle un paysage complexe, où les aspirations des Français pour le logement neuf et l’accès à la propriété, mais aussi les besoins réels de la population s'opposent parfois aux orientations gouvernementales.