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Loi spéciale pour le budget 2025 : le logement sera-t-il une nouvelle fois sacrifié ? 

Sans un vote rapide du budget 2025 avec des mesures clés pour le logement, le BTP prévoit une récession de 5.6 % pour le secteur en 2025. © Shutterstock

Tags : Construction, logement neuf, FFB


C’est un secteur du bâtiment au bord du gouffre qui a tenu sa dernière conférence de presse de l’année, alors que le secteur attend avec fébrilité une loi de finances pour 2025.



« Quand on abandonne le logement, on abandonne les Français », selon Olivier Salleron, qui s’excusait presque de cette punchline, à l’occasion de la dernière conférence de presse de l’année de la FFB, Fédération Française du Bâtiment. L’année 2024 s’achève en effet sur une note amère pour la FFB. Lors de ce dernier point de conjoncture, Olivier Salleron, président de la FFB, a dressé un constat alarmant pour l’avenir du logement neuf en France.

Entre récession confirmée, plans budgétaires abandonnés du fait de la censure du gouvernement Barnier et chute inédite des mises en chantier, le bâtiment est plus que jamais en crise. Le double titre choisi par la FFB, « Loi de finances retoquée, logement sacrifié » ou « Loi de finances votée, logement sauvé », résume parfaitement cette incertitude qui pèse lourdement sur l’économie française.

 

Un PLF 2025 abandonné, un secteur en chute libre

 

Le Projet de Loi de Finances, PLF pour 2025, retoqué et reporté à une date encore inconnue, devait insuffler un vent d’optimisme au secteur du bâtiment, notamment au logement neuf. Déjà fragilisé par deux années consécutives de baisse, le marché pourrait atteindre un niveau historique en 2025, comparable à celui des années 1950.
« Si aucune mesure forte n’est adoptée rapidement, nous prévoyons 239 000 mises en chantier seulement en 2025. Cela nous ramène à un niveau d’après-guerre », a alerté Olivier Salleron. En effet, les prévisions indiquent une nouvelle chute de 15 % des permis de construire pour 2025, une baisse qui aurait un impact direct sur l’activité du BTP et sur l’économie tricolore.

 

Une activité en berne et des chiffres alarmants

 

L’état du marché est loin d’être encourageant. Pour 2024, l’activité globale du bâtiment recule de 6,6 %, contre les 5 % initialement prévus en début d’année. La FFB anticipe un nouveau recul de 5,6 % pour 2025. Un tel effondrement du bâtiment, dont l’activité pèse près de 215 milliards d’euros, constitue un risque majeur pour l’économie hexagonale. Olivier Salleron n’hésite pas à le rappeler : « Ce sont autant de milliards perdus qui entraînent l’économie vers la récession. »
L’impact sur les entreprises est également sans appel. En 2024, les défaillances dans le secteur du BTP ont augmenté de 25 %, retrouvant les niveaux de 2016. Si rien ne change, 2025 s’annonce encore plus sombre avec une prévision de 100 000 pertes d’emplois, contre 30 000 en 2024. La particularité du bâtiment, souvent composé de petites entreprises familiales, réside dans sa résistance à licencier : « Nous ne licencions que lorsque la situation devient vraiment critique, contrairement à d’autres secteurs qui anticipent les difficultés », souligne le président de la FFB.

 

Des mesures concrètes attendues pour relancer le secteur


Face à cette situation critique, la FFB plaide pour l’urgence d’une loi de finances adoptée rapidement en 2025, et propose trois mesures majeures ayant déjà été discutées au Sénat :
- La réouverture du Prêt à Taux Zéro à tous les territoires et pour tous les types de logements, qu’ils soient collectifs ou individuels.
- Une exonération des droits de succession et donation jusqu'à 100 000 euros pour l’acquisition d’une résidence principale neuve.
- La baisse de la Réduction de loyer de solidarité (RLS) et le dégel des aides à la rénovation énergétique du parc social.
La FFB demande également la sanctuarisation du budget de MaPrimeRénov’ à hauteur de 4,2 milliards d’euros et insiste sur la nécessité d’une simplification administrative en matière d’urbanisme. Ces mesures, jugées « très ciblées et efficaces » par Olivier Salleron, pourraient, selon lui, avoir un effet rapide et relancer le secteur.

Dans son intervention, Olivier Salleron a tenu à saluer le travail de Valérie Létard, ministre démissionnaire du Logement, en espérant qu’elle sera reconduite dans ses fonctions de plein exercice, voire avec des moyens accrus. Il a également souligné l’importance de créer un statut du bailleur privé, alors que 75 % des ménages locataires sont logés dans le parc privé. « La France des propriétaires est encore loin, mais le parc locatif privé reste essentiel à l’équilibre », a-t-il rappelé.

 

Une note positive : le chantier de Notre-Dame mais une urgence nationale

 

Malgré ce contexte économique lourd, Olivier Salleron a tenu à terminer sur une note positive en évoquant la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce chantier monumental a réuni une quarantaine d’entreprises adhérentes de la FFB, de toutes tailles. « Le bâtiment, c’est à la fois l’Histoire, le patrimoine et surtout le logement de nos concitoyens », a-t-il conclu.
Si le bâtiment est une locomotive de l’économie française, son effondrement pourrait avoir des conséquences dramatiques. La FFB appelle donc à une réaction politique rapide pour sauver le secteur, restaurer la confiance des ménages et relancer le logement neuf. Sans cela, la France risque de voir son marché de la construction s’enliser durablement, avec des conséquences sociales et économiques majeures.