L'alerte de l'Alliance pour le Logement : l'Île-de-France au bord du krach immobilier
Permis au ralenti, ventes en berne, investisseurs en fuite : en Île-de-France, la construction de logements neufs atteint un seuil critique. L’Alliance pour le Logement francilienne alerte sur un blocage sans précédent et appelle à des mesures urgentes.

Permis au ralenti, ventes en berne, investisseurs en fuite : en Île-de-France, la construction de logements neufs atteint un seuil critique. L’Alliance pour le Logement francilienne alerte sur un blocage sans précédent et appelle à des mesures urgentes.
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Investisseurs absents, élections municipales, permis bloqués, PLU et recours : l'Île-de-France face à une crise du neuf historique. Alors que la crise du logement se prolonge en France, l'Alliance pour le Logement Île-de-France a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Dans un contexte de tensions économiques, de désengagements financiers des collectivités et de paralysie institutionnelle, la situation du logement neuf en Île-de-France atteint un niveau critique. Le dernier bilan trimestriel, publié par l'organisation, révèle un effondrement de l'offre, une raréfaction des permis de construire et une inquiétante désaffection des investisseurs.
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Un effondrement inédit de l'offre de logements neufs à Paris et sa région
Le constat est sans appel : l'Île-de-France vit une véritable dégringolade de la production neuve. En 2024, seuls 9 220 logements ont été mis en vente, soit une baisse de 32 % en un an et de 64 % par rapport à la moyenne des dix dernières années. Ce niveau est le plus bas depuis trois décennies. Au premier trimestre 2025, cela reste sur la même dynamique : 2 330 logements mis en vente.
Face à cette situation, l'Alliance souligne que « les élus doivent être responsables pour l'intérêt général, notamment en Île-de-France où les conséquences des données structurelles sont encore plus vraies qu'ailleurs : 12 millions d'habitants, avec plus de décohabitation par exemple ». Malgré une très légère hausse des ventes : + 1 % sur un an au terme du premier trimestre, attribuée au travail des promoteurs pour améliorer la solvabilité des ménages, notamment les primo-accédants, la dynamique est clairement enrayée.
L'impact des élections municipales de 2026 en ligne de mire
Traditionnellement, les périodes préélectorales freinent la délivrance des permis de construire. Mais cette fois-ci, la situation pourrait devenir « extrêmement grave », alerte l'Alliance, au regard de l'effondrement de l'offre actuelle. Un avertissement est lancé aux maires : « Être responsable, c'est signer des permis de construire maintenant car malgré les idées reçues, il n'y aura pas de travaux d'ici mars 2026. Est-ce qu'être un bon maire, c'est n'avoir rien fait ? », s'interroge-t-on à la FPI Île-de-France. Un signal fort en faveur de l'intérêt général, alors que des maires ont récemment été condamnés pour avoir bloqué des permis pourtant conformes au PLU, un jugement qui pourrait faire jurisprudence. Mais peut-on attendre des années de procédure pour voir sortir de nouveaux projets immobiiers ?
Devenir propriétaire : un parcours résidentiel totalement grippé
La situation n'est pas meilleure sur le marché de l'ancien. Le parc locatif privé est en net recul, fragilisé par les contraintes fiscales et réglementaires (encadrement des loyers, interdiction de location des passoires thermiques). Résultat : des loyers qui stagnent à Paris : + 0,2 % sur un an, à 29,4 €/m² ; mais une offre qui s'assèche.
Le marché des ventes anciennes montre un léger frémissement : + 1,6 % sur un an à 126 924 ventes, mais reste largement freiné par des prix encore trop élevés. Dans ce contexte, l'Alliance pour le Logement Île-de-France réclame une révision des politiques publiques : remplacement de l'encadrement des loyers par un abattement fiscal incitatif, annulation de l'interdiction de louer les biens classés G, création d'un véritable statut du bailleur privé ou encore simplification des garanties pour sécuriser les loyers.
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Des propositions concrètes pour sortir l'immobilier neuf de l'impasse
L'Alliance, qui regroupe en Île-de-France des acteurs majeurs comme la Fédération des Promoteurs Immobiliers IDF, la FNAIM Grand Paris, l'UNIS ou encore l'AORIF, appelle à une série de mesures d'urgence :
- Simplifier les cahiers des charges, devenus « kafkaïens » avec parfois jusqu'à 500 pages de contraintes.
- Renforcer les tribunaux administratifs, pour garantir des décisions dans les délais légaux (6 mois), alors que certaines juridictions, comme à Melun, traitent les recours en plus de deux ans.
- Accélérer les procédures d'aménagement en donnant davantage de moyens aux établissements publics et aménageurs.
- Relancer les financements locaux, aujourd'hui en berne, qui bloquent de nombreuses opérations, notamment les logements étudiants et les pensions de famille.
- Redonner de la visibilité aux acteurs, via un calendrier clair pour le Comex IDF Logement, relancé en janvier dernier ; mais sans visibilité désormais.
Une filière à bout de souffle face à l'inaction de l'État
Au-delà du logement neuf, c'est toute la chaîne du logement qui est en souffrance. La suppression brutale de certaines aides, comme celles de MaPrimeRénov' sans concertation pour suspicion de fraudes dans les dossiers de rénovation globale, a suscité la colère des professionnels : « Il n'est pas acceptable que les rénovations par gestes, non concernées par ces difficultés, subissent le même sort. »
Alors que l'Île-de-France concentre les besoins les plus criants, l'Alliance regrette une forme d'indifférence de l'État. « Tout le monde aime l'immobilier, les Français ont confiance dans la pierre, dommage qu'au sommet de l'État et notamment à Bercy, cela ne soit pas le cas. » Une phrase qui résume le sentiment d'abandon d'un secteur pourtant essentiel à la cohésion sociale et au dynamisme économique de la région.