Architecture et art à l'honneur. À l'occasion du 10e anniversaire du programme « 1 immeuble, 1 oeuvre », Rachida Dati, ministre de la Culture, vient de récompenser les lauréats 2025 d'un prix devenu emblématique pour le secteur immobilier comme pour le monde de l'art contemporain. Créé en 2015 en collaboration avec la Fédération des promoteurs immobiliers, FPI France, ce dispositif novateur incarne une rencontre unique entre production immobilière et création artistique, avec une finalité claire : offrir à chaque nouveau bâtiment une oeuvre originale d'un artiste vivant.
Aujourd'hui, ce sont 96 acteurs du secteur immobilier - promoteurs, bailleurs sociaux, foncières - qui ont signé la charte du programme. Leur engagement : intégrer une oeuvre dans chacun de leurs programmes neufs. Ce geste artistique, au-delà de l'esthétique, souhaite enrichir le cadre de vie quotidien, à démocratiser l'accès à la culture et à renforcer le lien entre patrimoine bâti et création vivante. Le bilan est éloquent : plus d'une centaine d'oeuvres voient le jour chaque année dans tous les territoires.

 

Trois projets et leurs oeuvres exemplaires mis à l'honneur

 

Parmi près d'un millier d'installations réalisées au cours de ces dix dernières années, trois oeuvres particulièrement remarquables ont été récompensées en 2025. Elles illustrent l'étendue des approches artistiques possibles, et la capacité des promoteurs à jouer le jeu de la qualité et de la singularité.
La première oeuvre primée est Paisaia (2024) de Koralie Carmen Flores, une composition en bois découpé et peinture acrylique installée à Biarritz par AFC Promotion. Inspirée des paysages et de la flore basque, cette oeuvre murale évoque avec poésie l'environnement naturel local, en harmonie avec le projet résidentiel.
La deuxième, Objet 10 (2022) de Hugo Servanin, prend place à Courbevoie sur un mur de jardin d'un immeuble de bureaux conçu par Covivio. L'artiste y revisite Le Déjeuner sur l'herbe de Manet, en fragmentant et recomposant l'oeuvre via une collaboration avec une intelligence artificielle. Ce dialogue entre patrimoine pictural et technologie contemporaine met en avant une lecture sensible et innovante du rapport à l'image.

Enfin, Le Secret (2024) de Nathalie Talec, installée dans une résidence sociale restructurée à Bobigny par Seqens, représente un buste de jeune fille enveloppé dans une couverture dorée. L'oeuvre oscille entre douceur protectrice et évocation de la précarité, dans un équilibre subtil entre vulnérabilité et dignité. « Ce prix (...) reconnaît un engagement qui va bien au-delà du logement : créer des lieux où il fait bon vivre, où l'art et la culture trouvent toute leur place », a indiqué Marion Oechsli, directrice générale de Seqens, en marge de cette récompense.

 

Inédit : le public également mis à contribution

 

Pour la première fois cette année, les citoyens ont pu prendre part à la célébration du programme en élisant leur oeuvre favorite parmi une sélection de six projets. C'est Figuier de Barbarie (2023) de Laurent Perbos qui a conquis le public. Cette sculpture, installée à Toulouse par Belin Promotion, évoque un cactus formé à partir de raquettes de ping-pong - un clin d'oeil ludique et décalé à la culture populaire et aux formes de la nature.

 

Un prix, des trophées sur mesure

 

Les trophées remis aux lauréats ont eux-mêmes fait l'objet d'une commande artistique. Le ministère de la Culture a confié leur conception au duo de designers Florian Dach et Dimitri Zéphir (dach&zephir), en cohérence avec l'esprit du programme : valoriser la création contemporaine dans toutes ses dimensions.

 

Un engagement culturel au coeur de la fabrique de la ville

 

Pour la ministre, Rachida Dati, cette dynamique est à saluer. « Je félicite et remercie l'ensemble des artistes et des acteurs de l'immobilier qui s'engagent, par leur participation au programme '1 immeuble, 1 oeuvre', à soutenir et diffuser la création artistique sur l'ensemble du territoire national. » Un message fort, à l'image de cette initiative pionnière qui contribue à inscrire durablement la culture au coeur du renouvellement urbain.
En intégrant l'art dans l'habitat, les lieux de travail ou les espaces publics, « 1 immeuble, 1 oeuvre » rappelle que la qualité d'un bâtiment ne se mesure pas uniquement à ses performances techniques, mais aussi à sa capacité à créer du lien, de l'émotion, et du sens.