Comme on pouvait s'y attendre avec la remontée des taux d'intérêt, ImmoStat rapporte un fort ralentissement des investissements résidentiels en France au premier trimestre 2023. 
Au premier trimestre 2023, le montant global des investissements en immobilier résidentiel en France, tel que défini par ImmoStat, est de 530 millions d'euros, soit une baisse de 83 % en comparaison du premier trimestre 2022. Tous les secteurs, actifs résidentiels classiques et intermédiaires et immobilier géré, sont touchés par ce recul. C'est le pire premier trimestre enregistré depuis 2018, après tout de même deux années record, il faut le rappeler. 

Investir : un recul en attendant mieux en fin d'année ?

Ce résultat s'explique principalement par l'absence des grands portefeuilles, qui avaient dominé le marché début 2022. Toutefois, même en ne tenant compte que des transactions unitaires, le marché est encore en baisse sur les trois premiers mois de l'année, en raison notamment de la hausse rapide des taux de crédit, qui impacte directement les investisseurs institutionnels, analyse BNP Paribas Real Estate. « Malgré un fort ralentissement constaté au premier trimestre, le marché résidentiel devrait rebondir au troisième trimestre, notamment grâce aux ventes massives en VEFA », commente Jean-François Morineau, Directeur Général Délégué Conseil Habitation et Hospitality de BNP Paribas Real Estate.
En effet, comme l'avait annoncé Elisabeth Borne dans sa dernière feuille de route gouvernementale, CDC Habitat prévoit un plan d'investissement massif : 17 000 logements neufs achetés en VEFA pour un budget total de 3,7 milliards d'euros. Lire aussi - CDC Habitat va soutenir la construction de 17 000 logements neufs
En attendant les conséquences chiffrées de ces annonces, au terme du premier trimestre, les actifs résidentiels classiques et intermédiaires ont totalisé 332 millions d'euros au premier trimestre 2023, soit une baisse de 88 % au regard du premier trimestre 2022. 
Le trimestre a néanmoins été rythmé par plusieurs transactions significatives, dont l'acquisition en VEFA par BNP Paribas REIM France d'un immeuble résidentiel de 2 800 m² à Saint-Cyr-l'Ecole, pour le compte d'un investisseur danois. On compte également trois transactions de logements intermédiaires, contre aucune au premier trimestre 2022, représentant 20 millions d'euros. 

Immobilier géré : le coliving a de plus en plus la cote

Pour ce qui est des actifs résidentiels gérés : résidence étudiante, senior, coliving... ils ont totalisé 198 millions d'euros au premier trimestre 2023, soit une baisse de 51 % par rapport au même trimestre l'année précédente. Les résidences seniors avec 15 millions d'euros engagés et les résidences pour étudiants avec 26 millions d'euros investis, ont réalisé des performances décevantes en ce début d'année. A l'inverse, le marché du coliving a été particulièrement dynamique, avec six transactions pour 157 millions d'euros. Exemple avec l'acquisition en VEFA d'une résidence de près de 13 000 m² à Courbevoie par Kley pour un montant d'environ 80 millions d'euros. Lire aussi - Le coliving, c'est quoi ?

Pour Ikory, un des participants à cet indice ImmoStat, ce début d'année est à mettre en perspective avec les prises de position des différents acteurs du résidentiel entre attentisme et recherche de nouvelles opportunités. « L'attrition du marché de l'investissement à laquelle nous assistons est l'expression de la mue des acteurs du résidentiel », analyse Eric Fintz, directeur général adjoint d'Ikory. « Les investisseurs core se sont mis en attente, avec des taux de rendement attendus à la hausse. A l'inverse, les bailleurs sociaux et les opérateurs en démembrement sont très actifs. De plus, nous commençons à revoir des fonds opportunistes ou des marchands de biens, qui étaient restés en dehors du marché ces dernières années, et que la reconstitution de la décote entre bloc et découpe contribue à faire revenir ».