D'après Mélanie Heard, responsable du Pôle Santé du think tank progressiste, Terra Nova, les leçons tirées des confinements liés à la crise de la Covid-19 nous ont rappelé l'importance cruciale de la qualité des logements sur la santé tant physique que psychologique de leurs occupants. Cette prise de conscience a mis en lumière les risques sanitaires liés au logement, allant des problèmes respiratoires aux intoxications, en passant par la précarité énergétique et le surpeuplement. La qualité de notre habitat a un impact significatif sur notre bien-être, notre santé et notre qualité de vie. D'où l'importance d'une meilleure prise en compte du logement par les politiques. 
En effet, le logement, où nous passons en moyenne 70 % de notre temps en France, est souvent considéré à tort comme un sanctuaire préservé de l'extérieur. Cependant, les risques environnementaux extérieurs ne doivent pas faire oublier que les caractéristiques propres de notre habitation ont un rôle majeur sur notre état de santé. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu que la qualité de l'habitat joue un rôle essentiel dans la santé des habitants, rapporte Terra Nova.

Le bien-être dans son logement influe sur la santé

Bien sûr, les risques liés à la pollution extérieure sont importants, avec neuf millions de décès annuels dus à la pollution de l'air, de l'eau et du sol dans le monde. En Ile-de-France, ce sont 8 000 décès évitables par an qui seraient imputables à la pollution. Toutefois, les caractéristiques de notre habitat, comme la qualité de l'air intérieur, l'isolation, l'humidité, le bruit..., sont tout aussi cruciales pour notre santé. Les pathologies respiratoires, les allergies, les intoxications (plomb, monoxyde de carbone, radon) sont des risques courants liés à la qualité de notre habitation. De plus, la précarité énergétique, le surpeuplement et le coût du logement peuvent également avoir des conséquences néfastes sur la santé.
C'est notamment la crise de la Covid-19 qui a mis en évidence les inégalités de logement et de santé. Les logements surpeuplés ont contribué à la propagation du virus, tandis que certaines personnes ont pu bénéficier d'un environnement plus sûr pendant les confinements. Les choix de notre lieu de résidence ont pris une nouvelle dimension, mettant en évidence l'importance d'un environnement de vie sain. 
Une importance également soulignée par l'OMS qui a montré que les inégalités sociales et environnementales se traduisaient en inégalités de santé et de bien-être. Le logement devient de plus en plus crucial pour la santé en raison des changements démographiques et climatiques. En 2050, la population urbaine mondiale devrait doubler, nécessitant des solutions de logement, et la population mondiale âgée de plus de 60 ans, qui passe plus de temps à la maison, doublera également. Les conditions météorologiques extrêmes liées au changement climatique accentuent l'importance de fournir des logements résilients.

L'impact du logement sur la qualité de vie

Si la qualité de l'air intérieur est un enjeu majeur pour les occupants d'un logement, c'est également le cas de la précarité énergétique. En 2013, 4,7 millions de ménages en France ont déclaré avoir eu froid dans leur logement. En parallèle, la « précarité énergétique d'été » est aussi devenue un problème, mettant en évidence l'inconfort des logements mal isolés par temps chaud. Le surpeuplement est également un facteur de risque pour la santé dans la diffusion des virus.
En outre, le coût du logement a également un impact sur l'accès aux soins. Lorsque les ménages consacrent plus de 30 % de leurs ressources au logement, ils réduisent leurs dépenses de santé de 35 euros par mois par rapport à un ménage qui y consacre moins de 10 %, d'après un rapport du Credoc de 2011. Selon diverses études relayées par Terra Nova, l'insalubrité du logement et son impact sur la santé apparaissent de fait étroitement liés à l'efficacité énergétique, à la qualité du bâti et aux conditions d'occupation de l'habitat.

Qu'est-ce qu'un logement décent ? Qu'est-ce qu'un logement insalubre ?

L'histoire des catégories utilisées pour évaluer l'impact du logement sur la santé montre un continuum dans les inégalités de logement et de santé. La notion d'insalubrité est devenue la notion de qualité du logement, qui est aujourd'hui au coeur des politiques publiques.
Selon Terra Nova, il est donc essentiel de développer de meilleures mesures de l'impact du logement sur la santé. Les indicateurs actuels se concentrent souvent sur les déficiences physiques et les coûts de réparation, en négligeant l'exposition à l'environnement intérieur. Plusieurs équipes de chercheurs travaillent sur des indices de qualité de l'habitat liés à la santé. En Amérique du Nord, le Housing and Environmental Quality Index (HEQI) évalue la qualité du logement en se basant sur les lignes directrices de l'OMS. En France, le projet du programme SAPHIR, soutenu par l'ARS Ile-de-France, recherche-action dans le cadre d'un partenariat entre le bailleur social Paris Habitat et l'Institut des Hautes Études pour l'Action dans le Logement (IDHEAL) vise à évaluer la qualité des habitats en fonction de la santé. Des recherches sur la qualité de l'habitat et les « nouveaux besoins » qui se sont accélérées entre les acteurs du logement (architectes, promoteurs, bailleurs sociaux) depuis le Covid.
Du coup, l'avenir de l'immobilier neuf est marqué par une évolution significative, mettant l'accent sur la qualité de vie, le bien-être, et la durabilité des logements. Les architectes et constructeurs sont désormais engagés dans une quête pour répondre aux besoins changeants des occupants, tout en s'efforçant de rétablir le désir de vivre en ville. Pourtant, malgré les avancées considérables dans la conception des logements neufs, la santé n'est que rarement évoquée de manière explicite. Il est surprenant de constater que, même dans des initiatives récentes telles que le programme « Engagés pour la qualité du logement de demain », le terme « santé » est quasiment absent des cahiers des charges, rapporte Mélanie Heard. Cela met en évidence un défi actuel : la difficulté des acteurs du logement et de la santé à dialoguer efficacement.
A l'instar des efforts déployés pour améliorer la qualité des logements, il semble impératif, d'après Terra Nova, de reconnaître la nécessité d'intégrer la dimension de la santé de manière plus explicite. Alors que les notions de confort et de bien-être gagnent du terrain, il est temps de prendre en compte la santé comme une composante essentielle de l'immobilier neuf. Le chemin vers des logements véritablement sains, durables et adaptés aux besoins des occupants implique de rétablir ce lien entre le logement et la santé, un défi qui, même au XXIe siècle, reste d'une pertinence cruciale.
Bien que le bien-être et la qualité de vie soient à l'ordre du jour, la question de la santé reste encore en grande partie en retrait, ce qui souligne le défi persistant de faire converger les mondes du logement et de la santé. Une conclusion du think tank qui nous rappelle qu'en dépit des progrès significatifs, l'immobilier neuf doit encore s'attacher à faire du bien-être et de la santé des occupants une priorité centrale.