Actualités Edition du

La crise historique dans la construction de logements en France se poursuit

La maison continue de brûler : les permis de construire des logements neufs tombent à un niveau historiquement bas à fin mai 2024. © DR

Tags : Immobilier neuf, logement neuf, permis de construire, mise en chantier, ministère de la Transition écologique, ministère du Logement


La construction de logements en France subit une crise historique avec une baisse record des autorisations et des mises en chantier. Une crise sans précédent, marquée notamment par un par une chute record des permis de construire des maisons individuelles. Analyse des chiffres et des causes de cette situation alarmante.



En mai 2024, la France a enregistré des chiffres alarmants dans le secteur de la construction de logements, révélant une crise profonde et historique. Les autorisations de logements ont diminué pour s'établir à 27 500, soit une baisse de 3 % par rapport à avril 2024. Ces chiffres, corrigés des variations saisonnières et des jours ouvrables, montrent que le nombre de logements autorisés est désormais 29 % en dessous de son niveau moyen des douze mois précédant le premier confinement.

 

Un recul sans précédent des permis de construire

 

Entre juin 2023 et mai 2024, 353 800 logements ont été autorisés à la construction, marquant une diminution de 15,5 % par rapport aux douze mois précédents, soit 64 900 logements de moins. Ce chiffre représente également une baisse de 23 % par rapport aux douze mois précédant la crise sanitaire. Notamment, les permis de construire pour les maisons individuelles ont atteint leur niveau le plus bas en France depuis au moins 2000. Sur cette période, seulement 127 100 permis pour des logements individuels, maisons en diffus et maisons en lotissements, ont été délivrés, soit une baisse de 18,4 % en un an. Lire également - Maison neuve : prête à finir ou prête à vivre ?

 

Autorisations à construire : des régions passent enfin dans le vert !

 

Certaines régions ont toutefois montré des signaux positifs. À La Réunion et dans les Hauts-de-France, l'immobilier neuf est de nouveau en croissance pour ce qui est des logements autorisés. La Réunion a enregistré une progression de 2,5 % avec 7 200 logements autorisés, dont 3 000 en maisons individuelles. Dans les Hauts-de-France, la hausse est même de 5,4 % sur les douze derniers mois, avec 27 000 logements autorisés.

 

Des chiffres de chantiers commencés en hausse mensuelle, mais toujours bas sur un an

 

En mai 2024, 26 500 logements ont été mis en chantier, soit 3 200 de plus qu’en avril 2024, enregistrant ainsi une hausse de 14,2 %. Toutefois, le nombre de logements commencés en avril 2024 reste inférieur de 18 % à sa moyenne des douze mois précédant la crise sanitaire. Sur les douze derniers mois, 280 100 logements ont été mis en chantier, ce qui représente une baisse de 21,5 % par rapport à l'année précédente et une diminution de 28 % par rapport aux douze mois précédant la crise sanitaire.
Les causes de cette crise sont multiples et complexes. D'une part, les chocs extérieurs tels que la flambée des prix des matériaux de construction depuis la pandémie de Covid-19 ont été aggravés par la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine déclenchée en 2022. D'autre part, la remontée des taux d'intérêt a réduit la capacité des ménages à investir dans l'immobilier.
Par ailleurs, le gouvernement est accusé de réduire les dispositifs de soutien à la construction, tels que le prêt à taux zéro et la niche fiscale Pinel, tout en limitant le financement du logement social. Les normes environnementales plus strictes visant à construire des bâtiments moins énergivores ont également rendu la construction plus coûteuse. Pour preuve, l'Indice des Coûts de Construction a encore augmenté de 7,22 % sur un an à la fin du premier trimestre 2024, vient d’annoncer l'Insee.
La situation actuelle du secteur de la construction en France est donc plus que préoccupante. En attendant d’en savoir plus sur les futures politiques de la France en matière de logement au terme des élections législatives, l'issue reste incertaine.