Alexandre Lourette, Bouygues Immobilier : « Nous avons choisi de ne pas ralentir sur la RE 2028 et même de la systématiser »
Dans un marché tendu, Alexandre Lourette, Directeur Général Promotion Île-de-France, détaille la stratégie de Bouygues Immobilier : accompagner les primo-accédants, innover dans le réemploi et systématiser la décarbonation des projets. Le promoteur parie sur la résilience du neuf et la force du désir de propriété.
Dans un marché tendu, Alexandre Lourette, Directeur Général Promotion Île-de-France, détaille la stratégie de Bouygues Immobilier : accompagner les primo-accédants, innover dans le réemploi et systématiser la décarbonation des projets. Le promoteur parie sur la résilience du neuf et la force du désir de propriété.
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- Pour commencer, quel est votre ressenti de terrain depuis le début d'année en Île-de-France ? Comment se passe l'activité commerciale chez Bouygues Immobilier ?
« Nous sommes dans une dynamique de rebond. D'ici la fin de l'année, nous aurons mis sur le marché environ 1 000 logements neufs, bien répartis sur l'ensemble de l'Île-de-France. Nous avons de belles adresses, qui couvrent toutes les segmentations de clientèle : de la petite à la grande couronne, de l'urbain dense à la campagne, essentiellement en collectif.
Certains programmes rencontrent de vrais succès, comme le projet Voltige à Sartrouville, qui propose du logement en BRS, Bail Réel Solidaire. Dans un marché en crise, je suis convaincu que lorsque l'on choisit bien ses sites, ses architectures, ses prestations, et que l'on conçoit des logements adaptés, les clients répondent présents. »
- Justement, quelle est la clientèle qui tire aujourd'hui le marché ?
- Y a-t-il des programmes qui, au contraire, fonctionnent moins bien ?
« Je n'ai pas de programmes qui ne se vendent pas du tout. En revanche, certains s'écoulent plus lentement que prévu. C'est notamment le cas du marché de la secundo-accession, qui dépend des reventes dans l'ancien. Or, le marché de l'ancien est actuellement à l'arrêt. Dans ce contexte, les promoteurs se retrouvent en concurrence accrue, avec moins de clients. Cela demande d'être irréprochable sur l'adresse, le prix, la qualité architecturale et les prestations. »
- Qu'en est-il de la clientèle investisseur, notamment après le Pinel ?
« En Île-de-France, les investisseurs étaient déjà minoritaires, et ils le sont encore plus aujourd'hui. Nous réussissons encore à convaincre une clientèle avertie de se tourner vers le meublé ou le logement locatif intermédiaire, LLI. En revanche, les primo-investisseurs, qui souhaitent un complément de retraite en achetant un ou deux biens dans leur vie, sont beaucoup plus difficiles à mobiliser. Nos conseillers commerciaux, force de vente en interne, jouent un rôle clé pour expliquer et vulgariser ces dispositifs parfois complexes. »
- Dans un contexte économique et politique incertain, comment rester optimiste vis-à-vis du marché du neuf en général ?
« Malgré le climat anxiogène, le désir de devenir propriétaire reste viscéralement ancré chez les Français. L'envie est plus forte que les mauvaises nouvelles. Notre rôle est de continuer à accompagner, à adapter nos offres aux capacités de financement et aux attentes, et à créer du désir.
Cela passe aussi par des innovations concrètes : suppression des radiateurs grâce aux pompes à chaleur à air, logements modulables via notre démarche « Coeur de vie », jardins et espaces verts systématisés... Tout cela contribue à améliorer le confort et le bien-être. »
- Quelle place occupe le réemploi par exemple dans vos projets franciliens ?
« Le réemploi est un sujet sur lequel nous nous engageons concrètement. À Pierrefitte, par exemple, nous avons utilisé des briques de récupération pour une façade entière, avec un rendu exceptionnel. Sur une autre opération, nous avons intégré des pavés recyclés et des racks à vélo réemployés. À Clichy, nous avons pris des engagements chiffrés en kilos de carbone économisés, notamment grâce à des matériaux électriques issus du recyclage.
Nous travaillons aussi avec Cineo, une structure créée par le groupe Bouygues, qui nous permet de mutualiser et de capter des produits réemployables que nous intégrons ensuite sur nos chantiers. Le réemploi, ce n'est pas une exception : c'est une démarche que nous cherchons à systématiser, en l'inscrivant dans notre stratégie de décarbonation à long terme. »
- Comment conciliez-vous ces innovations environnementales avec l'accessibilité financière des logements ?
« Nous avons fait un choix clair : décarboner systématiquement tous nos projets. Cela signifie travailler sur les matériaux, la biodiversité, l'énergie, et le faire partout, pas uniquement sur des projets « vitrine » médiatisés. En standardisant nos pratiques, nous obtenons des économies d'échelle qui permettent de limiter les surcoûts.
En 2024, 85 % de nos projets étaient déjà au seuil de la RE 2025, réglementation environnementale 2025. Cette année, 100 % le seront, et nous allons même atteindre 15 % en RE 2028. C'est cette systématisation qui nous permet d'allier ambition environnementale et accessibilité pour nos clients. »
- Pouvez-vous nous citer quelques opérations emblématiques ?
« Un de mes récents coups de coeur : l'opération Mycelium à Moissy-Cramayel en Seine-et-Marne. C'est un projet absolument magnifique, situé au bord de l'eau, avec un écrin végétal en partie préservé et en partie recréé. L'architecture y est très chaloupée, douce et accueillante, avec un épannelage permettant d'accueillir du collectif, de l'intermédiaire et de l'individuel. On a vraiment l'impression d'évoluer dans un parc au bord de l'eau. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'assister, en présence des élus, au montage de murs préfabriqués en matériaux biosourcés : un bel exemple d'innovation.
- Parvenez-vous encore à lancer des opérations malgré l'approche des élections municipales ?
« Nous venons de lancer de très belles opérations, comme Passage Anatole à Aubervilliers, ou encore à Levallois et à Clamart, avec des façades en pierre. La pierre apporte à la fois durabilité, esthétique et confort d'été, un sujet de plus en plus crucial avec la répétition des fortes chaleurs. »
- Du côté des collectivités, sentez-vous une réelle prise de conscience sur la nécessité de produire du logement neuf ?
« C'est un sujet central ; mais cela va au-delà de la volonté d'un seul interlocuteur. Les solutions à la crise viendront de l'État, des opérateurs privés et publics, et aussi des élus locaux. Il faut collectivement redonner envie de construire.
Chaque résidence que nous livrons se remplit immédiatement, preuve qu'il y a un besoin massif de logements. Construire, c'est répondre à ce besoin, mais aussi créer de la qualité de vie et du durable, du bonheur en quelque sorte.
Chez Bouygues Immobilier, nous avons pris le parti de ne pas ralentir sur la RE 2028. Le climat n'attend pas et nous avons une responsabilité environnementale et sociétale. »


















