Commerces : un premier semestre délicat
Entre l'ombre de l'instabilité politique et la lumière des Jeux Olympiques, le marché des commerces en France connaît un premier semestre complexe, marqué par une reprise fragile et une activité locative soutenue.
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Quand on veut acheter un logement neuf pour le louer, on souhaite que le quartier où il se situe soit dynamique commercialement parlant. D'où l'intérêt d'analyser la dernière étude dédiée aux marchés des commerces par le cabinet Cushman & Wakefield.
Ainsi, au terme du premier semestre 2024, le marché des commerces en France a été marqué par des performances mitigées, entre espoirs d'une reprise économique et inquiétudes persistantes face à l'instabilité politique. Ce climat de semi-stagnation a été influencé par plusieurs facteurs, dont le recul de l'inflation, les fluctuations de la consommation des ménages et la perspective des Jeux Olympiques à Paris.
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Reprise fragile de la consommation des ménages
Le début de l'année a été marqué par une légère reprise de la consommation des ménages, avec une hausse de 0,5 % au deuxième trimestre, après une progression modeste de 0,1 % au premier trimestre. Ce frémissement s'explique en partie par une décélération de l'inflation, qui est passée de 5,7 % en janvier à 2,1 % en juin. Reste que cette baisse de l'inflation n'a pas encore pleinement convaincu les consommateurs, dont le moral reste inférieur à sa moyenne historique, avec un indice de climat des affaires du commerce de détail à 100,3, légèrement en-dessous des attentes.
L'amélioration relative des conditions économiques a été soutenue par des dépenses accrues dans les secteurs de l'énergie et des transports, tandis que les secteurs du commerce de détail, comme l'alimentation et l'équipement de la maison, ont connu des difficultés. Le commerce de détail a en effet vu ses ventes reculer de 1,7 % sur douze mois à fin mai 2024. Confirmation de la réticence des ménages à augmenter leurs dépenses non essentielles.
Une activité locative dynamique notamment à Paris
Malgré ces incertitudes, l'activité locative est restée robuste, notamment à Paris, où les artères principales ont continué d'attirer les enseignes nationales et internationales. Les secteurs du luxe et du mass-market, en particulier, ont vu un regain d'intérêt, avec des mouvements notables sur des axes prestigieux comme la rue de Rivoli et le quartier du Marais. La présence des Jeux Olympiques, prévue pour l'été 2024, a accentué cette dynamique, avec une fréquentation des centres-villes en hausse de 10 % sur les quatre premiers mois de l'année, en partie grâce au retour des touristes et à une normalisation du télétravail.
Toutefois, cette forte demande a également conduit à une augmentation des loyers, notamment dans les zones les plus recherchées comme le Triangle d'Or parisien, où les loyers peuvent atteindre jusqu'à 15 500 €/m²/an sur les Champs-Élysées. Cette pression sur les prix de l'immobilier commercial pourrait devenir un frein pour certaines enseignes, malgré une légère baisse des prix de l'énergie qui a apporté un certain répit.
Investissements dans les commerces en berne
En revanche, le marché de l'investissement dans les commerces a connu une baisse significative, avec un volume de transactions inférieur à 1 milliard d'euros au premier semestre, soit environ la moitié des moyennes historiques. Ce repli est principalement attribuable à la rareté des transactions de grande envergure (plus de 100 millions d'euros), avec seulement deux opérations notables enregistrées jusqu'à la fin juin.
Les investisseurs semblent rester prudents face à un contexte économique et politique incertain. Vanessa Zouzowsky, responsable des marchés des capitaux Retail chez Cushman & Wakefield, précise que malgré la baisse récente des taux directeurs, le marché reste en attente d'une reprise plus nette de la confiance des investisseurs. « Malgré ce repli des volumes investis, la baisse récente des taux directeurs et l'ajustement du marché aux conditions de financement devrait continuer de maintenir l'attractivité des actifs commerciaux auprès des investisseurs et alimenter un flux transactionnel en attendant une reprise plus significative de l'activité », constate la Head of Capital Markets Retail. « Ce marché d'opportunistes pourrait se réanimer de concert avec le retour de la confiance, l'évolution de la conjoncture dans les prochains mois sera déterminante en ce sens. »
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Quelles perspectives pour le marché de commerces en France ?
L'avenir du marché des commerces en France dépendra largement de l'évolution du climat politique et économique. La dissolution de l'Assemblée nationale en juin a plongé le pays dans une période de turbulences, avec des implications potentielles pour les politiques économiques et fiscales à venir. D'autant que les défis internationaux, tels que les élections présidentielles américaines et les conflits géopolitiques, ajoutent une couche supplémentaire d'incertitude pour les investisseurs étrangers.
Dans ce contexte, les acteurs du marché espèrent que les Jeux Olympiques serviront de catalyseur pour une reprise économique plus robuste, notamment grâce à l'augmentation prévue de la consommation et du tourisme. Néanmoins, selon Cushman & Wakefield, une véritable relance du marché des commerces nécessitera un retour de la confiance des consommateurs et des investisseurs, conditionné par une stabilisation durable de l'environnement politique et économique. Le second semestre sera clé pour déterminer si la reprise amorcée pourra se transformer en un redressement plus durable et généralisé.