Premiers signes de reprise ou sursaut passager ? Après plusieurs années de crise marquée par un effondrement de la production et une désertification progressive de l'offre, le marché du logement neuf dans la Métropole de Lyon semble amorcer un timide rebond. Les chiffres dévoilés par la Fédération des Promoteurs Immobiliers de la Région Lyonnaise et le CECIM pour le premier semestre 2025 laissent entrevoir une possible sortie du tunnel. Si les voyants ne sont pas encore tous au vert, certains indicateurs rassurent, notamment la reprise des ventes sur certains territoires phares.

Une reprise des ventes de logements neufs portée par les acquéreurs occupants

A fin juin 2025, 886 logements neufs en collectif, hors ventes en bloc, ont été réservés dans la Métropole de Lyon, soit une hausse de 16 % par rapport à l'année précédente. Cette dynamique s'explique notamment par la stabilisation des taux de crédit, qui redonne un peu d'air aux ménages. Les ventes aux acquéreurs occupants représentent d'ailleurs 89 % des réservations en secteur marchand. Autre donnée révélatrice : 39 % des ventes concernent des logements en TVA réduite, dont 79 en Bail Réel Solidaire, BRS, un dispositif d'accession abordable de plus en plus mobilisé.
En revanche, les investisseurs privés continuent de déserter le marché. Avec seulement 100 logements réservés, leur présence reste marginale, conséquence directe de la fin du dispositif Pinel et d'un manque d'alternative attractive. Les ventes en bloc, elles, s'effondrent carrément : seulement 193 unités recensées à mi-2025, soit une baisse vertigineuse de 74 % sur un an. « Cette chute préoccupante est la conséquence d'un faible flux de nouvelles opérations initiées en 2024 et d'une capacité d'investissement des bailleurs en baisse ou décalée dans le temps », alerte la FPI lyonnaise.

Enfin des signaux encourageants pour l'immobilier neuf à Lyon et Villeurbanne

Sur le territoire de la Ville de Lyon, les réservations progressent de 27 % en un an, atteignant 234 unités. Les mises en vente y explosent : + 92 %, notamment grâce à la commercialisation de nouveaux programmes dans des secteurs aménagés, témoignant d'une volonté de redynamiser le marché. Pour l'immobilier neuf à Villeurbanne, la tendance est encore plus marquée : + 54 % de réservations, pour un total de 120 ventes. Mais l'offre y chute fortement, avec une baisse de 24 % du stock disponible.
Si ces signaux sont positifs, ils doivent être plus que relativisés. Le niveau de production reste extrêmement bas comparé à la période d'avant-crise. La FPI souligne que le volume global de réservations accuse encore un recul de 62 % par rapport à 2019. Les investisseurs ont quasiment disparu du paysage, avec une baisse de 91 % de leurs engagements.

Une offre toujours insuffisante et des prix des appartements neufs en hausse

Malgré un léger rebond des mises en vente : + 12 %, l'offre disponible à l'échelle de la métropole s'établit à seulement 2 772 logements fin juin 2025, en baisse de 9 % sur un an. Une tension d'autant plus inquiétante que 22 communes de la Métropole ne disposent plus d'aucun logement neuf à la vente. Le marché reste freiné par les difficultés d'obtention des permis de construire, l'augmentation des coûts de construction et l'abandon de nombreux projets ne trouvant pas leur équilibre économique.
Dans ce contexte de pénurie, les prix de l'immobilier neuf à Lyon et sa région poursuivent leur progression. À Lyon, le prix moyen atteint 6 216 €/m², hors stationnement, TVA normale, en hausse de 1,1 % ; mais quasiment au même rythme que l'inflation. Dans la métropole, il grimpe de 5 %, à 5 481 €/m². Les extérieurs, moins attractifs qu'auparavant, enregistrent un recul des ventes : - 8 %, malgré une hausse modérée des prix à 4 104 €/m² et + 3 %.

Vers un soutien indispensable des pouvoirs publics

Face à cette situation, la FPI Région Lyonnaise appelle à un sursaut politique. Elle dénonce « une crise de l'offre persistante » et exhorte les pouvoirs publics à « accélérer les délais de pré-instruction puis d'autorisation des permis de construire », tout en respectant les objectifs réglementaires du PLU-H, souvent remis en question localement.
Au niveau national, alors que le débat parlementaire sur le Projet de Loi de Finances 2026 s'intensifie, la FPI de la région lyonnaise reste mobilisée, au-delà des mesures déjà prises : PTZ universel, LLI ouvert aux particuliers... Elle soutient activement les propositions de la Commission Daubresse-Cosson sur un futur statut du bailleur privé, qu'elle considère comme « la seule solution viable pour provoquer en 2026 le retour des investisseurs particuliers disparus et la création d'une offre locative neuve cruciale pour notre société ».
Les chiffres du premier semestre 2025 laissent donc entrevoir une amorce de reprise à Lyon et sa métropole, portée par les accédants à la propriété. Mais les fondamentaux du marché restent fragiles : l'offre se contracte, les prix grimpent et l'absence des investisseurs menace la relance et risque de paralyser le marché locatif lyonnais. Si la tendance se confirme, il ne s'agira que d'une première étape sur le long chemin vers un marché de l'immobilier neuf équilibré et accessible. Pour cela, l'implication des collectivités locales et de l'État demeure indispensable, conclut la FPI.