Crise du logement : le Bâtiment ne peut plus attendre !
Malgré l’attente d’un nouveau gouvernement, le secteur du bâtiment en France, particulièrement affecté par une chute historique des mises en chantier et des ventes tant dans la promotion immobilière que dans la construction de maisons, appelle à une intervention rapide pour éviter un effondrement économique majeur du secteur et au-delà.
Le secteur du bâtiment en France traverse une période de turbulences sans précédent, et le logement neuf est au cœur de cette tempête. Selon Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment, FFB, la crise s'intensifie, menaçant de s'aggraver en l'absence de mesures urgentes. « Le plongeon du logement neuf ne connaît pas de trêve », en dépit de la pause imposée par la dissolution, a-t-il déclaré lors de son dernier discours lors de son point de conjoncture avant l’été. Pour preuve : une baisse de 13,9 % des mises en chantier sur les cinq premiers mois de 2024 par rapport à l'année précédente.
Plongée dans la crise du BTP
Les chiffres rapportés par la FFB sont alarmants : les mises en chantier annuelles pour 2024 sont prévues à un peu plus de 260 000, un niveau inférieur au point bas des années 1990. Les permis de construire suivent la même tendance négative, avec une baisse de 10,7 % sur la même période. Cette situation s'explique en partie par l'effondrement des ventes des ventes des promoteurs, qui reculent de 11,4 % sur le premier trimestre 2024 et même de - 25,9 % rien que pour les réservations aux particuliers, hors bloc.
Chute aussi des ventes en diffus de maisons individuelles, en baisse de 29,9 % sur le premier quinquamestre 2024, après - 60,1 % en cumul sur les deux dernières années, soit une perte de 88 000 logements en deux ans.
La construction de maisons individuelles au plus bas
Les constructeurs de maisons individuelles, également appelés « Cmistes », sont particulièrement touchés par la crise. Avec seulement 50 000 logements vendus sur les douze derniers mois, le secteur atteint un plus bas depuis 2007, une baisse de près de 75 000 unités par rapport à la moyenne de long terme. Une forte baisse qui touchent toutes les régions françaises. Entre les premiers trimestres 2023 et 2024, les Hauts-de-France enregistrent une chute de 45,3 %, tandis que la Normandie, bien que moins touchée, subit tout de même une diminution de 17,3 %. Les régions de l'Est souffrent particulièrement, avec des baisses dépassant souvent les 30 %.
Les conséquences économiques et sociales pour le logement
Cette crise ne se limite pas au secteur du bâtiment mais a des répercussions plus larges sur l'économie française. Olivier Salleron met en garde contre une chute d'activité de 21 milliards d'euros en volume entre 2022 et 2025, accompagnée de la perte de 150 000 emplois dans le secteur et de 300 000 dans la filière. Cette situation contribue à pénaliser l'évolution du PIB en France, où l'investissement en construction des ménages et des entreprises non financières est en berne.
Le secteur non résidentiel neuf n'est guère mieux loti. Les surfaces commencées ont diminué de 7,7 % et les surfaces autorisées de 3,7 % sur les cinq premiers mois de 2024. Bien que la commande publique ait montré des signes de reprise avant les législatives, l'avenir reste incertain.
La nécessité d'une intervention gouvernementale rapide
Face à cette situation, la FFB appelle à des mesures urgentes pour éviter l'effondrement du secteur. Olivier Salleron a présenté dix solutions pour relancer le bâtiment, dont certaines clés incluent :
- Le rétablissement d’un Prêt à Taux Zéro universel.
- Le soutien à l’investissement locatif.
- La stabilisation de MaPrimeRénov’ au-delà du 1er janvier 2025.
- L’adaptation de l’objectif « ZAN », Zéro Artificialisation Nette, aux réalités des territoires.
- L'arrêt de la surenchère réglementaire, notamment avec un décalage des étapes de la RE2020, Réglementation Environnementale 2020.
Ces propositions visent à stimuler le marché et à faciliter la vie des chantiers, tout en assurant des conditions sociales favorables pour les entreprises et les salariés du secteur.
En attendant ces éventuelles mesures, les perspectives à court terme pour le secteur du bâtiment restent sombres. Les promoteurs immobiliers montrent une prudence accrue, limitant les nouvelles mises en chantier et restant hésitants à lancer de nouveaux projets. L'enquête de l'Insee auprès des promoteurs révèle que les perspectives de mises en chantier restent en deçà de leur moyenne de long terme, particulièrement dans le domaine de l'accession à la propriété. Lire aussi - Moral en dents de scie chez les promoteurs
Cependant, il existe un certain optimisme dans l'investissement locatif, probablement en raison de l'anticipation de la fin du dispositif Pinel en fin d'année. Les ventes aux bailleurs sociaux enregistrent une forte progression, ce qui masque en partie le déclin des ventes aux particuliers et aux autres institutionnels.
Le secteur du bâtiment en France, et plus particulièrement le marché du logement neuf, est en proie à une crise profonde qui nécessite une intervention urgente. Les chiffres fournis par la FFB et le discours d'Olivier Salleron soulignent la gravité de la situation et l'importance de mesures gouvernementales pour relancer le marché. Sans une action rapide, les répercussions économiques et sociales pourraient être dévastatrices, non seulement pour le secteur du bâtiment, mais pour l'économie française dans son ensemble. Les artisans et entreprises de bâtiment n'ont plus le temps de perdre du temps, rappelle Olivier Salleron : il est capital que des décisions soient prises rapidement pour éviter l'effondrement et soutenir la croissance future.
Les principaux chiffres du logement neuf en France en 2024
- Chute des mises en chantier : - 13,9 % sur les cinq premiers mois de 2024.
- Prévision annuelle : 264 000 logements commencés en 2024, un plus bas historique depuis 1986.
- Baisse des permis de construire : - 10,7 % sur la même période.
- Ventes de maisons individuelles : - 29,9 % en glissement annuel, soit 50 000 maisons neuves vendues sur les douze derniers mois.
- Ventes des promoteurs : - 11,4 % au premier trimestre 2024, - 16.8 % sur un an.
- Ventes des promoteurs aux particuliers, hors bloc : - 25,9 % au premier trimestre 2024, - 33.8 % sur un an.
- Nombre de ventes d'appartements neufs par les promoteurs : 13 774 au premier trimestre 2024, le plus mauvais premier trimestre depuis l’origine de la série en 1995.
- Emploi dans le bâtiment : perte de 25 000 postes entre les premiers trimestres 2023 et 2024.
- Non résidentiel neuf : surfaces commencées - 7,7 %, surfaces autorisées - 3,7 % sur les cinq premiers mois de 2024.