Hausse historique du taux d'usure : un niveau inédit depuis plus de dix ans
La hausse du taux d'usure atteint des sommets historiques, dépassant les 5,09 % pour les crédits sur 20 ans et plus, un niveau inédit depuis 2012. Une situation qui pourrait entraîner des répercussions sur les emprunteurs et le marché immobilier. Analyse et conséquences.

La hausse du taux d'usure atteint des sommets historiques, dépassant les 5,09 % pour les crédits sur 20 ans et plus, un niveau inédit depuis 2012. Une situation qui pourrait entraîner des répercussions sur les emprunteurs et le marché immobilier. Analyse et conséquences.
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Les taux d'usure, qui sont révisés mensuellement depuis le 1er février, ont connu une forte hausse pour le mois de juillet. Ils viennent de dépasser le seuil symbolique de 5 % pour les prêts immobiliers sur 20 ans et plus, atteignant ainsi un niveau inédit depuis 2012, dans un contexte de remontée rapide des taux. Une hausse qualifiée d'« exceptionnelle » par le courtier Empruntis. « Avec 41 points de base de plus ce mois-ci sur les prêts de 20 ans et plus, le niveau d'ouverture de l'accès au crédit est le plus important depuis le début de l'année », analyse Cécile Roquelaure, directrice des études chez le courtier.
Cette tendance à la hausse a débuté il y a 18 mois et ne semble pas prête de s'arrêter, notamment en raison de la volonté de la Banque Centrale Européenne de poursuivre sa politique de hausse des taux directeurs afin de lutter contre l'inflation.
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Un second semestre toujours impacté par l'augmentation des taux bancaires
Les nouveaux taux d'usure pour le mois de juillet, dont la publication est donc désormais mensuelle, ont été dévoilés le 29 juin au Journal Officiel. Ils ont connu une très forte augmentation, notamment pour les prêts sur 20 ans et plus, qui sont actuellement la durée de crédit la plus répandue, avec une hausse de 0,41 point.
Pour la première fois depuis 2012, les taux d'usure dépassent ainsi le seuil symbolique de 5 %, après avoir franchi la barre des 4 % en mars seulement. A l'époque, les taux de crédit s'élevaient en moyenne à 4,30 % sur 20 ans. Les taux d'usure atteignent désormais 4,84 % pour les prêts de 10 à 20 ans et 5,09 % pour ceux sur 20 ans et plus. Par rapport à fin 2022, cela représente une hausse de 2 points en seulement un peu plus de six mois.
Qu'est-ce qui explique cette forte remontée des taux d'usure ?
La remontée rapide des taux d'usure, notamment pour les prêts sur 20 ans et plus, est due à la forte hausse des taux de crédit observée ces dernières semaines. Selon la Banque de France, les taux effectifs pratiqués par les établissements de crédit ont atteint 3,82 % au cours des trois mois précédant le 1er juillet, auxquels s'ajoute une marge d'un tiers pour obtenir le taux d'usure. Cette formule de calcul entraîne une augmentation plus importante des taux d'usure lorsque les taux de crédit sont élevés. A ce rythme, et avec la révision mensuelle actée, il est estimé que les taux d'usure pourraient dépasser les 6 % d'ici la fin de l'année.
Dans ce contexte de remontée rapide des taux d'usure, les banques augmentent également leurs taux de crédit de manière progressive pour retrouver des marges et des capacités de s'autofinancer. Mais jusqu'à quand ? Actuellement, les taux d'intérêt moyens, en attendant les nouveaux barèmes pour juillet, sont de 3,6 % sur 15 ans, 3,8 % sur 20 ans et 4 % sur 25 ans, avec fréquemment des taux dépassant les 4 % sur les prêts de 20 ans et plus.
Les prévisions maintiennent un scénario de taux à 4,5 % d'ici la fin de l'année, voire un retour à des taux de 5 % début 2024, en raison de la remontée rapide des taux d'usure et de la politique de hausse des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne pour lutter contre l'inflation. Cette situation serait une mauvaise nouvelle pour les emprunteurs, car leur capacité d'emprunt diminuerait davantage, à moins qu'il y ait une forte baisse des prix.
« Les banques veulent vraiment assainir la situation pour pouvoir repartir. Même si le redémarrage prendra plus de temps que prévu, probablement pas avant le mois d'octobre pour obtenir des crédits et des clients en début d'année. Il est donc prévu de nouvelles hausses de taux de crédit au cours des trois prochains mois, mais si l'accès au crédit se normalise, cela sera une véritable amélioration », conclut Cécile Roquelaure d'Empruntis.
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