Chaque année, la Fédération des Promoteurs Immobiliers des Alpes dévoile les chiffres clés du marché de l'immobilier neuf dans l'arc alpin. Et cette année encore, le constat est alarmant : la crise du logement s'aggrave en Savoie, particulièrement à Chambéry et Aix-les-Bains. Malgré les alertes répétées des professionnels du secteur, la situation continue de se détériorer. De quoi mettre en péril l'attractivité et le dynamisme de tout le territoire savoyard.
La crise que traverse l'immobilier neuf en Savoie s'inscrit dans un cadre national déjà très dégradé. En 2024, le nombre de mises en chantier en France est tombé à 263 100 logements, contre 287 100 en 2023. Il faut remonter à 1996 pour retrouver un niveau aussi bas. Comme ailleurs en France, plusieurs facteurs expliquent cette chute :
-    La disparition progressive des investisseurs, découragés par des conditions économiques et fiscales peu attractives avec la fin du Pinel.
-    Une hausse continue des coûts de construction, notamment en raison des nouvelles normes environnementales et le seuil de la RE 2025.
-    Une instabilité politique qui freine les décisions d'investissement et d'aménagement.
Si une légère baisse du taux d'intérêt moyen, proche désormais des 3 %, a été observée, cela ne suffit pas à inverser la tendance.

 

Une résistance relative du logement neuf dans le Grand Chambéry 

 

Avec ses 38 communes et 139 000 habitants, l'agglomération de Grand Chambéry résiste mieux que d'autres territoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais les chiffres restent préoccupants.
-    Le nombre de mises en vente a chuté à 411 logements en 2024, soit un recul de 31 % par rapport à 2022.
-    Les réservations totales reculent de 16 % par rapport à 2023.
-    Si les ventes aux particuliers, 377 réservations, rebondissent de 17 % sur un an, elles restent en retrait de 25 % sur deux ans.
Un signe encourageant toutefois pour l'immobilier neuf à Chambéry et son aglomération : l'essor du Bail Réel Solidaire, BRS et de la TVA réduite, qui représentent désormais 27 % des ventes aux particuliers. Côté prix, le marché reste relativement stable avec un prix moyen de 4 463 €/m² hors stationnement. En revanche, la durée de commercialisation a doublé, passant de 11,2 mois en 2022 à 20,8 mois en 2024.

 

Grand Lac : un marché de l'habitat neuf en crise profonde du côté d'Aix-les-Bains

 

Le territoire du Grand Lac, qui regroupe 28 communes et plus de 80 000 habitants autour du lac du Bourget, subit de plein fouet la crise du logement neuf.
-    Les réservations de logements neufs à Aix-les-Bains et sa région s'effondrent : - 33 % par rapport à 2023, - 54 % par rapport à 2022.
-    Les mises en vente disparaissent quasiment : - 86 % par rapport à 2022 et - 75 % par rapport à 2023.
-    Les investisseurs fuient : ils ne représentent plus que 13 % des acheteurs, niveau régional le plus faible, contre 40 % en 2022.

Résultat : le marché devient l'un des plus tendus de la région. Avec seulement 140 logements en commercialisation, l'offre a été divisée par deux en deux ans. Le stock d'invendus, lui, explose, passant de 1 % à 5 % en un an. Pourtant, les prix restent élevés, atteignant 5 351 €/m² hors stationnement, un niveau stable depuis 2022 mais en hausse par rapport aux 4 600 €/m² de 2021.
Grand Lac devient ainsi le deuxième territoire le plus cher de la région, derrière Grand Annecy et devant même le Grand Lyon. Une situation préoccupante qui pourrait accentuer les difficultés d'accès au logement et fragiliser l'économie locale.

 

Les conséquences sur l'immobilier neuf résidentiel et au-delà

 

Au-delà des chiffres, la FPI Alpes alerte sur les conséquences directes de cette crise. « La pénurie de logements va bien au-delà des difficultés que rencontre la promotion privée ; elle a un impact social et économique », insiste Vincent Davy, président de la FPI Alpes.
L'absence de nouvelles mises en vente suffisantes en 2024 laisse présager une aggravation de la situation dans les mois à venir. Une offre insuffisante de logements neufs entraîne une hausse des prix, rendant l'accession à la propriété de plus en plus difficile, notamment pour les ménages les plus modestes.
De plus, cette crise menace directement l'emploi dans le secteur du BTP et pourrait freiner l'attractivité du territoire. À terme, c'est tout l'équilibre économique et démographique de la Savoie qui est en jeu, alertent les promoteurs savoyards.
Face à cette situation critique, la FPI Alpes lance un appel aux pouvoirs publics. « Mesdames et Messieurs les élus, réveillez-vous et réagissez ! », exhorte Vincent Davy. Sans mesures fortes et immédiates pour soutenir la construction de logements neufs - simplification des démarches administratives, incitations fiscales pour les investisseurs, aides à l'accession - la Savoie pourrait entrer dans une crise du logement durable.
L'enjeu est de taille : il s'agit non seulement de permettre aux habitants de se loger dans des conditions dignes, mais aussi de préserver la vitalité et l'attractivité économique du territoire. Reste à voir si cet appel sera enfin entendu.