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Les mesures annoncées par le gouvernement pour relancer le logement neuf manquent-elles d'ambition ?

Des mesures, vues plutôt comme une bouée de sauvetage, ont été annoncées par la Première ministre, Elisabeth Borne, lors d'un déplacement à Dunkerque. © Shutterstock

Tags : Immobilier neuf, logement neuf, FPI, Elisabeth Borne, Patrice Vergriete, crise du logement


Depuis Dunkerque, la Première ministre, Elisabeth Borne, a dévoilé la semaine dernière un ensemble de mesures visant à revitaliser le secteur du logement neuf en France. Prenant en compte la crise conjoncturelle aggravée par la hausse des taux d'intérêt, la cheffe du gouvernement a voulu afficher sa détermination à répondre aux défis actuels ; tout en laissant les professionnels de la construction dans l’expectative. 



Elisabeth Borne, en visite dans le fief électoral du ministre du Logement, Patrice Vergriete, a annoncé plusieurs initiatives visant à stimuler la construction de logements neufs. Les chiffres alarmants, historiquement bas, publiés par la Fédération des promoteurs immobiliers, FPI, avec une chute de plus de 30 % des ventes depuis le début de l’année, ont en effet mis en lumière l'urgence d'agir. Lire aussi - Logement neuf : "la crise alimente la crise", alertent les promoteurs immobiliers

 

Des mesures concrètes pour soutenir la production de logements neufs

 

Lors d’un discours prononcé à Dunkerque, Elisabeth Borne a présenté un plan ambitieux pour relancer la production de logements neufs. La Première ministre a d’abord rappelé que son gouvernement a déjà acté la prolongation du Prêt à Taux Zéro jusqu'en 2027, avec une révision des zonages pour inclure 154 communes supplémentaires. Un signal fort, selon elle, en faveur de l'accession à la propriété. D’ailleurs, un nouveau travail sur le zonage sera lancé dans les prochaines semaines pour inclure encore davantage de communes dans les zones tendues, a annoncé la Première ministre. Lire aussi - Bonnes et mauvaises nouvelles pour le PTZ 2024
Autre rappel effectué : celle de l'initiative conjointe d'Action Logement et de la Caisse des Dépôts pour racheter 47 000 logements aux promoteurs, qui a été saluée comme un « succès », d’où l’annonce faite de son renouvellement avec une seconde phase à venir.
Autre mesure affichée : celle d’un engagement financier de 500 millions d'euros par an de l'Etat et de la Caisse des Dépôts pour soutenir la construction de logements intermédiaires, avec l'objectif de produire 30 000 unités par an d'ici 2026, soit de doubler la production annuelle. Ce plan de développement du logement intermédiaire, notamment dans les zones en cours de réindustrialisation comme Dunkerque, sera signé avec plusieurs opérateurs dans les jours à venir. Mais comme il nécessite un financement annuel d'un milliard d'euros, des discussions seraient en cours avec les investisseurs institutionnels pour compléter le financement.

Un plan visant à construire 35000 logements étudiants en trois ans a été annoncé. Pour cela, un délégué interministériel sera nommé. © Shutterstock
« 20 territoires engagés pour le logement » seront aussi désignés, pour y renforcer la construction de logements neufs et ainsi parvenir à y produire 30 000 logements neufs supplémentaires en trois ans. Objectif chiffré et délai qui semblent bien illusoires aux professionnels. 

 

Une attention particulière aux logements étudiants

 

Le gouvernement a également pris en compte la pénurie persistante de logements étudiants en France. Un plan dédié, confié à deux ministres, vise la construction de 35 000 nouveaux logements étudiants d'ici 2027. Un délégué interministériel sera nommé, avec des conclusions attendues et concrètes très rapidement, a insisté la Première ministre. Cette initiative découle probablement des récentes remontées du terrain, signalant des étudiants contraints de renoncer à leurs études en raison du manque de logements. Le ministre Vergriete, lui-même, parle de plus de 12 % des étudiants qui ont dû renoncer à leur cursus dans le supérieur en raison des difficultés à se loger.

 

Le secteur immobilier au bord du précipice : des réponses gouvernementales plus que nécessaires

 

Face à la crise du logement, Elisabeth Borne a donc souhaité réaffirmer l'engagement du gouvernement à accompagner la réindustrialisation de la France tout en soulignant l'importance de parvenir à loger de façon abordable la population. La Première ministre a ainsi appelé à une politique cohérente et coordonnée. Un nouveau projet de loi au printemps 2024 promet de « réinstaurer le lien entre emploi et logement », grâce à une loi favorisant la décentralisation de la politique du logement. Cette démarche a été saluée par certains, espérant des résultats positifs si Bercy y est vraiment associé et prend des mesures concrètes. D’autres, à la FPI par exemple, estiment pourtant que c’est plutôt se défausser sur les collectivités territoriales d’un sujet vital pour les Français.

 

Les réactions mitigées du secteur immobilier

 

En attendant, le président de la FPI, Pascal Boulanger, a sonné une nouvelle fois l'alarme, déclarant que le secteur de la construction neuve était au bord du précipice. Les annonces gouvernementales, bien que louables, suscitent toujours des doutes quant à leur applicabilité concrète. 
Le député Horizons François Jolivet via un rapport et le député Renaissance Lionel Causse en déposant un amendement à propos du PTZ 2024 ont déjà récemment alerté sur l'inefficacité des mesures budgétaires actuelles pour résoudre la crise du logement neuf. Par exemple, certains peinent à croire au retour des investisseurs institutionnels sur le marché résidentiel, faute de rendement acceptable. A l’image de la réaction du président du Groupe Gambetta, Norbert Fanchon, qui souligne la nécessité d'une action immédiate pour résoudre la crise du logement neuf, notamment en agissant sur les éléments qui renchérissent le coût de la construction et déséquilibrent l'équation économique de la production de logements. Il estime en effet que les mesures avancées jusqu’ici, bien qu'admirables dans leur intention, pourraient ne pas suffire à compenser la perte attendue de 120 000 logements cette année.
Si le gouvernement affiche sa détermination, les défis persistent. En effet, les annonces faites par Elisabeth Borne à Dunkerque témoignent de la volonté du gouvernement de relever les défis du logement neuf en France. Toutefois, l'efficacité de ces mesures reste à prouver, et l'urgence d'agir rapidement face à la crise actuelle du logement neuf ne fait que s'intensifier. La question primordiale de la relance du secteur immobilier demeure au cœur des préoccupations, avec l'espoir que ces initiatives marquent le début d'une véritable transformation du marché immobilier en France.