Pierre de Buhren, Empruntis : « Le nouveau PTZ est de bon augure »
Directeur Général d'Empruntis, courtier en crédit immobilier, Pierre de Buhren évoque les attentes autour du nouveau PTZ, Prêt à Taux Zéro mais aussi plus largement les évolutions des taux, l’intérêt des prêts bonifiés et de faire jouer la concurrence pour trouver le meilleur financement.

Directeur Général d'Empruntis, courtier en crédit immobilier, Pierre de Buhren évoque les attentes autour du nouveau PTZ, Prêt à Taux Zéro mais aussi plus largement les évolutions des taux, l’intérêt des prêts bonifiés et de faire jouer la concurrence pour trouver le meilleur financement.
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- Alors que le décret d'application du nouveau PTZ doit être prochainement publié, quel est votre ressenti sur le contour du Prêt à Taux Zéro 2025 et son impact potentiel sur l'immobilier neuf ?
Pierre de Buhren : « L'extension du PTZ, notamment sur la maison individuelle, est sans doute une bonne nouvelle. Cela va permettre d'ouvrir certains marchés ce qui est positif. Cependant, il faut relativiser cette annonce. Si le PTZ va effectivement libérer certains stocks de logements neufs, la relance de l'appareil productif de la maison individuelle risque de prendre plus de temps que prévu, et surtout, d'être une réalité bien plus tard, après le 1er avril, date de son entrée en vigueur.
Les promoteurs et les constructeurs devront aussi s'adapter à cette nouvelle donne. Peut-être que certains programmes en cours, qui n'ont pas encore trouvé preneur, pourront bénéficier du PTZ, mais je ne suis pas convaincu que cela suffise à relancer le marché. De plus, avec la situation politique et économique, notamment les élections municipales en 2026, la production de logements neufs ne redémarrera pas en un clin d'oeil. Les coûts restent élevés et l'offre de biens est assez faible. Avec des taux d'intérêt actuellement à 3 %, l'écart n'est pas aussi significatif qu'on pourrait le penser ; mais cela reste de bon augure. »
- Est-ce que les annonces autour du nouveau PTZ ont tout de même reboosté l'appétence des Français pour l'immobilier neuf ?
« Oui, tout à fait. Même si nous n'avons pas encore la précision sur les plafonds du PTZ et que l'attente du décret crée une certaine incertitude, les demandes continuent d'affluer. En fait, dès le dernier trimestre 2024, environ 20 % des dossiers que nous avons traités étaient en lien avec le PTZ. C'est une proportion non négligeable, qui montre bien que ce mécanisme a un effet sur les primo-accédants.
Nous notons également que de plus en plus de clients deviennent éligibles au PTZ. C'est une évolution positive, même si l'impact à court terme reste limité. Le PTZ simplifie effectivement le financement, mais la question est de savoir si cette aide suffira à relancer véritablement l'ensemble du secteur, notamment pour les maisons individuelles. »
- Quel est le profil des clients actuellement intéressés par l'immobilier neuf ? Quid des investisseurs ?
« Sur le marché de l'immobilier neuf, nous constatons une certaine stabilité parmi les primo-accédants. Cela représente environ 80 % de notre clientèle dans le cadre de la résidence principale. La primo-accession est un moment clé dans la vie d'un ménage, et c'est souvent à ce moment-là qu'ils font appel à un courtier pour les guider dans ce projet à long terme, souvent sur 25 ans.

- Qu'en est-il des prêts bonifiés proposés par de nombreux établissements bancaires ces derniers mois ? Avez-vous remarqué un rebond des demandes ?
« Oui, les prêts bonifiés ont bien eu un effet positif sur les demandes. Nous avons constaté une véritable augmentation de l'intérêt pour ces offres, notamment celles proposées par la Société Générale à 2,99 %. Ces campagnes ont boosté l'immobilier neuf et ont permis de donner un coup de pouce aux primo-accédants.
En outre, il y a des offres de prêts bonifiés via des entreprises, telles que celles qui permettent de bénéficier du 1% logement, une aide précieuse pour les salariés. Ce type d'abondement n'est souvent pas bien connu des emprunteurs, mais un courtier, comme nous, peut aider à identifier ces opportunités. Certaines banques proposent des taux différenciés selon l'efficacité énergétique du bien, ce qui est également un plus pour l'immobilier neuf. »
- Quelles sont les conditions de financement actuelles des banques ? Les banques sont-elles réellement en soutien du marché immobilier ?
« Les banques, en dehors de la période de crise de l'usure, n'ont pas vraiment fermé le robinet du crédit. Elles restent présentes sur le marché, mais la concurrence est forte. Elles doivent offrir des marges intéressantes pour attirer de nouveaux clients. Aujourd'hui, les conditions de financement sont relativement accessibles pour les clients solvables. Nous n'avons jamais été dans l'incapacité de trouver un financement pour un client solvable avec un bon profil.
Cela dit, la question de la rentabilité est importante pour les banques. Même si elles proposent des crédits à des taux attractifs, elles n'ont pas la même souplesse qu'auparavant. Certaines banques, comme la Société Générale, ont d'ailleurs fait un effort pour offrir des taux à 2,90 %, ce qui témoigne d'une volonté de soutenir le marché immobilier. Mais il reste des différences importantes d'une banque à l'autre en fonction de la stratégie commerciale et des taux qu'elles sont prêtes à proposer. »
- Les taux d'intérêt vont-ils continuer à baisser, ou faut-il s'attendre à une remontée ?
« Je pense qu'il est peu probable que les taux continuent de baisser significativement. Nous restons dans une fourchette assez stable autour de 3 %, ce qui est une situation relativement saine. L'inflation est maîtrisée à 2,3 %, et cela permet d'avoir des taux à 3 % qui sont plutôt équilibrés.

- Quel message souhaitez-vous transmettre aux futurs acheteurs ?
« Le message principal est de ne pas attendre un hypothétique « moment de grâce ». Si vous êtes convaincu que le bien que vous souhaitez acheter correspond à vos besoins et que vous pouvez vous le permettre sans risquer le surendettement, il est préférable de se lancer maintenant. Les taux sont relativement stables et plus bas que par le passé, et le marché immobilier semble avoir atteint un point de bascule en termes de prix.
Il est également essentiel de bien comprendre les différentes options de financement qui sont proposés par les établissements bancaires. Ce n'est plus une période où tout le monde obtient les mêmes offres, il est donc crucial de comparer les solutions disponibles. Un courtier peut vous aider à naviguer parmi ces options et trouver la solution qui correspond le mieux à votre projet et à votre profil.
Le marché est aujourd'hui plus complexe qu'hier, mais avec les bonnes informations et un accompagnement professionnel, il est tout à fait possible de faire une bonne affaire, même dans un contexte un peu incertain. »