Alerte rouge au logement : l'incompréhension se poursuit
Face à l’incompréhension des propos du président de la République et du report des conclusions du CNR Logement, six organisations du bâtiment et de l’immobilier montent une nouvelle fois au créneau en lançant une alerte rouge.

Face à l’incompréhension des propos du président de la République et du report des conclusions du CNR Logement, six organisations du bâtiment et de l’immobilier montent une nouvelle fois au créneau en lançant une alerte rouge.
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« L'heure n'est plus aux constats, aux atermoiements ni aux hésitations », voilà l'une des réactions de la profession dans une lettre ouverte au président de la République. En effet, unanimement, la FFB, la FNAIM, la FPI, le Pôle Habitat FFB, PROCIVIS et l'UNIS demandent de « puissantes mesures d'urgence face à la crise du logement qui s'installe durablement » en France.
Les déclarations d'Emmanuel Macron dans une interview à Challenges, où il a fustigé « un système de sur-dépenses publiques pour de l'inefficacité collective », un « paradis des investisseurs », ont fait réagir la profession. Parmi ceux-ci, Norbert Fanchon, président du groupe Gambetta qui dans une tribune a tenu à rappeler que « mettre 1 € dans le logement des Français, ce n'est pas appauvrir l'Etat, au contraire. Construire fait rentrer des recettes, notamment de la TVA. On a l'impression que, pour Bercy, investir dans le logement signifie perdre de l'argent. C'est faux ! Pour 1 € mis dans le logement, c'est 3 € gagnés en fiscalité pour les collectivités locales et l'Etat ».
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CNR Logement : un report qui ne passe pas
Autre reproche fait au chef de l'Etat, celui d'appeler à une nouvelle « conférence des parties » pour répondre à la crise du logement, alors que les conclusions du Conseil national de la refondation, CNR, dédié au logement étaient attendues le 9 mai dernier et que son report, prévu désormais pour le 5 juin, a suscité l'incompréhension et une vive inquiétude de la part du monde du logement.
Après six mois de travail, 200 acteurs mobilisés, les deux co-animateurs de ce CNR, Véronique Bédague, PDG de Nexity, et Christophe Robert pour la fondation Abbé Pierre, avaient été les premiers à monter au créneau dès l'annonce du report, tandis que le logement constitue la première dépense contrainte des ménages et que la crise s'amplifie. L'Observatoire Crédit Logement annonce en effet 40 % de refus de prêt au premier trimestre, les ventes de logements neufs aux particuliers ont encore chuté de près de 40 % rien qu'au dernier trimestre 2022 pour un recul total de 20 % sur l'ensemble de l'année dernière. Tendance qui va s'amplifier au premier trimestre : les premiers chiffres parlent d'un effondrement des ventes de 40 %.
Et les organisations représentatives de rappeler que la hausse des taux d'intérêt réduit la capacité d'emprunt des Français, que des propriétaires qui souhaitent déménager se trouvent contraints de différer leurs projets, que des locataires qui veulent accéder à la propriété doivent y renoncer. « Les parcours résidentiels se grippent et faute de rotation, le marché locatif se bloque, créant des tensions qui devraient encore s'accentuer en septembre ; d'autant que les investisseurs particuliers et plus encore institutionnels l'ont déserté face à des rendements affaiblis et que la sortie progressive du marché des logements les plus énergivores va accroître la pénurie », détaillent dans un communiqué de presse les six organisations.
Les mesures réclamées par la profession ont pourtant été maintes fois évoquées :
- un allègement des contraintes mises en place par le Haut conseil de stabilité financière en janvier 2022 ;
- le rétablissement du prêt à taux zéro avec une quotité de 40 % sur l'ensemble du territoire assorti d'un élargissement de la cible éligible et d'une révision des plafonds d'opérations afin de tenir compte de la hausse des prix ;
- la remise en place du dispositif Pinel dans sa version 2022 dans l'attente d'un travail collégial sur le statut du bailleur privé.
Un électrochoc indispensable pour le parcours résidentiel des ménages
C'est un « électrochoc indispensable » que réclament surtout les organisations signataires, tandis que le BTP annonce 150 000 pertes d'emplois si rien n'est fait très rapidement, sans même parler d'un « manque criant et évident de logements ainsi que l'aggravation des conditions de vie des Français du fait d'une pénurie d'offre accessible », rappellent les signataires. « Quand l'Etat prendra-t-il la véritable mesure du risque de bombe économique, sociale et sociétale que représente la crise du « pouvoir d'habiter » à laquelle font face nos concitoyens ? », se sont interrogées les fédérations professionnelles du bâtiment et de l'immobilier dans cette lettre, véritable appel à l'aide d'une profession qui interpelle ainsi le chef de l'Etat au nom de tous les Français.
Alerte rouge logement : des mesures attendues en urgence pour les Français !
Monsieur le Président de la République,
Le Conseil national de la refondation dédié au logement, qui devait présenter ses conclusions le 9 mai dernier, a été reporté sans qu’une nouvelle date soit fixée. Pourtant, nous lisons qu’une autre « conférence des parties » pourrait être organisée !
L’heure n’est plus aux constats, aux atermoiements ni aux hésitations. Quand l’État prendra-t-il la véritable mesure du risque de bombe économique, sociale et sociétale que représente la crise du « pouvoir d’habiter » à laquelle font face nos concitoyens ?
Faut-il rappeler que le logement constitue un bien essentiel et entre en résonance avec tous les sujets du quotidien : pouvoir d’achat, qualité de vie et santé, emploi, dynamisme des territoires ? Il n’y aura d’ailleurs pas de plein-emploi si la mobilité des salariés est entravée par l’impossibilité de se loger.
Faut-il encore rappeler que le logement constitue un formidable moteur de notre économie et que, sans décisions puissantes et rapides, son arrêt entraînera dans les prochains mois la destruction de plus de 150 000 emplois, mais également un manque criant et évident de logements ainsi que l’aggravation des conditions de vie des Français du fait d’une pénurie d’offre accessible ? Ce déficit concernera aussi la construction de logements sociaux, dont 54 % sont réalisés par les promoteurs immobiliers.
Faut-il rappeler que l’industrie immobilière est totalement engagée dans la transition écologique, avec l’application de la réglementation environnementale 2020 dans le neuf, sans doute la plus exigeante au monde, l’engagement clair vers la sobriété foncière, avec son volet recyclage des sols déjà artificialisés, ou encore la lutte contre l’obsolescence des bâtiments par leur transformation d’usage ?
En matière de rénovation énergétique, faut-il enfin rappeler que les moyens doivent être à la hauteur des enjeux et des ressources des ménages ? À défaut, il faudra se résoudre à assouplir le calendrier de la loi climat et résilience, notamment pour le rendre compatible avec les contraintes de la copropriété, sous peine de voir le parc locatif privé subir de lourdes pertes.
Un électrochoc est indispensable : des mesures applicables immédiatement et puissantes sont nécessaires pour éviter que cette crise ne s’accentue encore.
Monsieur le Président de la République, votre gouvernement connaît les propositions des professionnels que nous représentons pour répondre à la demande toujours forte des ménages et leur redonner du pouvoir d’achat immobilier.
Il sait quels leviers actionner, notamment en soutien aux collectivités, pour relancer l’offre de logements et, au-delà d’un financement public lié à l’urgence, nous avons besoin de solutions bancaires. Alors, l’investissement immobilier est-il un enfer ou un paradis ? Nous répondons « satisfaction des besoins des Français, en accession et en location, et recettes fiscales nettes pour l’État ».
Nous attendons désormais non plus une énième concertation, mais l’expression d’une volonté présidentielle claire et ambitieuse ainsi que des mesures chiffrées, un calendrier de mise en œuvre rapide et des moyens financiers adaptés aux enjeux.
Monsieur le Président de la République, plus que nous, nos concitoyens comptent sur vous.
Olivier Salleron, Président de la FFB
Loïc Cantin, Président de la FNAIM
Pascal Boulanger, Président de la FPI
Grégory Monod, Président du Pôle Habitat FFB
Yannick Borde, Président de PROCIVIS
Danielle Dubrac, Présidente de l’UNIS