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Michel Barnier à Matignon : que va-t-il pouvoir faire pour le logement et le BTP ?

Michel Barnier à Matignon : le secteur du logement et du BTP attend des actions rapides pour relancer la construction et la rénovation énergétique. © Service photographique de Matignon / Alexandra Lebon

Tags : Immobilier, logement, immobilier neuf, Michel Barnier


A peine nommé Premier ministre, Michel Barnier va devoir faire face à une crise majeure dans le logement et le BTP. Les professionnels de l’immobilier et du bâtiment exigent des mesures urgentes pour relancer la construction et la rénovation.



Le 5 septembre 2024, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre par Emmanuel Macron a suscité de vives réactions dans le secteur du bâtiment et de l'immobilier. À 73 ans, l’ancien ministre et négociateur du Brexit se retrouve face à une série de défis colossaux, notamment dans le domaine du logement, une question centrale pour les Français. Les acteurs du BTP, de la construction et de l’immobilier attendent beaucoup de son nouveau gouvernement, notamment en matière de relance du secteur du logement neuf, de rénovation énergétique et de réforme des politiques publiques pour un accès au logement facilité. 

 

Un contexte de crise historique pour l'immobilier neuf

 

L’état du secteur immobilier et du bâtiment est préoccupant, comme l’ont rappelé plusieurs organisations professionnelles dès l’annonce de la nomination de Michel Barnier. Le secteur est confronté à une véritable crise, marquée par l’effondrement de la production de logements neufs et les difficultés liées à la rénovation. Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment, FFB, a immédiatement réagi sur les réseaux sociaux, rappelant la nécessité d’agir rapidement pour relancer l’immobilier. « Nous attendons avec impatience les premiers actes du Premier ministre en matière de logement », a-t-il déclaré sur X, ex-Twitter, appelant à la mise en place d'un plan d’urgence, comme Barnier l’avait déjà suggéré en 2022 avec sa proposition d'un « pacte pour le logement », lors de sa campagne pour les primaires des Républicains.

 

Des attentes fortes en matière de logement

 

Lors de la passation de pouvoir, Gabriel Attal a rappelé à son successeur l'importance de "mieux loger" les Français. © Matignon
La question du logement est apparue dès la passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Michel Barnier. Le Premier ministre sortant a insisté sur le fait que plusieurs dossiers importants étaient en cours avant la dissolution du Parlement et nécessiteraient une attention immédiate. Il a souligné que la question du logement est « centrale pour permettre aux classes moyennes de se loger, mieux se loger ». Ces paroles résonnent avec les préoccupations des professionnels de l’immobilier qui réclament des mesures concrètes et immédiates.
Pascal Boulanger, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers, FPI, appelle à ne pas reproduire les erreurs des précédents gouvernements, qui n'ont pas su prendre les mesures nécessaires pour enrayer la crise du logement. « Il faut s’engager résolument dans des actions immédiates », a-t-il insisté, se disant prêt à entamer une discussion constructive avec le nouveau Premier ministre.

 

Promoteurs et autres... les demandes spécifiques des acteurs du bâtiment

 

Les défis auxquels Michel Barnier est confronté sont nombreux. Du côté de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, CAPEB, Jean-Christophe Repon, son président, a également exprimé ses attentes. Il a bien sûr salué la nomination de Michel Barnier, tout en l’exhortant à faire du logement une priorité absolue, notamment via un Grenelle du logement. « Il est impératif de garantir stabilité et visibilité aux entreprises en maintenant les enveloppes budgétaires allouées à la rénovation, notamment énergétique », a-t-il déclaré.

Le secteur du bâtiment, en recul de 3 % au deuxième trimestre 2024, appelle à une politique de long terme pour la rénovation énergétique, afin que les ménages et les entreprises puissent s'engager sereinement dans des travaux de réhabilitation. La CAPEB insiste sur le fait que la rénovation énergétique ne peut être une « variable d’ajustement » dans un contexte où les objectifs environnementaux nationaux sont de plus en plus ambitieux. Jean-Christophe Repon plaide également pour une révision de MaPrimeRenov’ afin de garantir une éligibilité à des gestes simples en 2025 et permettre une planification progressive des travaux pour 2026.

 

Vers une refonte de la politique du logement ?

 

Plusieurs acteurs de l’immobilier attendent de Michel Barnier qu’il engage une véritable réflexion transversale pour repenser la politique du logement en France. Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier, FNAIM, appelle, lui, à une « mobilisation générale » pour résoudre la crise du logement. Il insiste sur la nécessité de nommer un ministre du Logement de plein exercice, capable de piloter une politique claire et ambitieuse. Pour la FNAIM, « la relance du marché du logement passe par une action globale : immobilier neuf, social, locatif privé... malgré les contraintes budgétaires ».
L’idée d’un ministre pleinement dédié au logement, relayée par plusieurs fédérations, serait perçue comme un signal fort d’engagement de l’État envers le secteur. Éric Allouche, directeur exécutif du réseau ERA Immobilier, estime que la nomination d'un ministre spécifique, de plein exercice, constituerait une reconnaissance de l’importance du secteur. « Le logement est un enjeu qui transcende les appartenances politiques et va au-delà des clivages existants », a-t-il affirmé, appelant à une politique transpartisane.

 

Un chantier prioritaire pour Michel Barnier

 

La nomination de Michel Barnier intervient à un moment charnière pour le secteur du bâtiment et de l’immobilier. Les derniers chiffres du logement neuf sont historiquement bas : moins bon que durant le Covid, pire qu’en 2023, rappelait Pascal Boulanger, ce jeudi lors du bilan du premier semestre 2024 de la FPI.

Les acteurs de la filière attendent désormais des actions concrètes pour répondre à la crise du logement et à l’urgence de la rénovation énergétique. Michel Barnier, connu pour ses compétences en matière de négociation, notamment lors des discussions sur le Brexit, est perçu comme l’homme capable de rassembler les différentes parties prenantes pour trouver des solutions consensuelles.
La stabilité budgétaire, la relance de la production de logements neufs, le maintien des aides à la rénovation énergétique et la simplification des réglementations sont autant de priorités sur lesquelles le nouveau gouvernement sera attendu. Le monde du BTP et de l’immobilier espère que le nouveau chef de gouvernement saura transformer ces attentes en actions concrètes, nécessaires pour répondre aux besoins urgents des Français en matière de logement.