Logement neuf : 100 000 permis de construire perdus en deux ans !
Malgré des besoins croissants, le bilan du troisième trimestre 2024 de la construction, grâce aux chiffres officiels du ministère, confirme une crise persistante du logement neuf, marquée par une baisse toujours aigue des permis de construire et des mises en chantier.
La crise du logement neuf en France continue de s’aggraver, confirmée par les chiffres récents du ministère du Logement. En septembre 2024, le nombre de permis de construire accordés a encore diminué, ce qui accentuera à terme la pénurie de logements, en particulier dans le secteur collectif. Ce ralentissement persistant reflète une situation alarmante, où les autorisations de construction et les mises en chantier s’éloignent de plus en plus des niveaux observés avant la pandémie de Covid-19.
100 000 permis de construire en moins en deux ans !
En septembre 2024, seuls 26 000 permis de construire ont été délivrés, une nouvelle baisse de 2,1 % par rapport à août 2024. Ce chiffre révèle une chute significative, puisque le nombre de logements autorisés reste 33 % en dessous de la moyenne observée lors des 12 mois précédant le premier confinement de 2020. Sur une période d’un an, d’octobre 2023 à septembre 2024, le total des autorisations atteint 337 100 logements, soit 9,4 % de moins qu’au cours des douze mois précédents et 27 % de moins par rapport aux niveaux pré-pandémiques.
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Le secteur des logements collectifs, qui représente une part essentielle de la solution pour répondre à la demande urbaine, est particulièrement touché. Entre octobre 2023 et septembre 2024, les autorisations de logements collectifs, y compris en résidence services, ont reculé de 5,2 %, atteignant 216 300 unités. Ce chiffre représente une perte de 100 000 logements en près de deux ans, loin du record observé en août 2022, où 315 400 logements collectifs avaient été autorisés en douze mois.
Un recul continu des mises en chantier, un record inquiétant
Les chiffres des mises en chantier confirment également la gravité de la situation. En septembre 2024, seulement 18 900 logements ont été mis en chantier, un niveau historiquement bas, inégalé depuis l’an 2000. Cette diminution de 9,8 % par rapport à août 2024 illustre la difficulté pour le secteur de maintenir un rythme de production stable face aux incertitudes économiques et à la hausse des coûts de construction.
Le bilan annuel est tout aussi préoccupant. Au cours des douze derniers mois, le nombre de logements mis en chantier s’élève à 264 000, soit une baisse de 19,7 % par rapport à la période allant d’octobre 2022 à septembre 2023. Comparativement aux niveaux d’avant-crise sanitaire, cela représente une chute de 32 %, un signe que les promoteurs peinent à relancer leurs projets face aux difficultés financières, à la chute de la demande et aux contraintes administratives.
Bilan trimestriel : une stagnation qui n’augure rien de bon
Si les chiffres du troisième trimestre montrent une légère stabilisation des autorisations de logements collectifs : + 0,5 % au troisième trimestre 2024 après une chute de 11,7 % au trimestre précédent, cette stagnation ne traduit en rien une reprise. Les mises en chantier, quant à elles, continuent de décliner, avec une baisse de 8,9 % entre juillet et septembre 2024. Ce ralentissement trimestriel concerne aussi bien les logements collectifs que les logements individuels, ce qui confirme une faiblesse généralisée du marché du neuf.
Des perspectives peu encourageantes pour le logement collectif
Les chiffres témoignent d’un déclin marqué dans la construction de logements collectifs, qui constitue pourtant une réponse essentielle à la demande croissante dans les zones urbaines. Si les logements collectifs ordinaires sont en forte baisse (- 17,1 % en un an), les résidences dédiées comme les résidences étudiantes et les résidences pour seniors montrent une relative résilience avec une baisse de seulement 3,8 %. En revanche, le secteur de la maison individuelle continue de s’effondrer avec des mises en chantier en recul de 32.7 % dans l’individuel pur et « seulement » 7 % dans l’individuel groupé.
Plusieurs facteurs expliquent cette crise du logement neuf. Les coûts de construction sont en hausse, dus notamment à la flambée des prix des matières premières et aux nouvelles normes environnementales. Les promoteurs immobiliers se montrent également plus prudents, freinés par des incertitudes réglementaires et un accès au financement plus contraignant. Cette situation pousse les professionnels du secteur à revoir à la baisse leurs projets de construction, malgré un besoin de logements qui reste fort. Lire également - Les étapes de construction d'un immeuble neuf
Pour conclure, la crise du logement neuf en France atteint des niveaux préoccupants, avec une baisse continue des autorisations et des mises en chantier, tant dans le secteur collectif qu’individuel. Les chiffres de septembre 2024 confirment une tendance à la stagnation qui, si elle persiste, risque d’exacerber la pénurie de logements dans les zones tendues. Sans une intervention rapide des pouvoirs publics, les perspectives de relance pour le logement neuf resteront sombres, au détriment des ménages qui peinent déjà à accéder à des logements abordables. Pas sûr que le seul élargissement du PTZ en 2025 à l’ensemble du territoire et aux maisons individuelles parvienne à relancer la production.