Le marché de l'immobilier neuf dans le Var traverse une période de turbulences sans précédent, marquée par une crise qui touche tant l'offre que la demande. Selon les données fournies par l'Observatoire Immobilier de Provence, OIP pour le secteur du Var, les tendances observées en 2023 et au premier trimestre de 2024 montrent une situation toujours préoccupante, tant pour les professionnels du secteur que pour les acheteurs potentiels.

 

Un effondrement de l'offre et de la demande

 

L'année 2023 a été marquée par une baisse significative de l'offre de logements neufs. Les mises en vente ont chuté de 38 % par rapport à l'année précédente, avec des reculs de 40 % dans l'Ouest du Var et de 36 % dans l'Est. Cette diminution drastique de l'offre a été accompagnée d'une baisse tout aussi notable des réservations, qui ont dégringolé de 44 % sur l'ensemble du département.
Les tendances du premier trimestre 2024 confirment cette dynamique négative. Les mises en vente ont encore chuté de 68 %, les réservations nettes ont diminué de 23 % et le stock disponible a baissé de 13 % par rapport à la même période en 2023. Ces chiffres indiquent que la crise s'installe toujours plus durablement, affectant tous les segments du marché immobilier neuf.

 

Les causes de la crise du logement neuf dans le Var

 

Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Tout d'abord, les difficultés d'accès au crédit immobilier ont considérablement freiné la demande. La hausse des taux d'intérêt a dissuadé de nombreux acheteurs potentiels, notamment les primo-accédants, de se lancer dans un achat immobilier. Par ailleurs, l'incertitude économique liée à l'augmentation des prix des matières premières et de l'énergie a également joué un rôle dans la réticence des investisseurs à engager de nouveaux projets de construction.

 

Pression toujours sur les prix de l'immobilier neuf

 

Malgré la crise, les prix de l'immobilier neuf dans le Var ont continué de grimper. En 2023, le prix moyen des logements neufs a atteint des sommets, dépassant les 5 000 euros par mètre carré dans certaines zones prisées. Par exemple, à Toulon, le prix moyen au mètre carré pour un appartement neuf est de 5 200 €/m², tandis qu'à Fréjus, il avoisine les 4 800 €/m². Cette hausse des prix s'explique en partie par la rareté de l'offre, exacerbée par les difficultés rencontrées par les promoteurs pour obtenir des permis de construire et par l'augmentation des coûts de construction liée à l'inflation des matières premières et de la main-d'oeuvre. Cette tendance à la hausse rend l'accès à la propriété encore plus difficile pour les ménages modestes et les primo-accédants, accentuant la fracture sociale dans le département.

Tout un secteur varois du BTP en crise

 

Le secteur du bâtiment et des travaux publics n'est pas épargné par cette crise. Les mises en chantier de logements neufs ont reculé de 26,3 % sur les 12 mois se terminant en février 2024, tandis que les autorisations de construire ont diminué de 27,7 %. Le segment non résidentiel est également touché, avec une baisse de 31 % des mises en chantier et de 24,4 % des autorisations.
Face à cette situation, les acteurs du BTP espèrent un redémarrage grâce à la rénovation énergétique, principal vecteur de croissance identifié pour 2024. La simplification du dispositif MaPrimRénov' pourrait donner un coup de pouce à ce secteur, bien que cela ne suffira probablement pas à compenser les pertes subies dans la construction neuve.

 

Le logement social et le parc locatif en souffrance

 

Le marché du logement social dans le Var est également sous pression. Avec 42 804 ménages en attente d'un logement abordable, les demandes explosent tandis que les agréments pour la construction de logements sociaux sont au plus bas depuis quatre ans, avec seulement 1 931 unités en 2023. Dans le même temps, le marché locatif privé voit une légère augmentation des loyers : + 0,84 %, mais l'inquiétude vient du stock de biens disponibles à la location qui a diminué de 7,53 %, correspondant à 27 300 biens retirés du marché par leurs propriétaires.

 

Des répercussions préoccupantes pour l'ensemble des ménages

Cette crise de l'immobilier neuf dans le Var a donc des répercussions importantes sur le tissu socio-économique local. La baisse des transactions dans l'existant, en recul de 22,9 % à fin 2023, est principalement due à la hausse des taux d'intérêt qui a conduit de nombreux acheteurs potentiels à reporter leur projet d'achat. Cette situation renforce la fracture entre les ménages aisés, qui ont les moyens de choisir leur mode de logement, et les classes moyennes, les jeunes, les ménages modestes et les familles monoparentales, qui se retrouvent comme « assignés à résidence ».
Face à cette crise, les professionnels de l'immobilier et du BTP appellent le gouvernement à agir rapidement pour relancer la demande. Des dispositifs existants, mobilisables rapidement, sont évoqués comme solutions potentielles pour stimuler le marché. La situation nécessite des mesures urgentes pour éviter un effondrement total du secteur et pour répondre aux besoins croissants de logements abordables dans le département.
Le marché de l'immobilier neuf dans le Var est donc en proie à une crise profonde qui affecte tant l'offre que la demande. Les chiffres de l'OIP révèlent une situation alarmante avec des baisses significatives des mises en vente et des réservations, tandis que le secteur du BTP et le logement social subissent également les répercussions de cette crise du logement neuf. C'est l'ensemble des besoins de logement de la population varoise qui s'en trouve pénalisé.