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Maisons neuves : les mises en chantier divisées par 3 en presque 20 ans

Le nombre de mises en chantier de maisons neuves en France a atteint 71 300 sur les douze derniers mois, trois fois moins qu'en 2006. © Shutterstock

Tags : Immobilier neuf, Adéquation


Les chiffres révélés par Adéquation pour juin 2024 montrent une chute alarmante du marché de l'immobilier neuf en France, avec des mises en vente et des réservations en forte baisse. Des données inquiétantes pour juin 2024 qui reflètent une crise profonde du secteur.



Du jamais vu pour l’immobilier neuf tricolore : le nombre de mises en chantier de maisons neuves au cours des 12 derniers mois atteint un plafond bas, soit trois fois moins qu’en 2006, il y a bientôt 20 ans. D’après Adéquation, cabinet spécialisé dans les marchés immobiliers et ses données exclusives sur l'activité résidentielle de juin 2024, les résultats révèlent une situation préoccupante pour le secteur du logement neuf en France.

 

Maison : un effondrement du volume de logements individuels neufs

 

Sur les douze derniers mois, le nombre de logements individuels neufs commencés a chuté drastiquement pour atteindre 71 300 unités. Cette valeur est trois fois inférieure à celle enregistrée en décembre 2006, marquant ainsi un déclin significatif dans la construction de nouveaux logements. Cette baisse traduit une crise profonde dans le secteur, où les projets de construction peinent à se concrétiser et cela met de plus en plus de constructeurs de maisons en difficulté.

 

Une forte diminution des réservations de logements en promotion immobilière

 

Le premier semestre 2024 a aussi été particulièrement difficile pour la promotion immobilière. Le nombre de logements réservés par les particuliers a encore diminué de 21 %, avec un peu plus de 28 000 réservations effectuées entre le 1er janvier et le 30 juin 2024. Cette baisse traduit une hésitation croissante des acheteurs potentiels, notamment des investisseurs, influencés par l'incertitude économique et des conditions de crédit plus strictes.

 

Un recul persistant des investissements dans le neuf

 

Pour preuve, le marché de l'investissement dans le neuf est également en difficulté. Depuis le début de l'année 2024, seulement 9 200 logements neufs ont été commercialisés auprès des investisseurs, soit une baisse de 25 % par rapport au premier semestre 2023. Ce recul souligne les réticences des investisseurs, en perte de confiance face à l’incertitude tant réglementaires que politiques.

 

Les mises en vente de nouveaux logements en chute libre

 

Encore plus alarmant, le nombre de mises en vente de nouveaux logements a connu une dégringolade de 47 % au premier semestre 2024. À ce jour, moins de 24 000 nouveaux logements ont été mis sur le marché. Cette tendance reflète une prudence accrue des promoteurs immobiliers face à une demande en berne et des coûts de construction en hausse.

 

L'immobilier neuf en Ile-de-France n'est pas épargné

 

La région Ile-de-France, souvent considérée comme un baromètre du marché immobilier national, n'échappe pas à la tendance. Au 30 juin 2024, seulement 17 700 logements neufs étaient disponibles à la vente en région parisienne, soit près de 7 000 de moins qu'en juin 2023. Cette diminution accentue la pression sur un marché déjà ultra-tendu, où l'offre peine à satisfaire la demande, en particulier dans les zones urbaines.

 

Analyse et perspectives pour 2024 et l'avenir

 

Les chiffres révélés par Adéquation dressent un tableau sombre de l'immobilier neuf en France. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation :
- Contexte économique et politique incertain : l'inflation, la hausse des taux d'intérêt et les coûts croissants des matériaux de construction pèsent lourdement sur le secteur. A cela, il faut maintenant ajouter l’incertitude politique depuis la dissolution du 9 juin.
- Réglementations et normes environnementales : les nouvelles exigences en matière de performance énergétique et de durabilité ajoutent des contraintes supplémentaires aux promoteurs. Alors que la RE 2020 a déjà fortement pesé sur les prix, le seuil RE 2025, qui concernera les permis de construire déposés au 1er janvier 2025, semble inatteignable dans le contexte actuel. 
- Érosion de la confiance des acheteurs et des investisseurs : les conditions économiques et politiques récentes ont entraîné une baisse de la confiance, essentielle pour dynamiser le marché.
Pour redresser la situation dans cette période de turbulences sans précédent, des mesures de soutien pourraient être envisagées. Cela pourrait inclure des incitations fiscales pour les investisseurs, un assouplissement des normes de construction avec un moratoire sur le calendrier de la réglementation environnementale 2020, ou encore des initiatives pour faciliter l'accès au crédit pour les acheteurs en lien avec les règles imposées par le HCSF, Haut Conseil de Stabilité Financière. Les acteurs du logement ne cessent d’ailleurs de proposer des mesures d’urgence à mettre en place. Dans le même temps, difficile encore d’envisager le sursaut permis par le changement de zonage de 865 communes à compter du 1er août face à la contraction inquiétante de l'offre et de la demande.