A peine plus d'un an après sa nomination, Olivier Klein, ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires chargé de la Ville et du Logement, n'est pas reconduit à son poste et quitte même le gouvernement. L'ancien maire de Clichy-sous-Bois est remplacé par deux nouveaux entrants : Patrice Vergrite qui devient ministre délégué en charge du Logement et Sabrina Agresti-Roubache, nommée secrétaire d'Etat chargée de la Ville.
C'est donc Patrice Vergriete, 55 ans, maire divers gauche de Dunkerque dans le Nord depuis 2014, qui a été nommé ministre délégué au Logement dans le troisième gouvernement d'Elisabeth Borne.

Patrice Vergriete, un maire bâtisseur à la tête du logement

Expert en urbanisme et aménagement du territoire, Patrice Vergriete s'est forgé un parcours académique prestigieux. Après des études scientifiques au lycée Louis-le-Grand, il intègre l'école Polytechnique, devenant ainsi ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, ainsi que docteur en aménagement. Sa carrière professionnelle débute à l'OCDE, mais il décide ensuite de se consacrer à la politique et rejoint les cabinets de Martine Aubry et de Claude Bartolone, où il travaille notamment sur des dossiers liés aux Grands Projets de Ville et à la politique de renouvellement urbain.
Engagé politiquement à gauche, Patrice Vergriete remporte les élections municipales de mars 2014 à Dunkerque face à Michel Delebarre, maire durant 25 ans, alors qu'il était son adjoint. Durant son premier mandat, Dunkerque se distingue par des innovations majeures en matière urbaine et de mobilité, notamment avec la politique de gratuité des transports publics et le développement des aménagements cyclables. Depuis 2020 et sa réélection, le nordiste s'attache à faire de Dunkerque un modèle de ville durable et un territoire d'innovation et de décarbonation industrielle. C'est d'ailleurs pourquoi il a reçu à plusieurs reprises le président Macron en visite officielle. En 2020, Patrice Vergriete prend la présidence de l'association « France Ville durable », qui vise à rassembler toutes les parties impliquées dans la construction de villes durables et résilientes.

Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'Etat à la ville

Si on dit de lui que c'est « assurément » un spécialiste de la politique de la ville, il n'a pourtant pas obtenu ce portefeuille. En effet, les compétences ville et logement détenues jusqu'ici par un ministre unique, Olivier Klein, sont désormais scindées en deux dans cette nouvelle version du gouvernement Borne. La Marseillaise et député Renaissance des Bouches-du-Rhône, Sabrina Agresti-Roubache, proche du couple présidentiel, a ainsi été nommée secrétaire d'Etat chargée de la Ville, rattachée à la fois au ministère de l'Intérieur et au ministère de la Transition écologique.
A voir maintenant si Patrice Vergriete, grand politicien par la taille, il mesure deux mètres, numéro un à la tête de sa ville et de la communauté urbaine de Dunkerque, depuis bientôt dix ans, va parvenir à travailler sous la coupe de Christophe Béchu, qui, lui, est maintenu dans son poste de ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, dont dépendra le ministre délégué au Logement.
Si l'image de maire bâtisseur de Patrice Vergriete semble rassurer, à première vue, les élus, la division du portefeuille ville et logement, en deux, inquiète déjà. D'autant plus après les récentes émeutes urbaines et alors que l'immobilier neuf traverse une forte crise depuis plusieurs mois. 

Patrice Vergriete et Sabrina Agresti-Roubache à la tête du Logement et de la Ville, les premières réactions

La nomination de nouveaux ministres au poste de ministre délégué au Logement et secrétaire d'Etat en charge de la Ville n'a pas manqué de faire réagir. L'officialisation du dernier gouvernement Borne n'avait pas encore eu lieu que déjà la CNL, la Confédération Nationale du Logement, publiait un communiqué pour réclamer un réengagement fort de l'Etat dans le logement social et les quartiers, alors que « les quartiers se sont embrasés » et que « la lutte contre la crise du logement constitue dès lors un enjeu majeur pour restaurer dans notre pays un véritable pacte social et républicain ». Face à « de nombreux foyers fragilisés par l'inflation, la hausse des loyers et du coût de l'énergie », la CNL demande à être rapidement reçus par les deux nouveaux ministres, afin que « le logement ne soit plus réduit à une notion comptable ».

Sur Twitter, Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du Logement, devenue depuis présidente de l'Union Sociale pour l'Habitat, a pris acte de la nomination de Patrice Vergriete, « attendant soutien et détermination pour défendre le logement social et la transition écologique des bâtiments », regrettant en revanche, que le ministère de la Ville soit rattaché au ministère de l'Intérieur, parlant même d'un « signe politique grave ». « Après les émeutes et le nécessaire retour à l'ordre, c'est d'éducation, d'emploi, de sécurité de proximité et d'égalité dont les habitants des quartiers ont besoin », s'est indigné la représentante des bailleurs sociaux.
Du côté de la FPI, Fédération des Promoteurs Immobiliers, Pascal Boulanger, son président, a salué dans un communiqué la nomination de Patrice Vergriete, « un maire ancré dans la réalité des territoires, parfaitement éclairé » mais qui, le président de la FPI l'espère, « au regard du développement économique fulgurant de sa ville, déploiera la même énergie au niveau national pour juguler la crise du logement avec des mesures puissantes et rapides, à la hauteur des enjeux ». Pascal Boulanger prévient que sa première question aux deux nouveaux ministres sera « veut-on encore construire en France ? » car « l'heure n'est plus à une approche comptable de la politique du logement mais à des décisions politiques courageuses pour redonner les moyens à nos concitoyens de se loger décemment ».