Valérie Létard confirmée au Logement : continuité et controverses dans le gouvernement Bayrou
Entre continuité et interrogations au sein du premier gouvernement Bayrou, Valérie Létard conserve le ministère du Logement dans un contexte de crise, mais sous la tutelle de François Rebsamen. Une équation à résoudre dans un secteur où les attentes restent immenses.
A la veille de réveillon de Noël, on ne sait pas si la nomination du gouvernement Bayrou est un beau ou mauvais cadeau fait au secteur de l’immobilier. En effet, la confirmation de Valérie Létard au poste de ministre du Logement, bien qu'elle conserve ses prérogatives, soulève des interrogations sur l’engagement du gouvernement envers un domaine en crise.
Une confirmation attendue mais un statut controversé
Valérie Létard, ancienne députée UDI, avait été nommée ministre du Logement de plein exercice en septembre dernier sous le gouvernement Barnier. Son maintien est salué par les professionnels de l’immobilier, qui louent sa connaissance des dossiers et son engagement. Cependant, sa nouvelle position « auprès » de François Rebsamen, nouveau ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, suscite des interrogations. Si elle garde le contrôle sur le budget du logement et son équipe, selon son cabinet, elle perd son statut de ministre de plein exercice.
Cette décision déçoit particulièrement les acteurs du secteur. Loïc Cantin, président de la FNAIM, regrette une décision qu’il qualifie de « mauvais signal ». Pour lui, « le logement, premier poste de dépenses des Français, méritait un ministre de plein exercice ». La Fédération des offices publics de l’habitat partage cette inquiétude, évoquant des difficultés potentielles dans les arbitrages budgétaires face à Bercy. On peut espérer que la nomination au ministère de l’Economie et des Finances d’Eric Lombard, ancien directeur de la Caisse des Dépôts, soutien institutionnel du logement, notamment du logement social, fasse pencher la balance du bon côté.
Un secteur du logement en quête de stabilité
Depuis deux ans, le secteur du logement a vu défiler de nombreux ministres, entre Olivier Klein, Patrice Vergriete, Guillaume Kasbarian et Valérie Létard. Cette instabilité a perturbé un domaine déjà fragilisé par des crises successives et désormais historiques. L’annonce de la reconduction de Valérie Létard est donc perçue comme une bouffée d’air frais par certains professionnels, notamment Norbert Fanchon, président du groupe Gambetta, qui parle d’un « beau cadeau de Noël ».
Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), abondait dans ce sens, déclarant mi-décembre : « Sans dénigrer les cinq autres ministres du Logement que nous avons eus en quatre ans, je crois que l’on ne peut pas faire mieux que Valérie Létard. » Il appelle néanmoins le gouvernement à soutenir les mesures favorables au secteur, comme l’élargissement du prêt à taux zéro et l’exonération des droits de mutation sur les donations familiales. Selon lui, « le nouveau gouvernement doit s’engager urgemment à prendre des mesures décisives pour lutter contre la crise violente de la construction qui met en péril la France ainsi que les finances publiques. Compte tenu de leurs expériences et de leurs expertises, les ministres désormais nommés doivent porter un budget à la hauteur des attentes sur tous les territoires en matière de logement ».
Un contexte de crise exigeant des réponses rapides
La crise du logement en France est en effet plus qu’alarmante. La censure du projet de loi de finances pour 2025 sous le gouvernement Barnier a retardé des mesures clés, comme l’élargissement du prêt à taux zéro à l’ensemble du territoire et aux maisons individuelles. Ces propositions, portées par Valérie Létard, restent en attente. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, déplore cette situation et appelle à des mesures concrètes pour relancer un secteur en recul d’activité depuis plusieurs trimestres.
Face aux enjeux actuels que traversent le secteur, les attentes des professionnels sont claires. Outre le retour rapide des mesures comme le prêt à taux zéro, ils demandent une simplification administrative et des réformes structurelles, notamment concernant le statut des bailleurs privés. Valérie Létard devra également travailler de concert avec François Rebsamen, dont l’expérience en tant qu’élu local et son rapport sur la construction neuve en 2021, laissé quasiment lettre morte depuis d’ailleurs, témoignent de sa connaissance du sujet.
Si la confirmation de Valérie Létard au ministère du Logement est donc perçue comme un signe de continuité, son statut intermédiaire entre ministre de plein exercice et ministre déléguée reflète une certaine ambiguïté dans les priorités du gouvernement. Les acteurs du secteur, tout comme les Français, attendent pourtant des réponses rapides et des actions concrètes pour surmonter une crise qui perdure. Dans ce contexte, le duo Létard-Rebsamen est attendu au tournant pour prouver son efficacité pour le logement et l’aménagement du territoire.