Après près de trois années de dégringolade, le secteur du logement neuf semble enfin entrevoir une éclaircie. Selon les données publiées par le ministère du Logement, les permis de construire ont enregistré une hausse notable de 7,2 % en juin 2025 par rapport à mai, une progression qui confirme une dynamique positive amorcée depuis plusieurs mois.

Une reprise progressive des permis de construire, mais encore en dessous des niveaux d'avant-crise

En juin, 32 900 logements ont été autorisés à la construction, contre 30 700 le mois précédent. Il s'agit du quatrième mois consécutif de hausse pour le volume annuel des permis de construire. Dans le détail, les maisons individuelles représentent 11 500 unités : + 8,9 % et les logements collectifs 21 400 unités : + 6,3 %. Il faut toutefois nuancer cette amélioration : ce volume reste encore 15 % inférieur à la moyenne observée avant la crise sanitaire (mars 2019 à février 2020), période de référence qui demeure difficile à atteindre.
Sur douze mois glissants, de juillet 2024 à juin 2025, 352 400 logements ont été autorisés à la construction, soit une légère progression de 1,1 % : + 3 800 unités par rapport à l'année précédente. Ce chiffre est néanmoins 24 % inférieur au niveau d'avant-crise, où l'on comptait encore plus de 460 000 permis annuels.
Cette hausse, bien que modérée, marque un net retournement de tendance après une chute continue depuis août 2022, période à laquelle le nombre de logements autorisés culminait à plus de 532 000 sur douze mois.

Les mises en chantier de logements neufs rebondissent également

La dynamique de reprise touche aussi les mises en chantier. En juin 2025, 26 000 logements auraient été effectivement lancés, soit un bond de 26,4 % sur un mois, après un creux de - 14,9 % en mai. Sur les douze derniers mois, 286 600 logements ont été mis en chantier, en hausse de 2,9 % par rapport à la période précédente : + 8 100 unités. Là encore, le volume reste en retrait de 26 % par rapport à la moyenne d'avant-crise.
Le ministère souligne toutefois que ces chiffres, notamment ceux des mises en chantier, peuvent être révisés à mesure que les données sont consolidées, car elles comportent une part d'incertitude.

Une crise toujours bien présente, malgré des signaux encourageants

Le secteur du logement neuf reste profondément affecté par plusieurs facteurs structurels : explosion des coûts de construction, hausse des taux d'intérêt, durcissement de l'accès au crédit et disparition de certains dispositifs fiscaux de soutien à l'investissement locatif, à l'image du Pinel. Ces éléments ont freiné, voire paralysé, de nombreux projets d'achat, tant pour les particuliers que pour les investisseurs institutionnels.
Face à cette crise persistante, deux parlementaires, le duo Daubresse-Cosson, ont récemment remis au gouvernement un rapport proposant de nouveaux leviers fiscaux pour relancer l'investissement locatif, via un statut du bailleur privé, soit un signal fort de la volonté politique de soutenir un secteur vital pour la cohésion sociale et l'économie locale.

Quelles sont les régions qui rebondissent le plus ?

La reprise des autorisations à construire n'est pas homogène sur le territoire. Trois régions se distinguent avec des hausses à deux chiffres : la Bretagne : + 13,3 %, les Pays de la Loire : + 12,3 % et le Grand Est : + 11,4 %. D'autres régions comme l'immobilier neuf en Normandie, l'Ile-de-France, la Nouvelle-Aquitaine ou encore Auvergne-Rhône-Alpes affichent également une dynamique positive, quoique plus modérée.
En revanche, plusieurs territoires sont encore nettement en recul, à commencer par le Centre-Val de Loire, la Corse, et les départements d'outre-mer tels que la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et La Réunion, où les autorisations chutent de plus de 10 % sur un an.
Du côté des mises en chantier, les signaux sont également encourageants, avec des hausses notables en Guyane : + 22,5 %, en Corse : + 15,2 %, et à La Réunion : + 11,5 %, bien que sur des volumes plus limités. La Normandie, la Nouvelle-Aquitaine, l'Occitanie ou encore le logement neuf en PACA enregistrent aussi des augmentations comprises entre 0 et 10 %.
En clair, ce rebond, bien que fragile, redonne un peu d'oxygène à un marché du neuf en souffrance. Il faudra toutefois confirmer cette tendance au second semestre. Si les signaux sont globalement positifs à mi-année 2025, l'écart avec l'avant-crise demeure considérable, preuve que la reprise reste encore à consolider.