Actualités Edition du

Vincent Jeanbrun, un ministre de la Ville et du Logement de plein exercice, un défi colossal pour le secteur

Vincent Jeanbrun, nouveau ministre de la Ville et du Logement, hérite d’un portefeuille de plein exercice dans un contexte de crise du logement neuf. © Les Républicains

Tags : Vincent Jeanbrun, ministère du Logement, gouvernement Lecornu 2, Valérie Létard, crise du logement, immobilier neuf, FFB, Fédération Française du Bâtiment, budget 2026, investissement locatif.


Nouveau ministre de la Ville et du Logement, Vincent Jeanbrun arrive en terrain miné. Entre crise du neuf, absence de budget et colère du BTP, le désormais ex-élu LR devra convaincre qu’il peut transformer ce portefeuille de plein exercice en action.



Figure montante des Républicains, Vincent Jeanbrun, 41 ans, devient ministre de la Ville et du Logement dans le gouvernement Lecornu 2. S’il incarne un signal politique d’ouverture et de stabilité, le nouveau ministre hérite d’un secteur à bout de souffle : crise du logement neuf, incertitude budgétaire et impatience grandissante des professionnels.

 

Une « prise de guerre » politique pour le gouvernement Lecornu 2

 

C’est l’une des surprises du remaniement : Vincent Jeanbrun, député LR du Val-de-Marne et ancien maire de L’Haÿ-les-Roses, entre au gouvernement comme ministre de la Ville et du Logement. Figure montante de la droite républicaine, il s’était fait connaître pour son sang-froid lors des émeutes urbaines de 2023 après la mort de Nahel, son domicile ayant alors été attaqué.
Son entrée au gouvernement est perçue comme une « prise de guerre » stratégique pour Sébastien Lecornu, fraîchement renommé Premier ministre. C’est d’ailleurs à L’Haÿ-les-Roses, fief du député, que le chef du gouvernement avait effectué son premier déplacement officiel ce samedi 11 octobre, auprès des forces de l’ordre.
« En renommant Sébastien Lecornu, le Président de la République donne une chance à la stabilité », avait réagi Vincent Jeanbrun vendredi soir, avant que Les Républicains n’annoncent soutenir le nouveau gouvernement… sans y participer officiellement et finalement exclure du parti les 6 entrants LR au gouvernement Lecornu 2.

 

Un contexte budgétaire et politique étouffant pour le logement

 

Si sa nomination à la tête d’un ministère de plein exercice, même si seulement 19e et dernier dans la liste protocolaire, envoie un signal politique, le contexte économique et budgétaire laisse peu de marge de manœuvre. L’absence de budget 2026 et la menace d’une censure parlementaire paralysent d’avance l’action gouvernementale, avant même les passations prévues ce lundi dans la discrétion. Bercy garde la main sur les arbitrages financiers, ce qui contraint les ambitions du nouveau ministre.
Le secteur du logement, déjà exsangue, réclame des mesures immédiates : relance du logement neuf, création d’un nouveau statut du bailleur privé, stabilisation du dispositif MaPrimeRénov’ et révision du cadre de la REP Bâtiment. Autant de sujets qui traînent depuis des mois et dont la profession juge désormais urgente la mise en œuvre.

 

La FFB hausse le ton : « Il est hors de question de participer à d’énièmes auditions ! »

 

La Fédération Française du Bâtiment, FFB, n’a pas tardé à réagir. Sur les réseaux sociaux, dans la nuit, elle a exhorté le gouvernement Lecornu à « se mettre immédiatement au travail », dénonçant l’immobilisme de l’exécutif sur « les sujets logement, construction et immobilier » : « Il est hors de question de participer à d’énièmes auditions ! Toutes les cartes sont sur la table ! 5 millions de Français ne veulent plus attendre un logement digne, abordable et durable ! La rue grogne, les artisans et entrepreneurs aussi ! »
Un message clair, qui traduit l’impatience du terrain et l’urgence sociale du dossier logement. Pour la FFB, le temps du dialogue est passé : place à l’action.

 

Après Valérie Létard, un héritage exigeant pour le nouveau ministre

 

Avant lui, Valérie Létard, dernière ministre en charge du Logement, avait laissé une impression plus que positive dans le secteur. En un an à la tête du portefeuille, elle s’était imposée comme une ministre volontaire, reconnue pour sa maîtrise des dossiers et sa capacité d’écoute envers les professionnels.
Les acteurs de la filière : promoteurs, bailleurs, fédérations et entreprises du BTP, avaient salué son engagement et sa connaissance fine des problématiques de terrain. Pour Vincent Jeanbrun, novice au gouvernement, la barre est donc haute : redonner confiance à une profession fragilisée par des années d’instabilité réglementaire et budgétaire.

 

Un ministère de plein exercice revalorisé, mais aux priorités à clarifier

 

Le logement retrouve donc un ministère de plein exercice, une première depuis plusieurs mois. Mais cette revalorisation reste pour l’heure plus symbolique que budgétaire, tant que les arbitrages restent concentrés entre les mains de Bercy.
Reste une interrogation : dans l’intitulé même du portefeuille, la « Ville » précède le « Logement ». Un détail sémantique, certes, mais qui n’échappe pas aux observateurs. Ancien maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun a longtemps œuvré pour la politique de la ville, la cohésion urbaine et la sécurité.
La question est désormais de savoir s’il saura aussi s’emparer pleinement du logement, premier budget des ménages et enjeu central du pouvoir d’achat. Dans un contexte où le logement neuf s’effondre, cette hiérarchie des priorités n’a rien d’anodin.