Me Stéphanie Gaillard pour les Notaires du Grand Paris : « Co-acquisition, flexi-propriété, habitat participatif… sont des réponses créatives aux défis du logement »
La crise actuelle dans le logement, caractérisée par des contraintes financières et des taux d'intérêt défavorables, que ce soit pour devenir propriétaire ou simplement pour se loger, souligne l'importance d’imaginer des solutions innovantes. C’est pourquoi la Chambre des Notaires du Grand Paris a décidé d’aborder les défis du logement en mettant en lumière des modes d'acquisition et d’habitat alternatifs comme nous les détaille Me Stéphanie Gaillard, porte-parole des Notaires du Grand Paris.
La crise actuelle dans le logement, caractérisée par des contraintes financières et des taux d'intérêt défavorables, que ce soit pour devenir propriétaire ou simplement pour se loger, souligne l'importance d’imaginer des solutions innovantes. C’est pourquoi la Chambre des Notaires du Grand Paris a décidé d’aborder les défis du logement en mettant en lumière des modes d'acquisition et d’habitat alternatifs comme nous les détaille Me Stéphanie Gaillard, porte-parole des Notaires du Grand Paris.
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- La Chambre des Notaires du Grand Paris a choisi de mettre en avant des modes d'acquisition alternatifs et des solutions différentes pour pouvoir se loger, pourquoi en arrive-t-on là aujourd'hui ?
« Il y a actuellement trop peu de personnes qui peuvent devenir propriétaires. Cela crée une vraie difficulté pour la population qui a besoin d'être rassurée. L'immobilier est à un prix encore trop excessif, avec des allocations qui sont réduites et des taux d'intérêt moins favorables, limitant le nombre d'acquéreurs potentiels. La capacité d'emprunt des ménages s'est réduite d'environ 20 % en quelques mois et il faut donc être créatif et trouver des solutions pour palier cela. Il y a, par exemple, la co-acquisition qui permet habituellement d'acheter à plusieurs au lieu d'acheter seul. Cela peut être avec ses parents, enfants, compagnon ou amis ; mais aujourd'hui, on peut aussi s'appuyer sur un investisseur institutionnel qui achète avec des particuliers. L'investisseur finance une partie du logement à travers une société, et les particuliers deviennent propriétaires petit à petit.
Sur le même principe que la flexi-propriété ou propriété à vie, cela consiste à acheter avec un investisseur institutionnel qui ne vit pas avec vous. Vous versez une indemnité d'occupation pour la partie non encore achetée, devenant propriétaire progressivement. Si vous décidez de ne pas rester dans le bien, l'investisseur rachète selon un prix convenu dès le départ. C'est un mécanisme plus long, sur 50 ans par exemple, offrant des échéances moins contraignantes qu'un prêt immobilier qui se limite à 25 ans désormais. »
- Pourquoi les investisseurs institutionnels seraient-ils intéressés par ces solutions ?
« Les investisseurs institutionnels peuvent y voir une réponse à des contraintes d'investissement immobilier, à atteindre des objectifs sociaux, à assurer une rentabilité, en ayant la certitude d'avoir un occupant stable sur une longue période. Ils sont intéressés par la stabilité et la rigueur des occupants, qui entretiennent le bien puisqu'il est voué à devenir le leur à terme. »
- En parlant de solutions alternatives, qu'en est-il de l'habitat participatif ? Là aussi, c'est une solution qui se développe ?
« C'est effectivement une tendance émergente. L'habitat participatif implique la construction de logements en collaboration, partageant des espaces communs : un potager ou une buanderie par exemple et des services communs : chacun s'occupe à tour de rôle de récupérer les enfants à l'école. Cela peut diminuer les coûts d'accession à la propriété en mutualisant des pièces de vie commune et répondre à de nouvelles exigences de vie, notamment avec le télétravail. »
- Ces solutions semblent intéressantes, mais sont-elles accessibles à tous ? J'imagine que les notaires trouvent toute leur place dans le montage de ce genre d'opérations ?
« Il faut en effet préparer un cahier des charges précisant qui a financé quoi, qui va gérer les dépenses par exemple, avec un règlement intérieur précis mais dans les faits, les personnes qui se lancent dans un tel projet ont souvent bien anticipé les choses comme au sein d'une « super » copropriété. Dans tous les cas, ce sont des solutions de plus en plus adoptées, notamment par les primo-accédants et d'autant plus depuis la Covid, où certaines personnes petitement logées ont fait des choix différents pour aller vivre ailleurs, différemment ou dans plus grand grâce à ces espaces mis en commun. Il faut donc communiquer sur ces options pour les rendre plus accessibles au grand public. »
- A l'inverse, certains ont comme trop de place dans leur logement, ce sont les seniors. Là aussi, est-il possible d'imaginer d'autres solutions d'habitat partagé pour mieux encadrer le grand âge ?
« Dans ce cas-là, il peut y avoir plusieurs approches. La cohabitation intergénérationnelle, pour moi, répond à un modèle de vie solidaire. Trop de gens sont seuls, isolés, en grande souffrance sociale. Pourquoi ne pas dire, par exemple, qu'une personne âgée avec un grand appartement pourrait accueillir quelqu'un en mettant à disposition une partie de l'appartement, établissant un pacte d'échange. Le senior reste propriétaire, offre des logements à moindre coût, et cette cohabitation permet aux seniors de rester chez eux.
Nous sommes face à une réalité choquante de constater que des jeunes actifs et des étudiants se retrouvent logés dans des campings dans le Grand Paris à cause des nouvelles contraintes de rénovation des passoires énergétiques, quand il existe des solutions pour offrir des logements et du plaisir tant aux étudiants qu'aux personnes âgées.
Le viager peut aussi être une solution, permettant aux personnes âgées de rester chez elles tout en obtenant un complément de revenu. Cependant, il y a des aspects à considérer, comme le fait que le bien sort alors de leur patrimoine et qu'il ne pourra plus être transmis. Accueillir quelqu'un chez soi peut aussi être un moyen de compléter financièrement les revenus des personnes du 4e ou du 5e âge, et cela commence à devenir plus accepté dans les moeurs. Une question persiste sur la concrétisation pratique de ces solutions qu'on réserve jusqu'ici davantage à des jeunes ou étudiants de l'entourage de la personne âgée. » Lire également - Peut-on emprunter après 50 ans ?
- Comment peut-on justement mettre en avant ces alternatives et encourager leur développement quand on sait que les Français sont très attachés à la pierre ?
« C'est là toute la difficulté. Il faut répondre aux questions des clients, proposer des conseils, et surtout, communiquer sur ces options quand on perçoit que les solutions habituelles ne fonctionnent pas. Par exemple avec la flexi-propriété, cela vous permet de ne pas perdre de temps, de commencer à devenir propriétaire. Les investisseurs institutionnels sont prêts à considérer ces mécanismes, ce qui peut contribuer à la diversification des solutions de logement. Il faut donc continuer à développer ces idées nouvelles sous forme de conseils pratiques, les faire connaître et accompagner les clients dans ces démarches. »