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Une majorité pour le logement : les attentes du secteur immobilier après les législatives

Les professionnels du logement demandent des actions urgentes de la part des nouveaux députés pour endiguer la crise et garantir l'accès au logement. © Shutterstock

Tags : Immobilier, logement, élections législatives, FNAIM, FPI, Capeb


Alors que la nouvelle Assemblée nationale peine à trouver une majorité, les acteurs du logement pressent les parlementaires à prendre des mesures urgentes pour endiguer une crise immobilière sans précédent dans une France confrontée à une situation critique de l’offre et de l’accessibilité.



Au lendemain du second tour des élections législatives anticipées, le secteur du bâtiment et du logement exprime des attentes pressantes vis-à-vis de la nouvelle Assemblée nationale. Face à une absence de majorité claire, les professionnels du secteur, notamment la Fédération Nationale de l'Immobilier (FNAIM) et la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI), appellent à une mobilisation urgente pour répondre à la crise du logement qui s’aggrave en France.

 

Une crise du logement sans précédent

 

Le constat dressé par la FNAIM est sans équivoque : la France traverse une crise du logement sans précédent. Les transactions immobilières ont chuté de 23 % en un an, atteignant seulement 822 000 transactions à la fin mars, avec des prévisions pour 2024 estimées à 800 000 transactions. Dans le même temps, l’immobilier neuf s’effondre toujours plus avec des permis de construire en recul historique : - 15.5 % entre juin 2023 et mai 2024, par rapport aux douze mois précédents, soit 64 900 logements autorisés de moins en un an. Les ventes de logements neufs dans la promotion immobilière ont également reculé passant sous le seuil symbolique des 20 000 réservations par trimestre en 2024, tandis que les ventes de maisons s’effondrent, après - 40 % en 2023, le marché recule encore sous la barre des 60 000 maisons vendues par les CCMistes.
Cette situation a des répercussions directes sur les Français, aggravant le mal-logement, réduisant l’offre de locations et rendant l’accès à la propriété de plus en plus difficile pour de nombreux ménages, notamment les jeunes et les plus modestes.
Selon Loïc Cantin, président de la FNAIM, cette crise menace la cohésion sociale et territoriale du pays. Il alerte sur le risque de paralysie qui pourrait résulter de politiques dogmatiques et complexes, appelant à une approche pragmatique et structurée pour revitaliser le marché immobilier et garantir un accès décent au logement pour chaque Français.

 

Appel à une majorité pour le logement

 

Pour remédier à cette situation, la FNAIM appelle à la formation d’une « majorité pour le logement ». Cette initiative vise à rassembler les acteurs du logement et les élus pour élaborer une politique ambitieuse et cohérente en faveur du logement. Parmi les propositions de la FNAIM figurent la portabilité des prêts immobiliers, la suspension expérimentale des normes du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) pour relancer le crédit, et la mise en place de dispositifs incitatifs tels que « Investir aujourd'hui, défiscaliser demain ».
Ces mesures visent à restaurer la confiance des bailleurs, à stimuler l’investissement locatif et à favoriser l’accès à la propriété. La FNAIM propose également la création d'un contrat de « Vente en l’État Futur de Rénovation (VEFRe) », intégrant les travaux de rénovation énergétique dans le prix d'achat, et le rétablissement des APL accession pour relancer l’accès à la propriété.

 

Urgence et responsabilité des nouveaux députés

 

Pascal Boulanger, président de la FPI, souligne aussi l’urgence de la situation et appelle la nouvelle Assemblée nationale à se saisir immédiatement de la question du logement. Il rappelle que chaque mois d'inaction entraîne la perte d'emplois dans la filière du logement, avec des prévisions de suppression de 300 000 emplois en 2024 et 2025. Il alerte également sur les difficultés croissantes pour les étudiants à se loger, entraînant des abandons d’études, et sur les défis des entreprises à recruter en l’absence de nouveaux logements. Lire aussi - Pascal Boulanger, FPI : « Les prochaines politiques du logement ne peuvent pas être pires »

Le président Boulanger insiste sur la nécessité de prendre des décisions rapides et efficaces pour relancer l’acte de construire. Parmi les solutions proposées, il mentionne, lui, le fléchage de la TVA immobilière vers les communes bâtisseuses, l’exonération partielle de droits de succession pour les logements neufs acquis pour louer, ou encore la mise en œuvre de prêts immobiliers innovants. Lire également - Les solutions innovantes pour un financement hybride de l’immobilier

 

Reprendre le travail au plus vite pour sauver le logement

 

Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb), appelle également les députés à reprendre rapidement le travail pour relancer le logement neuf et inscrire des perspectives pour la rénovation énergétique. Il rappelle que la réforme du dispositif MaPrimeRénov’, bien qu’avortée, devrait être relancée dès le 1er janvier prochain pour soutenir les efforts de rénovation énergétique.
Le secteur du bâtiment et du logement en France se trouve à un tournant. Les résultats des élections législatives anticipées ont révélé une Assemblée nationale sans majorité claire, mais les attentes des professionnels sont claires : il est impératif de transcender les clivages partisans pour faire du logement une priorité absolue. Une majorité pour le logement, portée par une politique ambitieuse et structurée, est nécessaire pour répondre à la crise actuelle et garantir à chaque Français un logement digne et accessible. Les professionnels du secteur, forts de leur expérience de terrain, se disent plus que prêts à collaborer avec les élus pour élaborer des solutions pragmatiques et efficaces adaptées aux défis économiques et sociaux de notre époque.