Immobilier neuf : permis de construire : vrai redémarrage ou simple sursaut ?
En avril 2025, les permis de construire sont repartis à la hausse, d’après les chiffres officiels. Une embellie qui ne convainc personne dans un secteur toujours plombé par des vents contraires persistants. Derrière la hausse des autorisations, la crise de fond reste bien ancrée.

En avril 2025, les permis de construire sont repartis à la hausse, d’après les chiffres officiels. Une embellie qui ne convainc personne dans un secteur toujours plombé par des vents contraires persistants. Derrière la hausse des autorisations, la crise de fond reste bien ancrée.
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Le secteur de la construction neuve a connu un sursaut inattendu en avril 2025, avec une nette progression des autorisations de logements. Une embellie qui, bien qu'encourageante à court terme, ne suffit pas à masquer une crise structurelle plus profonde qui secoue l'immobilier neuf depuis plus de deux ans.
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Un rebond mensuel spectaculaire mais encore fragile
Selon les données publiées le 28 mai par le ministère de l'Aménagement du territoire, 34 500 logements ont été autorisés à la construction en avril 2025, soit une hausse de 12,5 % par rapport à mars. Ce dynamisme est largement porté par le segment des logements collectifs ou en résidence, en progression de 22,7 % (23 900 unités). En revanche, les logements individuels reculent de 5,1 % pour atteindre 10 700 unités.
Toutefois, cette hausse mensuelle reste à relativiser. En comparaison annuelle, le secteur affiche toujours une baisse de 4,9 % : entre mai 2024 et avril 2025, 341 800 permis ont été délivrés, soit 17 500 de moins que sur la période précédente. Pire, le nombre d'autorisations reste 26 % en dessous du niveau pré-crise sanitaire, en données corrigées des variations saisonnières.
Les mises en chantier de logements neufs en légère progression annuelle
Du côté des logements effectivement lancés, 24 100 chantiers ont débuté en avril 2025, en hausse de 3,3 % sur un mois. Là encore, les chiffres annuels donnent un éclairage plus nuancé : sur douze mois, 291 000 logements ont été mis en chantier, soit une hausse modérée de 2,2 % par rapport à l'année précédente, mais 25 % de moins qu'avant la crise sanitaire.
Les évolutions sont contrastées selon les segments : les logements collectifs ou en résidence enregistrent une hausse significative des mises en chantier : + 11,8 %, tandis que les logements individuels reculent de 11,1 %.
Un contexte toujours tendu pour la construction
Malgré les signaux positifs d'avril, les professionnels du secteur restent prudents. « Je ne vois pas d'amélioration. Nous avons moins de réservations et nous déposons moins de permis pour des opérations dites classiques », constate Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), interrogé par l'AFP. Pour lui, la hausse actuelle des autorisations s'expliquerait avant tout par des projets destinés au logement social vendus l'an dernier.
Le ralentissement de la construction depuis 2021 est attribué à plusieurs facteurs : augmentation des coûts de construction, hausse des taux d'intérêt qui freine l'accès au crédit pour les ménages, et disparition progressive des incitations à l'investissement locatif. Résultat : de nombreux projets restent bloqués ou sont purement abandonnés, la plupart du temps pour des raisons économiques.
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Une réponse réglementaire pour relancer la production
Face à cette situation, le gouvernement a récemment pris une mesure très attendue par la profession : la prorogation exceptionnelle des permis de construire. Publié au Journal Officiel le 27 mai, un décret prolonge les autorisations délivrées entre le 1er janvier 2021 et le 28 mai 2024. Une initiative saluée comme un véritable bol d'air pour les promoteurs confrontés à des obstacles administratifs répétés.
Les permis accordés entre janvier 2021 et mai 2022 bénéficient ainsi d'un délai supplémentaire d'un an, tandis que ceux délivrés entre mai 2022 et mai 2024 voient leur durée de validité portée automatiquement à cinq ans, sans nécessité de demander un renouvellement.
Cette mesure concrétise un engagement pris par Valérie Létard, ministre du Logement, en mars dernier lors du MIPIM, le grand salon international de l'immobilier. « Faciliter la reprise des chantiers et la production de logements », tel est l'objectif clairement affiché. Une mesure simple, sans coût supplémentaire, qui évitera surtout aux professionnels d'être « tributaire du bon vouloir des élus locaux qui avaient tendance à refuser les prorogations de délai à l'approche des élections municipales », selon le promoteur Norbert Fanchon.
Vers une relance durable ou simple répercussion de l'effet d'anticipation du seuil 2025 de la RE 2020 ?
Alors que la pénurie de logements persiste en France, la légère remontée des autorisations en avril et la décision gouvernementale de prolonger les permis constituent des signes d'espoir. Mais le chemin vers une relance pérenne du secteur immobilier reste semé d'embûches. Cette remontée ne serait-elle pas non plus une simple répercussion d'un effet d'anticipation de certains acteurs afin de se soustraire au seuil 2025 de la RE 2020, plus contraignante pour le logement collectif depuis le 1er janvier dernier. A voir maintenant si le sursaut d'avril 2025 sera réellement le début d'un renversement de tendance.