Le marché de l'immobilier neuf en France traverse une période sombre, marquée par une série de chiffres alarmants récoltés par le cabinet Adéquation qui témoignent d'une chute significative de l'activité. Les quatre premiers mois de 2024 montrent une tendance baissière inquiétante, mettant en lumière une crise profonde dans ce secteur pourtant essentiel de l'économie. Au terme de ce printemps de l'immobilier, les difficultés se multiplient.

Une baisse drastique des réservations par les particuliers

La tendance générale du marché de l'immobilier neuf est en recul, avec une diminution de 30 % du nombre de logements réservés par les particuliers. Cette baisse significative est le reflet d'un désintérêt croissant pour les nouvelles constructions, dû à une combinaison de facteurs tels que l'inflation, la hausse des taux d'intérêt et une incertitude économique persistante. Les acheteurs potentiels semblent se détourner des nouveaux projets immobiliers, ou reporter leur achat dans l'attente de jours meilleurs.

L'investissement locatif de plus en plus en berne

Le nombre de logements réservés par des investisseurs particuliers s'établit à 5 000 unités pour les quatre premiers mois de l'année. Ce chiffre est inférieur au volume mensuel moyen enregistré en 2019, dernière année considérée comme plus dynamique pour l'investissement immobilier. Cette chute révèle un manque de confiance des investisseurs, qui sont pourtant des acteurs clés pour soutenir et dynamiser le marché.

La part des ventes réalisées auprès des investisseurs est également en baisse, représentant seulement 31 % des transactions en 2024, contre 47 % en 2021. Cette diminution montre que les investisseurs se font rares, impactant négativement le financement et le lancement de nouveaux projets. Les promoteurs n'atteignant plus leur seuil de pré-commercialisation imposé par les établissements bancaires, entre 40 et 50 % actuellement, ils abandonnent toujours plus de projets. Avant même d'abandonner des projets, le nombre de mises en vente recule également fortement.

Une offre de logements neufs en forte diminution

Depuis le 1er janvier 2024, seulement 15 000 logements ont été mis en vente. Ce volume est en baisse de 45 % par rapport aux quatre premiers mois de 2023. Cette diminution drastique de l'offre de nouveaux logements est un indicateur critique des difficultés que rencontre le secteur de la promotion immobilière.

Les promoteurs sont de moins en moins enclins à lancer de nouveaux projets, en raison de la baisse de la demande, des coûts de construction élevés et des contraintes administratives de plus en plus strictes pour obtenir des permis de construire. Cette situation entraînera vraisemblablement une pénurie de logements neufs dans les années à venir, aggravant encore la crise de l'immobilier. Moins de mises en vente et davantage d'abandons de projets, c'est d'ores et déjà moins de logements neufs mis en chantier.

Des commencements de construction au plus bas depuis 20 ans

Le nombre de logements commencés en France Métropolitaine sur les douze derniers mois s'élève à 283 000, le chiffre le plus bas enregistré depuis plus de vingt ans. Ce niveau historiquement bas de nouvelles constructions souligne une crise structurelle dans le secteur de l'immobilier neuf. Les causes sont là encore multiples : difficultés de financement, hausse des coûts des matériaux, une réglementation de plus en plus contraignante...

Des perspectives de plus en plus incertaines

Face à ces chiffres noirs, les perspectives pour le marché de l'immobilier neuf en 2024 restent plus que difficiles à établir. Les acteurs du secteur, des promoteurs aux investisseurs, en passant par les acheteurs particuliers, doivent naviguer dans un environnement économique complexe et volatil. Pour relancer le marché, des mesures incitatives semblent plus que nécessaires, telles que des aides à l'achat pour les particuliers, des incitations fiscales pour les investisseurs et des simplifications administratives pour les promoteurs. Reste que pour l'heure, le gouvernement ne semble vouloir qu'aider à relancer l'offre et non soutenir la demande. Lire aussi - Crise du logement : le Sénat approuve des textes clés pour réguler le logement
Ce printemps 2024 se caractérise donc par des signes inquiétants pour l'immobilier neuf dans l'hexagone. La baisse des réservations, tant des particuliers que des investisseurs, la chute de l'offre de nouveaux logements et le nombre historiquement bas de constructions commencées dessinent un tableau plus que sombre pour le secteur.