- Quelle satisfaction retirez-vous de ce succès lors de la 20e édition des Pyramides d'Or avec le bâtiment Hana du quartier Joïa Méridia de Nice ?

« La satisfaction résulte d'une grande fierté, tant pour les équipes de Pitch Immo que pour tous nos partenaires impliqués dans ce projet. Je crois que ce futur immeuble emblématique revêt aussi une importance considérable non seulement pour la ville de Nice et l'EPA de Nice EcoVallée, mais également pour les habitants de ce quartier et pour tous les Niçois. 
Je suis convaincu que, à l'avenir, la réalisation de cet immeuble, devenu iconique, restera ancrée dans les mémoires. Il sera le symbole architectural des années 2020. La signature distinctive de l'architecte japonais, Sou Fujimoto, est remarquable, et il démontre la capacité qu'il a eu à s'adapter, notamment en période de crise et face à l'augmentation des coûts de construction. Nous avons réussi à trouver des solutions grâce à une collaboration fructueuse, afin de concrétiser l'immeuble tout en préservant son dessin initial. Le projet avait un départ prometteur avec un dessin exceptionnel, et c'est fantastique, puis la mise en oeuvre a nécessité un travail acharné pour sélectionner les matériaux appropriés, tout en maintenant des coûts raisonnables pour s'inscrire dans l'équation budgétaire du promoteur que nous sommes. Bien que la situation soit difficile en ce moment, nous nous investissons tous pour y parvenir. »

 

- C'est un projet de longue haleine, les premières esquisses dataient de 2018. Où en est-on aujourd'hui ?

« En effet, la victoire dans ce concours remonte à 2018. Ensuite, il y a eu toute la phase de montage avec l'EPA EcoVallée et la ville de Nice. Ce projet se situe dans la plaine du Var, une zone sujette à une possible montée rapide des eaux du cours d'eau. Cela a posé des problèmes, notamment en ce qui concerne les parkings en sous-sol et entraîné quelques retards au démarrage. Toutefois, aujourd'hui, plus de 7 grues sont pleinement opérationnelles sur le chantier. L'immeuble Hana, devenu emblématique, émerge du sol. La livraison est prévue pour la mi-2025. Puis, paradoxalement, bien qu'il ait été conçu il y a longtemps, il répond aux normes environnementales actuelles, la RE2020. Comme nous étions en avance à l'époque en matière de réglementation environnementale, nous l'avons juste adapté. Ainsi, lors de la livraison, nous respecterons les normes actuelles des dépôts de permis de construire. »

 

- En quoi c'est important pour un promoteur dans un groupe comme le vôtre, le Groupe Altarea, de participer à de tels concours ?

 

« C'est important à plusieurs titres. D'abord, du point de vue des équipes, c'est gratifiant, c'est un défi. Nous réalisons des projets exceptionnels pour nos clients, et il est normal d'être récompensé à un certain point pour cela. De plus, pour l'image de Pitch Immo, c'est un moyen de se faire connaître en collaborant avec des architectes et des villes afin de concrétiser des projets remarquables. Ainsi, sur chaque projet, nous nous efforçons d'atteindre l'excellence que ce soit dans toutes sortes de domaines : l'architecture, le réemploi, la performance environnementale..., comme dans les différentes catégories de ce concours. C'est véritablement l'essence même d'une entreprise. Si nous aspirons à maintenir notre position de leader, nous devons relever des défis sur différents aspects, que ce soit sur le plan technique, environnemental ou architectural. C'est un défi stimulant, d'autant plus que nous avons constaté une concurrence intense lors de cette édition. Dans un contexte de crise, cela revêt une importance accrue. »

 

- Quid de se lancer dans de tels défis justement dans ce contexte difficile pour la promotion immobilière ?

 

« Tous les projets présentés ici ont une certaine ancienneté, je dirais même qu'ils relèvent un peu de l'ancienne économie. C'était l'époque où lorsque l'on remportait des concours et autres appels d'offres, si les coûts techniques étaient un peu plus élevés au final, nous compensions par la suite sur le prix de vente. Aujourd'hui, cette approche n'est plus viable. Il faut être très prudent et veiller à ce que les coûts techniques ne flambent pas. Heureusement, l'inflation semble se stabiliser. En prenant des précautions sur les coûts techniques, nous espérons les maintenir à un niveau raisonnable. Toutefois, nous constatons encore une baisse des prix de vente conséquemment à la hausse des taux d'intérêt. Ainsi, en amont, nous prenons encore davantage de précautions dans l'élaboration de nos bilans pour nous assurer que la marge sera au rendez-vous lorsque nous concrétiserons le projet dans 2 ou 3 ans. Nous avons modifié notre perspective et sommes beaucoup plus prudents à cet égard. Lorsque nous abordons un concours, nous examinons attentivement tous les critères pour voir si nous pouvons y répondre. Il est d'ailleurs possible que les éditions 2025, 2026 et 2027 du concours des Pyramides soient différentes, alors que l'année actuelle a battu tous les records en termes de nombre de dossiers soumis. »

 

- Comment navigue-t-on en ce moment chez Pitch Immo face au contexte du marché ?

 

« Que ce soit chez Pitch Immo ou dans le groupe Altarea, pour ce qui est de l'activité en résidentiel, nous avons décidé de minimiser autant que possible le stock ancien en procédant à des décotes significatives pour faciliter les ventes. L'objectif est d'adapter la capacité de financement des ménages. En effet, avec la hausse des taux d'intérêt, le pouvoir d'achat des ménages a diminué, et pour encourager l'accession à la propriété, nous avons réduit nos prix. Bien que le volume de logements vendus aux particuliers n'ait pas atteint les niveaux des années précédentes, les ventes au détail ont enregistré une baisse de 14 % au troisième trimestre 2023 chez Pitch Immo, une diminution moins marquée que celle observée sur le marché global. En fin de compte, c'est une performance notable par rapport à l'année précédente, vu les conditions du marché.

Cependant, nous considérons que c'est la bonne stratégie pour repartir sur de nouvelles bases avec un stock neuf conforme à la nouvelle économie immobilière en 2024, axée sur des logements plus abordables. Nous entendons rendre le logement plus accessible à tous les niveaux de prix, adapté à la clientèle et aux différentes gammes tarifaires. Cette année, de nouvelles opérations ont été lancées en respectant ces critères, car je suis convaincu qu'une entreprise saine doit générer des bénéfices. Dans le domaine de la promotion immobilière, cela revêt une importance primordiale étant donné les risques commerciaux, techniques et administratifs que nous prenons. 

Nous envisageons que, éventuellement, le gouvernement pourrait apporter son soutien à terme, bien que ce ne soit pas imminent, et nous ne comptons pas dessus dans les mois à venir. Nous sommes convaincus qu'il existe un besoin réel de logements de différentes catégories, qu'il s'agisse de logements sociaux, libres ou intermédiaires. A un moment donné, pour augmenter le volume, il sera nécessaire de faire bénéficier aux acquéreurs d'aides d'accompagnement. Même si nous ne pourrons plus atteindre, dans l'immédiat, le niveau record des années fastes de 2018-2019, il va falloir faire mieux que 80 000 logements, chiffre qui est loin d'être suffisant pour répondre aux besoins en logements en France. »