Crédit immobilier : l'accès au financement toujours difficile
Malgré la révision mensuelle du taux d’usure depuis février, la production de crédits immobiliers ne s’est pas relancée et la remontée des taux d’intérêt se poursuit avant l’été. Il va falloir davantage pour rouvrir les vannes du crédit immobilier selon les courtiers.

Malgré la révision mensuelle du taux d’usure depuis février, la production de crédits immobiliers ne s’est pas relancée et la remontée des taux d’intérêt se poursuit avant l’été. Il va falloir davantage pour rouvrir les vannes du crédit immobilier selon les courtiers.
Trouvez un logement neuf en 3 clics !
Où cherchez-vous ?
- Pour habiter
- Pour investir
- Terrains
Des annonces du CNR Logement décevantes, des statistiques de production de crédit moribondes, des barèmes de taux toujours à la hausse... difficile d'imaginer une relance rapide de la machine à crédit dans l'hexagone. En effet, les signaux négatifs continuent de se multiplier pour les emprunteurs.
Gratuit, téléchargez notre guide
“ Acheter un logement neuf : mode d'emploi ”
- Les avantages du neuf
- Comment financer un logement neuf
- Achat en VEFA, mode d'emploi
Les amères annonces du CNR Logement
Le big bang espéré avant la restitution du CNR Logement n'a pas eu lieu et notamment à propos de l'accès aux crédits des ménages. En début de semaine, les « mesurettes » selon les deux co-animateurs Christophe Robert et Véronique Bédague de ce Conseil National de la Refondation dédié au logement n'ont pas rassuré le monde de l'immobilier et du bâtiment au sens large, notamment à propos de l'aide au financement des projets immobiliers.
Lire aussi - CNR Logement : le manque d'ambitions et de lourdes conséquences
Si quelques semaines auparavant, le gouvernement avait dit vouloir inciter les banques à prêter davantage, pour l'instant, trop peu d'annonces ont été faites en ce sens. Pour l'heure, en ce qui concerne l'accès au crédit, seule la mensualisation du taux d'usure sera prolongée jusqu'en fin d'année, alors qu'elle devait redevenir trimestrielle à compter du 1er juillet. « La poursuite de la révision mensuelle du taux d'usure est tout de même une bonne nouvelle qui va permettre d'éviter un blocage encore plus important des crédits mais cela ne suffira pas. Il faut réinciter les banques à prêter », précise Julie Bachet, directrice générale du courtier Vousfinancer.
La mensualisation du taux d'usure n'a pas relancé le crédit immobilier
Sur un an, par rapport à mai 2022, qui était un point haut à 26,8 milliards d'euros, la production de crédits est en chute de presque 46 %. « Au regard des chiffres de production de crédits, il est indéniable que la révision mensuelle du taux d'usure n'a pas eu l'effet escompté, c'est-à-dire celui de débloquer l'octroi de crédit et inciter davantage les banques à prêter en leur permettant de remonter leurs taux de crédit. Depuis la fin de l'année 2022, le taux d'usure est passé de 3,05 % à 4,68 % sans que la production de crédit n'augmente, ne serait-ce que légèrement », détaille Julie Bachet.
L'inquiétant tour de vis sur le Prêt à Taux Zéro
Autre annonce inquiétante pour l'immobilier du CNR Logement : le recentrage du PTZ, Prêt à Taux Zéro. Même si sa prorogation jusqu'à fin 2026 pouvait s'apparenter au départ à une bonne nouvelle, le recentrage sur l'immobilier neuf collectif et les zones les plus tendues laisse augurer davantage de difficultés pour l'accès au crédit des primo-accédants dans près de 90 % des communes françaises. « Le recentrage du PTZ, bien qu'il soit prolongé, est un nouveau poids qui pèsera sur les épaules des primo-accédants », souligne Cécile Roquelaure, porte-parole du courtier Empruntis.
Dans le même temps, les taux d'intérêt poursuivent leur remontée et même plus fort que le mois dernier. Ainsi, les barèmes en ce début de mois de juin sont à la hausse : le taux moyen sur 20 ans est à 3.65 %. Une hausse de 40 points de base depuis le mois dernier en raison d'actualisation des barèmes en cours de mois par certains partenaires et de suppression de barèmes. La hausse imputable au mois de juin uniquement est majoritairement supérieure à celle du taux d'usure : en moyenne 20 points de base contre 16 pour le taux d'usure sur 20 ans et plus. Pour les meilleurs profils, c'est la fin des taux inférieurs à 3 % sur cette même durée, et les banques en dessous des 3.5 % se font de plus en plus rares, l'ère des 4 % est proche, décrypte-t-on chez Empruntis, qui explique que « si les banques ont accéléré, c'est que l'objectif est simple : retrouver des marges le plus vite possible pour prêter à nouveau dans des conditions plus normales. Mais nous n'en sommes encore pas là et espérons que la pause estivale permettra au marché un rééquilibrage ».
Besoin d’un crédit immobilier ?
Comparez gratuitement les offres de plus de 100 banques pour votre projet immobilier
Vers un assouplissement des conditions d'octroi pour emprunter
Autre forte attente des professionnels du crédit immobilier : un possible assouplissement des conditions d'octroi le 13 juin par le HCSF, Haut Conseil de Stabilité Financière. D'après les premières pistes évoquées pour faciliter l'accès au crédit, cela devrait porter sur la marge de flexibilité dont dispose les banques c'est-à-dire sur les 20 % de leur production de crédits qui peuvent ne pas respecter les critères d'endettement et de durée maximum imposés par le HCSF. « Il n'y aura pas de miracles : les banques n'utilisent actuellement même pas totalement leur marge de flexibilité : seulement pour 14,6 % au lieu de 20 %, et se fixent elles-mêmes leurs propres critères d'octroi de prêt en limitant le risque au maximum, compte tenu de la faible rentabilité de l'activité de crédit actuellement », remarque la directrice de Vousfinancer, Julie Bachet. « Espérons que les autorités auront à coeur de ne pas jouer le statu quo sur une situation déjà bien complexe », conclut pessimiste, Cécile Roquelaure pour Empruntis.