Permis de construire et chantiers en chute libre : jusqu'où ira la crise ?
Les signaux d’alerte se multiplient pour le logement neuf : le marché de la construction neuve poursuit sa chute libre en mai 2025, selon les derniers chiffres du ministère du Logement. Permis de construire et mises en chantier s'effondrent, éloignant encore la perspective d’un redémarrage.

Les signaux d’alerte se multiplient pour le logement neuf : le marché de la construction neuve poursuit sa chute libre en mai 2025, selon les derniers chiffres du ministère du Logement. Permis de construire et mises en chantier s'effondrent, éloignant encore la perspective d’un redémarrage.
Trouvez un logement neuf en 3 clics !
Où cherchez-vous ?
- Pour habiter
- Pour investir
- Terrains
Une nouvelle fois, les indicateurs de la construction neuve décrochent. En mai 2025, les données dévoilées par le ministère du Logement confirment une nouvelle plongée de l'activité, signe d'un enlisement durable du secteur. En chute libre, les autorisations comme les mises en chantier poursuivent leur repli, atteignant des niveaux historiquement bas, bien en deçà de ceux observés avant la crise sanitaire.
Gratuit, téléchargez notre guide
“ Acheter un logement neuf : mode d'emploi ”
- Les avantages du neuf
- Comment financer un logement neuf
- Achat en VEFA, mode d'emploi
Permis de construire : des autorisations de logements neufs toujours en net repli
Le mois de mai 2025 marque un recul significatif des autorisations de construire. Avec 31 200 logements autorisés, le volume chute de 8 % par rapport à avril 2025. Plus inquiétant encore, ce niveau est 19 % inférieur à la moyenne mensuelle enregistrée avant la crise sanitaire, entre mars 2019 et février 2020. Ce constat illustre la difficulté persistante à relancer efficacement l'offre neuve, malgré les alertes répétées des professionnels du secteur.
Lire aussi - L'alerte de l'Alliance pour le logement en Ile-de-France
En détail, les logements collectifs et en résidence sont les plus touchés, avec 20 800 unités autorisées, soit 11,3 % de moins qu'en avril. Ils accusent un recul de 10 % par rapport à leur moyenne pré-Covid. Les logements individuels, quant à eux, apparaissent stables sur un mois ( 0,7 %), mais demeurent 33 % en deçà de leur niveau d'avant-crise.
Nouveaux programmes immobiliers en travaux : chute brutale des mises en chantier
Côté chantiers, la situation est tout aussi préoccupante. 20 100 logements ont été commencés en mai 2025, ce qui représente une baisse vertigineuse de 18,5 % en un mois, soit 4 500 unités de moins qu'en avril. Par rapport à la période pré-pandémie, le nombre de logements commencés affiche une chute de 37 %, selon les données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS CJO).
Les mises en chantier de logements collectifs ou en résidence plongent de 25,2 % à 10 900 unités, un niveau inférieur de 42 % à la moyenne observée avant mars 2020. Les logements individuels ne sont guère mieux lotis, reculant de 8,7 %, et restant 31 % sous leur niveau d'avant-crise.
Long terme : une tendance dégradée avec seulement 346 000 logements autorisés sur un an
Sur l'ensemble des douze derniers mois, la tendance confirme l'enlisement. De juin 2024 à mai 2025, 346 300 logements ont été autorisés, soit une baisse de 2,7 % par rapport aux douze mois précédents. Ce volume reste inférieur de 25 % à celui enregistré avant la crise sanitaire.
Les mises en chantier s'établissent à 284 200 logements, soit une légère hausse de 0,8 % sur un an, mais un recul de 27 % par rapport à la période 2019 2020. Ce décalage persistant entre les besoins en logement et la production effective alimente la crise du logement, notamment dans les zones tendues.
La maison individuelle reste toujours très pénalisée
Le segment du logement individuel reste en difficulté structurelle. Sur un an, les autorisations de logements individuels chutent de 5,2 %, pour atteindre 120 000 unités. Ce chiffre est inférieur de 36 % à celui d'avant-crise. Dans le détail, les logements individuels dits "purs" reculent de 8,4 %, tandis que les logements groupés progressent légèrement (+ 1 %).
Les mises en chantier suivent une trajectoire similaire : en baisse de 8,8 % sur un an, avec un total de 106 100 logements commencés. Les logements individuels purs s'effondrent de 18,4 %, tandis que les groupés progressent de 14,1 %.
Besoin d’un crédit immobilier ?
Comparez gratuitement les offres de plus de 100 banques pour votre projet immobilier
Légère résilience dans le collectif en résidence services
Seule note (relativement) positive : le segment du logement collectif en résidence services montre quelques signes de résilience. Les autorisations dans ce secteur progressent de 11,2 % sur un an, tandis que les mises en chantier augmentent de 7,6 %. Ce regain est cependant insuffisant pour compenser la tendance générale à la baisse.
Une crise profonde et durable pour l'immobilier neuf
Ces chiffres confirment une chose : la crise de la construction neuve ne relève plus d'un simple passage à vide. Il s'agit d'un décrochage durable, alimenté par de multiples blocages : inflation du coût du foncier, normes de construction toujours plus contraignantes, des taux d'intérêt élevés, baisse de la solvabilité des ménages et frilosité des collectivités locales à délivrer des permis de construire.
Pour les acteurs du secteur, promoteurs, constructeurs et collectivités, le défi est désormais de relancer l'appareil productif, alors même que la demande de logements reste forte dans de nombreuses zones tendues.
Faute de mesures structurelles : un signal fort de l'État pour relancer l'investissement locatif ou pour simplifier les procédures par exemple et d'un choc de confiance, le risque est grand de voir s'installer une pénurie de logements neufs, dont les effets se feront sentir sur l'ensemble de la chaîne immobilière, de l'accession à la location mais aussi avec des conséquences lourdes sur l'emploi dans le bâtiment et l'attractivité des territoires. L'urgence est là. Reste à savoir si une véritable réponse politique suivra enfin.