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Perspectives 2025 : vers un ralentissement de la baisse d'activité dans le BTP français ?

Le secteur du logement neuf peine toujours à rebondir malgré de possibles premiers signes de reprise attendus pour 2025, selon Crédit Agricole. © Shutterstock

Tags : Construction, BTP, logement neuf, Crédit Agricole


Une récente étude économique du Crédit Agricole table sur un ralentissement de la baisse d’activité dans le BTP tricolore, notamment grâce à un timide rebond annoncé du logement neuf. Le BTP, secoué par des baisses d’activité depuis 2023, pourrait donc connaître une accalmie en 2025. 



Après une période de turbulences marquée par des baisses significatives d'activité, le secteur du BTP en France pourrait s’orienter vers une stabilisation progressive en 2025. Malgré un contexte économique encore complexe, caractérisé par une inflation maîtrisée et une croissance modérée, les signes d’une légère amélioration se dessinent, notamment dans le segment du logement neuf. Voici une analyse des perspectives à l’horizon 2025, basée sur les données des Études Économiques du Crédit Agricole.

 

Un secteur résilient malgré des tensions persistantes

 

Depuis le troisième trimestre 2023, l’emploi salarié dans le BTP a diminué de 1,5 %, soit une perte de 23 800 postes. Toutefois, avec 1 559 milliers d’emplois enregistrés au troisième trimestre 2024, l’effectif reste supérieur de 6,2 % à son niveau d’avant la pandémie de Covid-19. Cette résilience relative contraste avec les fluctuations plus marquées observées par le passé.
Malgré cette capacité d’adaptation, le secteur fait face à des disparités importantes. L’activité en entretien-rénovation : + 1 % et dans les travaux publics maintiennent une certaine dynamique positive, tandis que le bâtiment neuf non résidentiel : - 7,9 % et le logement neuf surtout : - 14,5 %, continuent de subir un recul marqué. En 2025, une amélioration modérée est attendue, mais la baisse globale d’activité : - 1,5 %, devrait persister, bien que moins prononcée qu’en 2023 : - 2,7 % et 2024 : - 2,8 %.

 

Le logement neuf au cœur des enjeux du bâtiment

 

Le logement neuf est sans conteste le segment le plus affecté. En 2024, les ventes ont atteint leur point bas, conséquence directe des coûts de construction élevés : + 17,4 % depuis 2020 et de taux d’intérêt désolvabilisant les ménages, malgré leur légère diminution amorcée par la BCE. Le désintérêt progressif pour le dispositif Pinel et l’exclusion des maisons individuelles du PTZ, Prêt à Taux Zéro en 2024 ont également contribué à cette dégradation.
2025 pourrait tout de même marquer un tournant. Les ventes de maisons individuelles devraient progressivement repartir, soutenues par la probable réintégration des maisons neuves dans le PTZ à l’échelle nationale. Les appartements neufs, quant à eux, montrent déjà des signes de reprise modérée, avec une hausse des ventes annuelles de 118 000 au T1 2024 à 122 000 au T3 2024. Cette reprise reste toutefois timorée, freinée par des contraintes structurelles et une rentabilité fragilisée des promoteurs.

 

Un environnement économique en voie de normalisation ; mais un contexte politique totalement incertain

 

La conjoncture économique globale présente un cadre mitigé. La croissance du PIB devrait se limiter à 1 % en 2025 et le chômage atteindra un modeste 7,7 %. L’inflation, en revanche, continue de se ralentir, avec une prévision à 1,1 %, ce qui devrait permettre un répit pour le pouvoir d’achat des ménages. Par ailleurs, analyse Crédit Agricole, la stabilisation des taux d’intérêt à long terme autour de 3 % pourrait créer un contexte favorable à la reprise de l’investissement immobilier, bien qu’entravé par les très nombreuses incertitudes politiques.
A cela s’ajoute que les entreprises du BTP voient leurs trésoreries et rentabilités mises à mal par la baisse d’activité. Les défaillances ont augmenté de 40,2 % en 2023 et de 29,9 % sur les neuf premiers mois de 2024, dépassant de 20,7 % leur niveau d’avant-crise. Pourtant, le secteur conserve une dynamique entrepreneuriale notable, avec paradoxalement une création d’entreprises surpassant les défaillances.
Si le logement neuf reste donc fragilisé, 2025 pourrait être l’année du point bas avant une relance plus affirmée en 2026, d’après l’étude de Crédit Agricole. Les ventes devraient progressivement se transformer en mises en chantier, avec une inertie propre au cycle de construction. L'ensemble du BTP montre une capacité d'adaptation face à des contraintes multiples, mais des incertitudes politiques et géopolitiques continueront de peser sur son évolution.
2025 s’annoncerait comme une année de transition pour le BTP, où résilience et prudence seront les maîtres-mots, prévient Crédit Agricole. Pour le logement neuf, en particulier, les acteurs du marché espèrent une reprise solide, mais elle dépendra largement de l’orientation des politiques publiques et de la stabilisation de l’environnement économique.